Officiellement, les Ivoiriens se rendront aux urnes le samedi 31 octobre 2020, pour élire leur nouveau Président de la République (Alassane Ouattara, le Président sortant, ayant décidé de se retirer).

A 5 mois de cette échéance, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti au pouvoir, connaît une succession de situations de crises internes qui, si l’on n’y prend garde, risqueraient de le fragiliser à l’arrivée.
En effet, le parti est profondément fracturé. Outre la crise liée à la désignation du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly comme successeur à Alassane Ouattara, et qui a refroidi de hauts cadres du parti comme Albert Mabri Toikeusse et Marcel Amon Tanoh, la crise gagne les Coordinations régionales. C’est le cas de la région du Loh Djiboua, le Tonkpi ou encore le département de Grand-Bassam.

La crise dans la région du Tonkpi (Man) est la plus ancienne et oppose les partisans d’Albert Mabri Toikeusse à ceux de l’ex-ministre Albert Flindé. Les deux clans semblent s’être partagé la région. Mabri Toikeusse et ses proches contrôlent le département de Man et une bonne partie de celui de Danané. Quand Albert Flindé, concentre l’essentiel de ses forces à Danané. Le département de Biankouma lui, échappe encore à tout contrôle de ces deux. Encore trop nostalgique de la période de son fils le Général Robert Guéï, ce département reste encore indécis. Toutes ces situations plombent sérieusement les activités du Rhdp dans la région.

Dans la région du Loh Djiboua, la guerre fait rage entre le ministre Amédée Kouakou, Coordinateur régional et Famoussa Coulibaly, un de ses associés, et non des moindres. Famoussa Coulibaly est le député de Divo commune. Candidat indépendant en 2016 face à un candidat RHDP, il avait remporté le scrutin après deux tours, avant de donner sa victoire au RHDP. Amédée Kouakou est le Maire de la commune. À son élection en octobre 2018, Famoussa Coulibaly était son principal adversaire. Un scrutin qui avait été émaillé par des violences. Aujourd’hui, après une période d’accalmie, c’est une toute autre affaire qui les oppose. Amédée Kouakou a suspendu Famoussa Coulibaly de ses fonctions de coordinateur régional associé, pour « avoir été nommé par le président de l’UDPCI Albert Mabri Toikeusse, en qualité de Directeur de cabinet. La loi ivoirienne ne permet pas que l’on milite dans deux partis à la fois », explique le communiqué de mise en congé. Famoussa Coulibaly n’a pas encore réagi officiellement. Mais, nul doute que c’est la hache de guerre qui est ainsi déterrée entre ces deux têtes fortes du Rhdp dans le département de Divo.

À Grand-Bassam, la situation n’est pas plus reluisante. Dr Désiré Ehui, désigné Coordonnateur départemental du RHDP, est fortement contesté par une bonne partie des responsables locaux du parti. Cette fronde est menée par Amidou Sanogo, délégué départemental du RDR. Au cours d’une rencontre avec des associations féminines en février 2020, il n’avait pas hésité à qualifier le Dr Ehui Désiré d’arriviste. « Il était où aux heures chaudes ? Ces heures où nous étions dans les braises. Nous ne le reconnaîtrons jamais comme notre coordinateur », avait-il prévenu. Pourtant, le Dr Ehui bénéficie de la confiance d’Adama Bictogo, Directeur exécutif du Rhdp.. Dans toute la région du Sud-Comoé, les cadres sont divisés. Ils sont partagés entre pro-Duncan, pro-Amon Tanoh et pro-Amadou Gon.

La rédaction APRNEWS
Anne-Marie Kacou