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Côte d'Ivoire – Gouvernance : Le rapport accablant de l'Union européenne

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Mardi, 7 août 2018

Côte d'Ivoire – Gouvernance : Le rapport accablant de l'Union européenne

APRNEWS - Dans un rapport confidentiel, l'Union européenne échine violemment la situation politique en Côte d'Ivoire. Un constat qui pourrait freiner drastiquement les aides financières allouées au pays.

Un rapport alarmant. Dans un document dont l'AFP a pu prendre connaissance, l'Union européenne (UE) dépeint la longue liste de ses inquiétudes concernant la situation en Côte d'Ivoire. Même si le pays « affiche l'image rassurante d'une stabilité retrouvée, portée par des taux de croissance élevés », « les indicateurs sociaux stagnent » et « la population s'interroge de plus en plus ouvertement sur cette croissance qui ne lui semble pas ou peu bénéfique », décrivent les représentants de l'UE dans ce rapport. Rédigé début juillet, le document ne devait pas être publié, précise l'AFP d'après une source à l'Union européenne.

Le taux de croissance exemplaire de la Côte d'Ivoire, qui table à 8 % par an en moyenne, contraste en effet avec la montée de la pauvreté dans le pays. En 2015, 46 % de la population vivait ainsi en dessous du seuil de pauvreté, 47 % en 2017.

La sphère politique étrillée
Dans le viseur des auteurs du rapport, les politiques, responsables des maux subis par la population ivoirienne, qui tolère d'autant moins les largesses financières dont bénéficient les cercles du pouvoir, « une classe dirigeante dont l'enrichissement ces dernières années est parfois spectaculaire », affirme le rapport.

Les auteurs de l'étude mettent notamment en cause la réponse – ou plutôt l'absence de réaction – des autorités politiques après la décennie de crise politico-militaire, qui a divisé le pays dans les années 2000. Ils dénoncent « les failles politiques importantes de la reconstruction » ainsi que « les fragilités non résorbées d'un pays peut-être moins solide et démocratique que sa bonne image pourrait le laisser penser ». Une « bonne image » que les autorités mettraient toute leur énergie à ne pas écorner. Toujours selon le texte, celles-ci « se montrent hermétiques aux critiques internes et externes, et semblent désireuses de ne laisser aucun lieu de pouvoir leur échapper ».

Concernant le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le grand parti unifié voulu par le président Alassane Ouattara, les auteurs du rapport affirment franchement leur désapprobation. Le parti, « annoncé comme la solution à l'instabilité passée […], a été dès le début compris par tous comme une manière pour la coalition au pouvoir de s'assurer une réélection systématique, en reléguant les éventuels mouvements d'opposition à la périphérie du jeu politique », peut-on lire dans le document.

L'UE prête à revoir le montant de ses aides
Un constat qui, pour les auteurs du rapport, ne pourra que détériorer « la relation de l'Union européenne avec la Côte d'Ivoire », « affectée par le manque de dialogue politique ». « Une situation [qui] n'est pas compatible avec la relation forte entre l'Europe et [le pays d'Afrique de l'Ouest] dont témoigne notamment le haut niveau de soutien politique et financier apporté par l'Union européenne ».

Des propos qui sonnent comme une menace de la part de l'UE, qui pourrait bien toucher au portefeuille alloué à la Côte d'Ivoire depuis une décennie. L'aide de Bruxelles à Abidjan se monte à 273 millions d'euros pour la période 2014-2020, une somme à laquelle s'ajoutent les aides bilatérales, notamment de la France et de l'Angleterre. Un montant sur lequel les « chefs de mission de l'UE incitent […] à une réflexion ». Les autorités au pouvoir sont prévenues. 

Avec Lepoint