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Côte d’Ivoire : Ouattara, Bédié, sa candidature en 2020, (…) Billon dit tout !

Aprnews - Jean Louis Billon - PDCI RDA - Interview - Actualité - Abidjan - Côte d'Ivoire
Mercredi, 11 mars 2020

Côte d’Ivoire : Ouattara, Bédié, sa candidature en 2020, (…) Billon dit tout !

Dans cette interview accordée à Rfi, le mercredi 11 mars 2020, Jean-Louis Billon, carde du Pdci-Rda, a fait un tour horizon de l’actualité politique nationale. De la décision du président Ouattara de ne pas briguer un 3e mandat, l’éventuelle candidature de Bédié en 2020 les rumeur sur sa volonté de porter les couleurs du Pdci à la présidentielle, affaire nouvelle génération, Jean-Louis Billon a répondu çà tout.

Avez-vous été surpris par la décision du Président Alassane Ouattara ?

Surpris ? pas vraiment ! Je pense qu’il avait médité sur cette décision depuis un bon moment. Ce qu’il y a de bien, c’est que ça met fin au débat qu’il y avait dans le pays par rapport à la faisabilité d’un troisième mandat ou pas. Ce débat étant clos, nous pouvons passer à autre chose.

Pourquoi renonce-t-il, à votre avis ?

Honnêtement, je pense que deux mandats, c’est long. C’est exigeant, une fonction au plus haut niveau. Il respect l’esprit de la limitation des mandats. Parce-que ce le tout n’est pas de vouloir faire un troisième mandat. Il y a l’usure du pouvoir et la fonction présidentielle est extrêmement exigeante. Rester performant aussi longtemps, c’est extrêmement difficile. Il faut donc que le sang se renouvelle au sommet de l’Etat. Et je salut sa décision qui a le mérite de privilégier le renouvellement de la classe politique.

“Le Président a libéré tout le monde“, a réagit la député Pdci, Véronique Aka …

Oui ! Parce-que, s’il avait décidé de faire un troisième mandat, il y aurait eu beaucoup de suspicions. Parce qu’un Président sortant qui veut faire un troisième mandat, ne va pas aux élections pour perdre. Il y aurait donc eu beaucoup de doutes quant à la transparence des élections.

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« Il s’agit pour nous de faire partir le Rhdp et de faire venir le Pdci »

Fini le front anti-Ouattara. Est-ce que la décision du Président ne vous retire pas un argument de campagne en vue d’octobre prochain ?

Non, la bataille politique reste la même. Il s’agit pour nous de faire partir le Rhdp et de faire venir le Pdci au pouvoir. Donc, les acteurs peuvent changer, mais le combat politique reste le même.

Oui, mais ce ne sera plus le poids-lourd Alassane Ouattara …

Certes, mais il y a un système qui se met en place. Aujourd’hui-même, ils sont en train de faire passer une nouvelle Constitution, sans qu’elle ait été, au préalable, discutée par l’ensemble des ivoiriens et des forces politiques en présence. Il y a quant même aujourd’hui un changement voulu par les ivoiriens.  Et le Pdci incarne ce changement.

La modification constitutionnelle que propose le pouvoir, c’est que le désormais le vice-Président ne sera plus élu sur un ticket. Mais il sera désigné par le Président élu. Est-ce vraiment très important ?

Ce n’est pas tant l’importance des changements qui est en cause. C’est la manière. Voyez-vous, on ne change pas la loi fondamentale tout seul dans un coin. Nous ratons encore une fois l’occasion de réunir les ivoiriens.  Une occasion de se réconcilier autour d’un texte-fondateur qui est la Constitution.

« Le Fpi est un parti politique qui aspire aussi à la gestion du pouvoir d’Etat »

Qui sera, à votre avis, à présent le candidat du Rhdp ?

Je ne sais pas. On nous parle du Premier ministre (Amadou gon Coulibaly. Ndlr). D’autres nous parlent du ministre de la défense (Hamed Bakayoko. Ndlr), d’autres encore parlent du ministre des affaires étrangères (Marcel Amon Tanoh. Ndlr). Je pense que les candidats ne manquent pas de leur côté.

Y’aura-t-il une alliance dès le premier tour entre le Pdci et le Fpi de Laurent Gbagbo ?

