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Côte d’Ivoire : Le FPI demande le report des élections locales

Apa-News / Côte d’Ivoire : Le FPI demande le report des élections locales
Vendredi, 17 août 2018

Côte d’Ivoire : Le FPI demande le report des élections locales

APRNEWS - Dans une déclaration dont APRNEWS a reçu copie, le Front populaire ivoirien (FPI) s’est prononcé sur le message livré le 6 août par le président Alassane Ouattara.

Au nombre des observations faites, le FPI a demandé « purement   et   simplement   le   report » des élections locales prévues pour le samedi 13 octobre 2018. 

Le parti dont la présidence par intérim est assurée par M. Sangare Abou Drahamane, exige en outre, « la libération immédiate et sans condition, au titre de l’amnistie, de tous les militaires encore détenus dans les prisons, poursuivis ou sous menace de poursuites.»

Déclaration

Dans un message adressé à la Nation à l’occasion du 58ème  anniversaire de l’indépendance  de la Côte   d’Ivoire,   le   chef de l’Etat,   déclarant  œuvrer à  la réconciliation nationale des Ivoiriens, suite à la crise postélectorale de 2011, a annoncé avoir pris deux importantes décisions :

 - D’une part, la signature en date du 6 août 2018, d’une ordonnance portant amnistie des faits criminels se rattachant à la crise postélectorale de 2010-2011,   ainsi   que   des   faits   d’atteinte   à   la   sûreté   de   l’Etat   intervenus   à compter du 21 mai 2011. Huit cents (800) personnes se trouvant soit en détention, soit en liberté provisoire sur le territoire ou faisant l’objet de mandats   d’arrêts   ou   susceptibles   de   poursuites   à   l’étranger   sont concernées par cette mesure ;

- D’autre   part,   l’adoption   de   dispositions   en   vue   d’ouvrir   des   échanges devant aboutir à la recomposition de la CEI en application de l’arrêt de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et cela, de manière à rendre les prochaines élections inclusives.    

Le Front Populaire Ivoirien tient d’emblée à féliciter et à remercier toutes les personnes et institutions qui ont encouragé cette prise de décision, permettant ainsi une véritable avancée vers la décrispation de la vie publique nationale.

Le Front populaire ivoirien exprime également sa gratitude à la Cour africaine des Droits de l’Homme et   des   Peuples   qui   a   fait   ainsi   écho   aux   revendications   pertinentes   des démocrates ivoiriens et de la diaspora.    

Le Front Populaire Ivoirien  voudrait rappeler, ici, ses constants appels restés sans suite depuis 2011, en direction du pouvoir afin que s’ouvrent des discussions, prélude à la réconciliation nationale, qui porteraient sur la libération des prisonniers politiques civils et militaires, le retour sécurisé des exilés, le réaménagement   de   la   CEI   pour   l’organisation   d’élections   transparentes   et démocratiques,   la   sécurisation   du   territoire   par   le   désarmement   des milices, dozos et autres, le dégel des comptes, la prise en charge des victimes de la crise.Le Front populaire  ivoirien  tient avant  tout propos,   à relever que  l’absence d’une   loi   préalable   habilitant   le   chef   de   l’Etat   à   prendre   une   ordonnance d’amnistie  grève  la  légalité   de  l’acte   du  6 août 2018. 

Le Front populaire ivoirien demande par conséquent le dépôt de ladite ordonnance par devant l’Assemblée nationale envue de sa ratification.      Sous cette réserve, le Front populaire ivoirien se félicite de l’avancée notable induite par cette décision,  qui s’est  traduite  par  la libération,  pour  l’heure, d’une  centaine  de prisonniers civils dont la Première Dame Simone Ehivet Gbagbo, les ministres Lida Kouassi et Assoa Adou,  le vice-président du FPI Tchéidé Jean-Gervais, et d’autres prisonniers dont Me Baï Patrice.

