La Côte d'Ivoire fait face à une montée de tension sociopolitique caractérisée par des actes de violences dans plusieurs villes, suite à la déclaration du président Alassane Ouattara, le 06 aout 2020, de se porter candidat à l'élection présidentielle d'octobre 2020.

Face à cette situation, la classe politique est profondément divisée. Plusieurs partis de l'opposition, FPI, PDCI, GPS.... ont appelé à des manifestations de protestations. Relativement à cette situation tendue, le président de la Fondation Maria Rosa Mystica, Kouassi Kouadio Lucien, a appelé à l’apaisement.

En tant que président-fondateur de la Fondation Maria Rosa Mystica, une organisation humanitaire qui agit en faveur des personnes démunies, que vous inspire la situation sociopolitique actuelle de la Côte d'Ivoire ?

D'emblée, je tiens à vous adresser mes sincères remerciements pour cet espace qui me permet de rendre publique l'opinion de la FMRM sur la situation sociopolitique inquiétante à laquelle nous assistons en Côte d'Ivoire.

Pour rappel, selon le Livre blanc de la gouvernance de l’Union Européenne, « La société civile regroupe notamment les organisations syndicales et patronales (les "partenaires sociaux"), les organisations non gouvernementales (ONG), les associations professionnelles, les organisations caritatives, les organisations de base, les organisations qui impliquent les citoyens dans la vie locale et municipale, avec une contribution spécifique des églises et communautés religieuses ». Il apparaît que les notions de société civile, de citoyenneté et de gouvernance sont étroitement liées tel que la société civile a le droit de se prononcer objectivement sur des questions nationales.

Des leaders politiques aux discours de plus en plus violents aux destructions de biens publics et privés, en passant par des affrontements meurtriers et de nombreux blessés enregistrés dans plusieurs localités, Daoukro, Bonoua..... vous convenez avec la FMRM et les personnes éprises de paix que si de grands influenceurs et persuadeurs, personnes morales et physiques, ne réagissent pas contre ces affrontements, la Côte d'ivoire sera une fois de plus empêtrée dans une guerre civile inutile.

Selon vous, quelles sont les causes de ce tableau triste ?

Permettez-nous de rappeler à tous que dans un contexte de conflit, surtout exacerbé, entre deux camps aux positions figées, la raison commande de se poser primordialement en arbitre impartial pour inviter au dialogue franc entre les protagonistes. Dans le feu de l'action, le rôle de la FM RM ne consiste pas à dresser publiquement les causes intrinsèques de ce pique de violences. Cela relève de la diplomatie. La FMRM continue à tenir progressivement des consultations avec toutes les parties afin de répéter de manière pédagogique que le fil précieux du dialogue social ne doit pas être rompu. Nous avons eu l'honneur d'être reçus en audience par des mères et des pères, illustres personnalités, qui ont servi la Côte d'Ivoire aux côtés de Feu Félix Houphouët-Boigny, Apôtre de la Paix. Ces rencontres ont renforcé notre conviction selon laquelle Le développement durable et accéléré d'un pays repose avant tout sur sa stabilité sociopolitique et la cohésion sociale. La Côte d'Ivoire doit redevenir ce havre de paix, de prospérité et de miracle socio-économique qui faisaient la fierté des ivoiriens et même de l'Afrique. Il faut consolider le tissu social et non le détruire au détriment des générations futures.

Le constat est que ces actes de violence découlent principalement du refus de l'opposition d'accepter la candidature du président Alassane Ouattara pour un 3^ème mandat...

Aucun dirigeant politique ivoirien n'ignore que la politique est la gestion des contradictions. Par extension, gérer les contradictions signifie qu'il y a des limites à ne pas franchir. Ce pourquoi la FMRM a aussi pris l'engagement de militer constamment pour la promotion des droits humains, pour la protection de la vie, sans discrimination. Les leaders politiques, religieux coutumiers et de la société civile étant majoritairement des intellectuels censés travailler à l'éducation des masses populaires, ils sont les premiers à qui incombe la responsabilité d'œuvrer inlassablement pour l'instauration d'un climat de paix durable en Côte d'Ivoire. Le monde entier nous observe.

En tant que chef d'entreprise, avez-vous des inquietudes pour vos affaires ?

Un adage dit que l'argent n'aime pas le bruit. La Côte d'Ivoire est aussi impactée par la pandémie de la Covid-19. Durant l'isolement sanitaire d'Abidjan et le renforcement des mesures barrières, tous les secteurs d'activités ont connu une baisse de régime. Plusieurs entreprises tirent le diable par la queue. En tant que chef d'entreprises, je mesure les réelles difficultés auxquelles sont confrontés les commerçants. Les salaires du personnel, les fournisseurs, les factures d'eau, d'électricité et de téléphone à payer dans une période de crise sanitaire. Au moment où suite à la levée officielle de l'isolement d'Abidjan et à l'assouplissement des mesures de distanciation sociale, les activités économiques redeviennent dynamiques, une crise sociopolitique avec son corollaire de violences surgit. C'est un facteur qui décourage les investisseurs tant nationaux qu'extérieurs. Il n'appartient pas à la classe politique ivoirienne de prendre les populations, particulièrement pauvres et vulnérables en otages. Autrement, ce serait donner raison à ceux qui pensent que le temps est arrivé pour la Côte d'ivoire de passer au changement générationnel de sa classe politique.

Quelles solutions préconisez-vous face à cette situation ?

À nous qui avons les moyens de voyager à travers le monde, les amis de la Côte d'Ivoire nous répètent ceci : Ne détruisez pas votre beau pays et ne permettez à personne de le détruire . Je vous avoue que ce sont des mots poignants. Aucun régime ne peut gouverner tranquillement un pays instable. Aucune opposition politique ne peut mener ses activités dans un environnement de tensions généralisées et continues. La FMRM appelle solennellement au désarmement des cœurs et des esprits, car les guerres naissent dans l'esprit des hommes. La porte de la table de discussion doit rester ouverte. Que les leaders de la société civile, les chefs coutumiers et les guides religieux n'attendent pas que la situation sociopolitique dégénère dans un état de pourrissement avant de saisir leurs bâtons de pèlerins pour convaincre le gouvernement et l'opposition que la vie d'un seul être humain est absolument supérieure à l'ensemble de leurs intérêts. La FMRM a eu l'idée de lancer une grande Marche blanche pour la Paix, dans toutes les villes et contrées. Cependant, idée que nous avons mise en état de veille par respect de la loi interdisant toutes manifestations sur la voie publique. Considérant que le dialogue est l'arme des forts, le plus sage et court chemin pour le règlement d'un conflit, la FMRM appelle la classe politique et toutes les populations à l'apaisement et la retenue.