Vous êtes ici

Back to top

Présentielle 2020, les forces et les faiblesses de Tidjane Thiam

Aprnews - Présentielle 2020, les forces et les faiblesses de Tidjane Thiam - Actualité - Abidjan - Cote d'Ivoire
Mardi, 16 juin 2020

Présentielle 2020, les forces et les faiblesses de Tidjane Thiam

En Côte d'Ivoire, l’élection présidentielle se tiendra le 31 octobre 2020, sauf cas de force majeure. Un scrutin auquel est annoncé avec insistance, la candidature du banquier ivoirien, Tidjane Thiam.
 

Selon ses proches, il tentera de décrocher l’investiture du PDCI, son parti d’origine, lors de la convention qui se tiendra dans le courant du mois de juillet 2020, à Yamoussoukro. La question à présent est de savoir s’il ferait un bon candidat pour un grand parti politique comme le PDCI, qui tient, coûte que coûte, à reprendre le pouvoir d’Etat cette année. 

Difficile de répondre à cette question par l’affirmatif. Pour cause ? Tidjane Thiam présente un gros handicap. Il n’est pas connu par la population ivoirienne. « Thiam ? Il n’est pas connu par le petit peuple. Il n’est connu que par les enfants de Cocody (la commune où vivent les hautes personnalités du pays. Ndlr) », ironisait récemment un patron de presse ivoirien.

En effet, l’homme de 58 ans (né le 29 juillet 1962 à Abidjan) a passé la majeure partie de sa vie entre l’Europe et les Etats-Unis. Il n’a réellement vécu en Côte d’Ivoire qu’entre 1994 et 2000. Il avait été appelé par le président Henri Konan Bédié, alors au pouvoir, pour être Directeur du plan, puis ministre de la Planification et du développement. Il repartira aussitôt, après le coup d’État du 24 décembre 1999.

Pendant ces 20 dernières années donc, il n’a travaillé qu’à l’international. Ce qui fait de lui, un parfait inconnu aux yeux de la population ivoirienne, dans sa grande majorité. L'on n'a entendu parler de lui que ces dernières semaines dans le cadre de cette candidature annoncée pour l’élection présidentielle. Avant cela, c’est son ainé Augustin Thiam, ministre-gouverneur du District de Yamoussoukro, qui était connu.

Tidjane Thiam, désigné candidat du PDCI à moins de 5 mois du scrutin, nécessitera donc une grosse campagne de communication de la part du parti, afin de le faire connaître dans le pays profond. Des délégations devraient alors être envoyées à travers le pays pour expliquer aux populations, qui est Tidjane Thiam.

«Thiam a les moyens de financer la campagne présidentielle sans que le PDCI ne sorte un centime…»

Le PDCI n’aurait pas de difficultés à déployer une telle machine, si Tidjane Thiam était effectivement retenu comme le candidat du parti. Car, comme l’assurait un de ses proches, « Tidjane est le seul qui peut inquiéter le RHDP. Car, il a les moyens de financer la campagne présidentielle sans que le PDCI ne sorte un centime ».

En effet, le budget de campagne des plus grosses écuries pour cette élection présidentielle, avoisinera les 30 milliards F CFA.  Selon les informations à notre disposition, le RHDP au pouvoir a déjà mobilisé 28 milliards F CFA à cet effet. Si le PDCI-RDA veut se donner des chances de l’emporter, il devra en faire autant, sinon, plus. Car dans les pays africains, la campagne présidentielle est l’occasion où chaque candidat doit démontrer sa puissance financière. C’est à travers elle que le peuple jauge sa capacité à diriger le pays.

Et pour la seule journée du vote, le candidat doit être capable de dépenser, au moins 400 millions F CFA, seulement pour la surveillance du scrutin. Le pays compte 19 849 bureaux de vote. Et chaque candidat doit avoir deux représentants par bureau de vote pour surveiller les opérations, en plus des superviseurs. À chaque représentant, il verse entre 10 000 et 15 000 F CFA de perdiemes pour la journée. Soit, entre 397 et 595 millions F CFA en une seule journée. C’est sans compter la campagne présidentielle elle-même, avec ses séries de tournées et de meetings de mobilisation qui nécessitent des moyens colossaux.

En pareille circonstance, un candidat a besoin d’avoir des partenaires financiers à l’extérieur du pays, lui faisant suffisamment confiance pour financer sa campagne à coup de milliards. Tidjane Thiam, grâce à ses réseaux dans les institutions financières où il a servi, et les contacts que ses différents postes lui ont permis de nouer dans le monde de la finance, est l’homme capable de décrocher de tels financements pour la campagne présidentielle du PDCI. Tidjane Thiam, candidat du PDCI, sera dans la même posture que le Président Alassane Ouattara, au moment de sa candidture en 2010. C’est-à-dire, l’homme de confiance des Institutions financières internationales.

« En plus, le fait que Thiam soit nouveau dans l’arène politique, serait un avantage pour le PDCI.  Il incarne le renouveau. Un nouveau départ de la Côte d’Ivoire. Quelqu’un qui n’a rien à avoir avec les crises qu’a connu le pays », estime un autre observateur.

Rappelons qu’en 2015, en l’absence d’adversaire de poids, le parti l’Alassane Ouattara n’avait dépensé que 12 milliards F CFA. Cette année, vu l’enjeu et le calibre des adversaires qui se profilent, le parti présidentiel à rehausser la cagnotte. Le FPI de Laurent Gbagbo (alors président de la République) avait fait campagne avec une somme comprise entre 12 et 15 milliards FCFA. Alors que le PDCI d’Henri Konan Bedié, éliminé au premier tour, avait investi 5 milliards F CFA.

La rédaction APRnews
Anne-Marie Kacou