Le Front populaire ivoirien reste attentif à la suite de la procédure et veillera avec vigilance à la libération effective de tous ses militants et sympathisants injustement maintenus dans les liens de la détention depuis sept (7) longues années.        
Le  Front populaire ivoirien   s’étonne   toutefois   que   le   chef   de   l’Etat,   pour   les   mêmes   faits amnistiés,   ait   tenu   à   faire   une   distinction   entre   les

prisonniers   civils   et   les prisonniers   militaires,   alors   qu’à   la   différence   de   la   grâce   qui   dispense   le condamné de purger la peine infligée, la mesure d’amnistie efface les faits sans tenir compte des auteurs. Pourquoi distinguer là où le droit ne distingue pas ? Par ailleurs, les militaires n’agissent-ils pas en exécution des ordres donnés par les autorités politiques ? Comment est-il possible, sans se contredire, d’amnistier« le donneur d’ordre » supposé et maintenir en détention celui qui, de par sa fonction, était tenu d’exécuter cet ordre ?   

En tout état de cause, le Front populaire ivoirien exige la libération immédiate et sans condition, au titre de l’amnistie, de tous les militaires encore détenus dans les prisons,poursuivis ou sous menace de poursuites.

Le Front populaire ivoirien considère que la libération des militaires, outre le fait de rendre plus crédible la volonté affichée d’aller à la réconciliation   nationale,   conditionne   l’ouverture   de   tout   dialogue   avec   le pouvoir. 

Sur le dialogue annoncé en vue de la recomposition de la CEI. 

S’agissant du dialogue annoncé avec l’opposition en vue de la recomposition de la CEI, et se félicitant également de l’avancée notable du chef de l’Etat sur cette question très sensible, le Front populaire ivoirien rappelle que c’est depuis 2011 qu’il appelle le gouvernement à la discussion, mais en vain. Pour cette raison, entre autres, il a entrepris le boycott de toutes les élections organisées par le régime depuis 2011.Il tient sur ce point à faire deux observations : 

 - La première observation porte sur la crédibilité du message du chef de l’Etat, mise en cause par le bureau de la CEI. En effet, alors que le chef de l’Etat a annoncé l’ouverture de discussions sur la CEI en vue de rendre les prochaines élections inclusives, cette institution illégale et décriée, a ouvert sans attendre le dépôt des candidatures au titre des élections municipales et régionales prévues pour le mois d’octobre 2018. Comme pour dire que le message du chef de l’Etat est un « leurre », voire une manœuvre d’endormissement de l’opposition.
Le Front populaire ivoirien demande   purement   et   simplement   le   report   desdites   élections   en   attendant l’ouverture et la fin des discussions annoncées sur l’organisation des élections.   

- La deuxième observation : Le chef de l’Etat, dans son adresse, semble s’entenir à la seule question de la recomposition de la CEI. Pour le Front populaire ivoirien , certes la recomposition de la CEI est une des questions majeures en matière d’élections justes et transparentes. Cependant, l’opposition politique responsable et le Front populaire ivoirien ,ont   toujours   considéré   comme   indissociables,   les   questions   de   l’équité   du découpage électoral, de la fiabilité du fichier électoral, de l’accès de tous les partis   politiques   aux   médias   d’Etat,   de   la   sécurisation   de   l’environnement électoral, etc.   

Par conséquent, le Front populaire ivoirien considère que l’objectif du dialogue annoncé doit être l’organisation   d’élections   véritablement   démocratiques   et pour   ce   faire,   les discussions   doivent   porter   sur   l’ensemble   des   questions   ci-dessus   listées   de manière à arrêter de nouvelles règles qui soient tout à la fois consensuelles et conformes à l’arrêt de la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.

Mais le Front populaire ivoirien estime que des discussions portant sur le seul point des élections et qui font l’économie d’autres questions non moins importantes, liées à la crise, ne font pas œuvre utile pour la réconciliation nationale et la cohésion sociale. 
Le Front populaire ivoirien fait à ce sujet l’analyse suivante.