Je ne peux pas vous répondre aujourd’hui. Le Fpi est un parti politique qui aspire aussi à la gestion du pouvoir d’Etat.  Aura-t-il un candidat ou pas. Nous ne le savons pas pour l’instant. Mais, nous sommes dans une alliance avec une bienveillante attention l’un envers l’autre.

Peut-il y avoir alliance aussi avec Guillaume Soro ?

Guillaume Soro fait déjà partie de notre plateforme. Donc, l’union des forces de l’opposition est aujourd’hui un fait.

“Je m’en vaIs parce qu’il faut laisser la place à une nouvelle génération“, dit le Président Ouattara. Est-ce que vous êtes d’accord avec lui ?

Oui, je suis d’accord avec lui. De toutes les façons, fort heureusement, la vie nous emmène toujours à connaître une nouvelle génération. Et la nouvelle génération va arriver de fait en Côte d’Ivoire. Il est donc normal que la Côte d’Ivoire connaisse une nouvelle génération d’acteurs politiques, de dirigeants, et nous nous préparons.

Cette réflexion vaut-elle aussi pour votre parti le Pdci ?

Bien-sûr ! Le Pdci est en train de constituer une équipe. Le Président Félix Houphouët-Boigny, en se retirant avait dit une chose précise, « après moi, ce sera une équipe ». Le Pdci pense “équipe“. C’est donc une équipe qui va arriver. Et dans celle-ci, la nouvelle génération sera fortement présidente.

A 86 ans, le Président du Pdci Henri Konan Bédié ne cache pas son envie d’être candidat. Qu’en pensez-vous ?

C’est son droit. La Constitution a éliminé la limitation d’âge. Certains s’étaient offusqués. La loi est passée quant même. Donc à partir du moment où il n’y a plus de limitation d’âge, tout le monde peut se présenter. Au niveau du Pdci, nous allons avoir une convention de désignation de notre candidat. Et la convention décidera.

« Quand le Président Ouattara parle de nouvelle génération, je ne vois pas dans son parti, cette nouvelle génération … »

Alassane Ouattara a dit ceci : « cette année, j’aurai 78 ans. Ce que l’on peut faire à 68 ans, on ne peut plus le faire à 78 ans, à plus forte raison, à 86 ans. Est-ce que vous partagez cet avis ?

Ecoutez, je ne suis pas dans ces régions de tranches d’âge encore. Donc, je ne peux pas parler à la place des anciens.

Justement, vous, vous avez 55 ans. Est-ce que vous êtes candidat à la candidature pour la convention de la mi-juin pour le Pdci ?

Permettez-moi de réserver cette réponse aux militants du Pdci. Mais, ce que je peux vous dire par rapport à la nouvelle génération, en ce qui me concerne, c’est que nous ne la voyons pas seulement en âge. Mais également en vision, en éthique et en gouvernance. Alors, quand le Président Ouattara parle de nouvelle génération, je ne vois pas dans son parti, cette nouvelle génération qui constituerait un nouveau logiciel pour la Côte d’Ivoire.

Si Alassane Ouattara renonce, alors la plupart des candidats auront moins de 65 ans. Alors, si Henri Kona Bédié est candidat, ne va-t-il paraître comme le seul ancien ?

Mais, j’ai l’impression que vous avez déterminé la candidature du président Bédié. Laissez-le déterminer son choix et laissez le parti décider. En ce moment-là, on se reparlera.

« Le président Bédié prépare son parti et ses équipes à diriger la Côte d’Ivoire »

C’est la convention qui décidera à la mi-juin …

Oui, la Convention mais surtout les militants.

Mais on voit bien dans les déclarations de Henri Konan Bédié, à Jeune-Afrique notamment, qu’il a une revanche sur l’histoire et qu’il va être candidat …

Je ne crois pas qu’il faille penser revanche. Le président Bédié prépare son parti et ses équipes à diriger la Côte d’Ivoire. Il n’y a pas d’esprit de revanche là-dedans.

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Vous parlez d’une nouvelle génération dans l’âge et dans l’esprit. Est-ce que vous vous sentez prêts à assumer de telles responsabilités ?

Toute l’équipe du Pdci dont je fais partie, se sent déjà prête à assumer les responsabilités.

