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CPI : Un jihadiste malien face aux juges

apr-news/ Un jihadiste malien poursuivi pour crimes de guerre face aux juges de la CPI
Mardi, 3 avril 2018

CPI : Un jihadiste malien face aux juges

AFP- Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, un jihadiste malien, doit comparaître devant la Cour pénale internationale, où il devra répondre de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Un jihadiste malien doit comparaître mercredi devant les juges de la Cour pénale internationale (CPI), où il devra répondre de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité commis à Tombouctou en 2012 et 2013.

Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud est notamment accusé d'avoir participé à la destruction de mausolées dans la ville malienne de Tombouctou et d’être responsable de viol et d'esclavage sexuel commis dans le contexte de mariages forcés.

Des accusations de torture pèsent également contre le jihadiste, qui a été remis à la CPI par les autorités maliennes samedi et transféré au centre pénitentiaire de la Cour, à La Haye.

L'homme de 40 ans, qui aurait été membre du groupe jihadiste Ansar Eddine et commissaire de la police islamique à Tombouctou, faisait l'objet d'un mandat d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité délivré par la CPI le 27 mars.

A sa présentation devant la CPI, mercredi à 15 heures (13 heures GMT), "Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud ("Al Hassan") sera informé des accusations portées contre lui", a indiqué la CPI.

"Une avancée significative dans les enquêtes et poursuites de la CPI"

Parmi ces accusations, la participation "à la politique de mariages forcés dont des Tombouctiennes ont été victimes, qui ont donné lieu à des viols répétés et à la réduction de femmes et de jeunes filles à l’état d’esclaves sexuelles", a-t-elle poursuivi.

L’arrestation d'Al Hassan et son transfèrement à La Haye, berceau de la justice internationale, a envoyé "un message fort à tous ceux qui, où qu'ils se trouvent, commettent des crimes qui heurtent la conscience humaine", selon Fatou Bensouda, procureur de la CPI.

La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) a salué, dans un communiqué, "une avancée significative dans les enquêtes et poursuites de la CPI, en particulier pour les victimes de Tombouctou qui continuent d'attendre que justice soit faite".

"Pour les victimes, le transfèrement d'Al Hassan à La Haye est un soulagement", a déclaré leur avocat, Moctar Mariko, cité dans le communiqué.

"Surtout au moment où la situation au centre et au nord (du Mali), y compris à Tombouctou, se dégrade avec la recrudescence d'actes de violences imputés à des groupes armés terroristes", a-t-il ajouté.

Un avertissement du CPI

Al Hassan est le deuxième jihadiste islamique à être jugée par la Cour internationale. Lors d'un verdict historique, la CPI avait condamné en 2016 un premier jihadiste malien, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, à neuf ans de prison pour avoir également pris part à la démolition des mausolées protégés à Tombouctou en 2012.

La décision sans précédent de l'unique tribunal permanent jugeant des crimes de guerre au monde avait été perçue comme un avertissement: la destruction du patrimoine de l'humanité ne restera pas impunie.

Ahmad al-Faqi al-Mahdi avait été jugé coupable d'avoir dirigé des attaques contre le site inscrit par l'Unesco au patrimoine mondial lors de la prise de pouvoir jihadiste du nord du Mali en 2012.

Une vague de destruction avait déferlé sur Tombouctou, fondée entre le cinquième et le douzième siècle par les tribus touaregs et qui a été surnommée "la ville des 333 saints" pour le nombre de sages musulmans qui y sont enterrés.