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Etats-Unis : Bernie Sanders met fin à sa campagne pour l'investiture démocrate

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Mercredi, 8 avril 2020

Etats-Unis : Bernie Sanders met fin à sa campagne pour l'investiture démocrate

Bernie Sanders n’a pas attendu les résultats de la primaire du Wisconsin, qui doivent être publiés le 13 avril. Le sénateur indépendant du Vermont, largement distancé par l’ancien vice-président de Barack Obama, Joe Biden, dans la course à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle, a annoncé mercredi 8 avril son retrait.

Cette décision, qui laisse la voie libre au favori Biden, était anticipée. Depuis plusieurs jours, la presse américaine faisait état des réflexions en ce sens de la part du directeur de campagne du sénateur, Faiz Shakir, et de l’un de ses très anciens conseillers, Jeff Weaver. L’un comme l’autre s’étaient convaincus que cette candidature était vouée à l’échec en raison du réflexe de vote utile qui porte actuellement Joe Biden. 

Bernie Sanders s’y est résigné à regret, comme il l’a annoncé dans une vidéo diffusée en fin de matinée, dans laquelle il a fait part de « la vérité ». « Il n’existe virtuellement pas de chemin vers la victoire »a-t-il assuré à l’attention des sympathisants qui le pressaient de ne pas renoncer. Il y a quatre ans, le sénateur du Vermont avait choisi de rester dans la course jusqu’au bout face à la favorite Hillary Clinton, pourtant rapidement assurée d’être la candidate en novembre. Cette obstination avait alimenté des frictions et contrarié le rassemblement du parti face à Donald Trump.

« Un homme très respectable »

Le renoncement de mercredi a certainement un goût amer pour le sénateur indépendant. Comme il l’a répété longuement, sa défaite dans la course à l’investiture s’accompagne d’une victoire idéologique difficilement contestable. Depuis sa première candidature, en 2016, Bernie Sanders a influencé en profondeur un Parti démocrate qu’il est parvenu à tirer sur sa gauche sur de nombreux sujets, qu’il s’agisse du salaire minimum ou de la couverture santé. 

Dans son intervention, le sénateur a d’ailleurs déclaré qu’il comptait sur le nombre de délégués qu’il continuera mécaniquement d’obtenir lors des primaires encore à venir pour peser le plus possible sur la ligne d’un parti dont il n’a jamais voulu être membre, alimentant les interrogations de nombreux démocrates. Il a répété par ailleurs qu’il considérait la défaite de Donald Trump, qualifié de « pire président » du pays, comme un impératif justifiant le ralliement à un centriste sobrement qualifié de « très respectable ».

« Aujourd’hui, je félicite Joe Biden, un homme très respectable, avec qui je vais travailler pour faire avancer nos idées progressistes », a déclaré le sénateur lors de ce discours retransmis en ligne, de sa maison de Burlington, dans le Vermont.

Montée en puissance de Joe Biden

La deuxième campagne d’investiture du sénateur était partie sur des bases solides, compte tenu du réseau minutieusement mis en place quatre ans plus tôt, notamment la capacité presque illimitée de collecter des fonds de campagne auprès de petits donateurs. Bernie Sanders avait même surmonté l’écueil d’un accident cardiaque, à 78 ans, en octobre, pour prendre l’ascendant, à gauche, sur une autre candidate, la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren, qui défendait, au sein du Parti démocrate, des positions similaires aux siennes.

Profitant des divisions du courant favorable à des options plus modérées, morcelé entre une demi-douzaine de candidats, Bernie Sanders avait commencé la saison des primaires par une série de victoires. Un élément, pourtant, laissait entrevoir les difficultés à venir. Alors qu’il se faisait fort de ramener vers les bureaux de vote les électeurs lassés de la politique par la hardiesse de son programme, Bernie Sanders ne parvenait pas à mobiliser en masse de nouveaux électeurs, singulièrement parmi les jeunes, pourtant massivement acquis à ses idées.

La montée en puissance de Joe Biden, à partir du 29 février lors de la primaire de la Caroline du Sud, et sa capacité à additionner les soutiens, a souligné au contraire l’isolement du sénateur du Vermont. Il n’est pas même parvenu à obtenir le soutien d’Elizabeth Warren lorsque cette dernière a fini par renoncer après une succession de revers en mars, y compris dans son propre Etat.

« Nous avons besoin de vous »

Mercredi, Joe Biden n’a pas économisé les éloges envers son ancien adversaire. « Il n’a pas seulement mené une campagne politique ; il a créé un mouvement. Et ne vous y trompez pas, c’est un mouvement aussi puissant aujourd’hui qu’hier, et c’est une bonne chose pour notre nation et notre avenir », a assuré l’ancien vice-président.

Il a pris soin également de s’adresser aux électeurs du sénateur, souvent réticents à envisager de voter pour un autre candidat que lui. « Je vous entends et je comprends l’urgence, tout ce que nous devons faire dans ce pays. J’espère que vous nous rejoindrez. Vous êtes plus que bienvenus. Nous avons besoin de vous », a-t-il assuré.

Rendu pour l’instant inaudible par la crise sanitaire provoquée par le Covid-19 qui déferle sur les Etats-Unis, face à l’omniprésence de Donald Trump, l’ancien vice-président va toutefois pouvoir commencer à mettre ses troupes en ordre de bataille. L’épilogue précoce de cette course à l’investiture démocrate devrait permettre par ailleurs à l’une des voix démocrates les plus écoutées de sortir de la réserve qu’elle s’était imposée pendant la campagne, celle de Barack Obama.

Source : Le Monde