Et vous, personnellement ?

Comme d’autres, oui !

« Bien-sûr, nous prônons le rajeunissement du parti »

Vous dites “comme d’autres“. Mais, dans votre parti, beaucoup de gens de votre génération ont rallié le Rhdp d’Alassane Ouattara.  Vous êtes l’un des rares à être restés aux côtés d’Henri Konan Bédié. Cela ne vous emmène-t-il pas à vouloir prendre vos responsabilités ?

En toute honnêteté, nous ne regardons pas ceux qui sont partis. Ils ont leurs raisons. Il y en a qui sont partis par contraintes, d’autres par conviction. Mais, nous sommes restés au Pdci parce que nous avons cette idéologie qui appartient au Pdci. Celle du parti conservateur. Ce n’est pas pour un poste quelconque ou un avantage particulier. Nous défendons le Pdci. C’est le parti fondateur de la Côte d’Ivoire et nous sommes attachés à ses valeurs. Mais, nous sommes en démocratie. Ceux qui sont partis sont libres de partir. Vous savez, il y en a d’autres qui veulent revenir. La porte est ouverte.

En tout cas, j’imagine que la décision d’Alassane Ouattara donne des arguments aux gens comme vous qui disent qu’il faut rajeunir les cadres du Pdci, non ?

Bien-sûr, nous prônons le rajeunissement du parti. Nous y participons et nous comptons beaucoup de jeunes qui rentrent dans le parti pour une autre génération après la nôtre, également.

Depuis jeudi dernier (date de la décision de Ouattara. Ndlr), on peut dire que ceux qui prônent la candidature d’Henri Konan Bédié ont moins le vent en poupe que ceux qui prônent la candidature de quinquagénaire comme vous …

Non, pas encore. Ce débat n’est pas encore ouvert au niveau du Pdci. Il y a la décision du président Alassane Ouattara, le problème de la nouvelle Constitution mais il y a également d’autres facteurs qu’il faut prendre en compte. L’enrôlement, l’identification, le climat général va déterminer notre décision et notre stratégie.

Si Henri Konan Bédié est désigné par le parti pour être son candidat, est-ce que vous accepteriez d’être son vice-président en cas d’élection ?

(Rire). Écoutez, vous allez vite en besogne. Encore une fois, chez-nous au Pdci, nous raisonnons “équipe“.

En tout cas, Jean-Louis Billon, vous n’excluez pas d’être candidat à la candidature hein ?

Au niveau du Pdci, personne n’exclus quoi que ce soit.

La semaine dernière, le pouvoir a accordé à un siège à l’opposition parlementaire à la Commission électorale indépendante (Cei), en d’autres termes, au Pdci. Comment appréciez-vous ce geste ?

Le terme “accordé“, comme si c’était une faveur, montre à quel point cette Commission n’est pas si indépendante que ça. Si la Commission électorale n’est pas crédible, les élections futures ne seront pas crédibles. Il n’y a pas que la Commission. Il y a l’enrôlement, la liste électorale. Tout ça doit être teinté de crédibilité. Il ne s’agit pas d’un poste au niveau de la tête de la Cei.  Mais la déclinaison de cette Commission dans les différentes régions est déjà déséquilibrée. Donc, en réalité, on devrait se remettre autour d’une table de discussion pour remettre complètement à plat cette Cei.

Est-ce que vous espérez encore possible une élection transparente en octobre prochain ?

On l’espère toujours et il est souhaitable, pour éviter une crise dont les ivoiriens ne veulent pas du tout, et surtout pour la stabilité et le développement futur de la Côte d’Ivoire.

Et après le renoncement d’Alassane Ouattara, pensez-vous que c’est encore plus possible ?

Oui ! Et son renoncement devrait être accompagné d’une neutralité plus affirmée afin qu’il accompagne le processus électoral, en arbitre, au-dessus des partis politiques. Et qu’il se positionne cette fois-ci en père de la nation, et qu’il regarde le jeu démocratique se faire et féliciter le vainqueur, quel qu’il soit.

Jean-Louis Billon, la Présidence, vous y pensez en vous rasant le matin ?

(Éclat de rire). Je n’ai pas de réponse à votre question. (Éclat de rire).

Retranscrit par Jules Mabéha