Pour la réconciliation et la cohésion nationales.

 Le Front populaire ivoirien est d’avis qu’en plus de l’amnistie et de l’ouverture de discussions sur les élections à venir, un certain nombre de questions appelle de la part de l’Etat des réponses urgentes :

- Le   retour   des   réfugiés :   Quelles   dispositions   pratiques   et   matérielles l’Etat de Côte d’Ivoire prend-il, en vue d’organiser le retour sécurisé de ces dizaines de milliers d’Ivoiriens forcés de vivre plus de sept (7) ans hors de la Côte d’Ivoire en violation de notre Constitution et en vue de leur  réinsertion   sociale ?   

Nombre   de   réfugiés   ont   toujours   la   légitime crainte  d’être   pris à partie par   le   pouvoir où   même  par des  individus hostiles   dans leurs   anciens  quartiers  d’habitation.   Par ailleurs,  nombre d’entre eux ont perdu leurs emplois dans le privé comme dans le public, après avoir été dépossédés de   leurs   terres et de  leurs   domiciles, alors qu’ils ont encore en charge leurs familles. C’est au moment où ils doivent rentrer que le régime Ouattara qui a favorisé leur éloignement forcé doit envisager des mesures à même de les soulager ;

- Les   victimes   de   la   crise :  Quelles   dispositions   l’Etat   prend-il  en  vue d’assurer   la   prise   en   charge   de   toutes   les   victimes   de   la   guerre ?
Nombreuses sont les victimes, surtout du « camp Gbagbo », qui ont été laissées   pour   compte   par   l’opacité   du   système   mis   en   place   en   cette matière. Seules les victimes d’un camp ont à ce jour été prises en charge. Des corrections s’imposent ;

- La réconciliation et la cohésion nationales : Avec l’échec de la CDVR et de la CONARIV, quelles dispositions l’Etat doit-il prendre en vue de favoriser la réconciliation et le retour à la cohésion nationale ?     

Pour le Front populaire ivoirien , l’occasion se présente maintenant d’aborder toutes ces questions dont  la juste solution  participe à la création d’un  environnement   apaisé   qui permettrait   d’envisager l’organisation   tout   aussi   apaisée   des   prochaines élections. C’est pourquoi le dialogue à venir devrait inclure l’examen de toutes ces questions en vue de proposer à nos concitoyens un nouvel horizon de paix véritable. Dans cette optique le Front populaire ivoirien réitère ses préoccupations qui sont : 

1°- La libération immédiate et sans condition de  tous   les   détenus   militaires encore en prison avant l’ouverture de tout dialogue ;

 2°- Que les discussions qui doivent s’ouvrir ne soient pas cantonnées seulement à la seule recomposition de la CEI, mais soient étendues à tous les autres aspects de la question électorale à savoir : le découpage électoral, la révision du fichier électoral, la sécurisation de l’environnement électoral… ; 

3°- La prise en compte dans le dialogue des questions touchant à la libération du Président Laurent Gbagbo, au retour sécurisé et organisé des réfugiés ; à la prise en charge de toutes les victimes de la crise ivoirienne ; à la réconciliation et à la cohésion nationales ; 

4°- Que les acteurs du dialogue soient constitués par les représentants des forces politiques significatives, les représentants de la société civile et les représentants des victimes de la crise ;

5°-   Que   la   mise   en   œuvre   des   résolutions   soit   assurée   par   un   mécanisme institutionnel investi de la confiance de tous les acteurs ;

6°- Qu’un Comité de suivi composé de personnalités nationales et investi de la confiance de tous les acteurs soit mis en place pour l’application des résolutions consensuelles et pour garantir le respect desdites résolutions.

Fait à Abidjan le 16/08/2018

Pour le Front Populaire Ivoirien
Le président par intérim

Sangaré Abou Drahamane