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APR NEWS : Une dispute entre collègues, cause de la plus grosse fuite de l'histoire de la CIA

CIA - OSB - Espionnage
Samedi, 11 juin 2022

APR NEWS : Une dispute entre collègues, cause de la plus grosse fuite de l'histoire de la CIA

APRNEWS - «Le Pearl Harbor numérique»: c'est ainsi qu'a été surnommé par un membre de la CIA la publication massive de données confidentielles sur le site internet Wikileaks, en 2017. Et pour cause: la fuite a révélé l'ensemble des capacités de piratage de la CIA.

APRNEWS - Comme c'est désormais l'habitude dans ce genre de cas, le «leak» semble provenir une nouvelle fois d'un employé de l'agence. En revanche, contrairement aux cas de Chelsea Manning ou Edward Snowden, le principal suspect ne semble pas avoir agi ici par impératif moral, mais pour prendre sa revanche sur ses collègues.

Joshua Schulte, aujourd'hui incarcéré pour détention d'une gigantesque quantité de documents pédopornographiques découverts lors de l'enquête et principal suspect dans cette affaire, travaillait alors à l'Operational Support Branch (OSB), une division d'élite de la CIA.

Le rôle de l'OSB était de produire des logiciels espions devant être physiquement insérés dans les appareils ciblés par des agents de terrain ou des personnes recrutées par l'agence.

Si ces missions étaient extrêmement dangereuses et hautement confidentielles, l'ambiance des bureaux de l'OSB, situés dans une banlieue calme de Washington, tenait davantage de la cour d'école que de l'unité d'espions. Dans une longue enquête publiée par le New Yorker, plusieurs employés de l'OSB décrivent ainsi une atmosphère plus que détendue.

Un bureau avec fenêtre, ou je trahis

Entre deux «spywares» destinés à espionner un terroriste ou un chef d'État, les codeurs s'échangeaient surnoms, vannes et même fléchettes de pistolets Nerf. Et ce sont précisément ces projectiles en mousse qui auraient mis le feu aux poudres, lors de l'arrivée d'un nouvel agent en 2015.

D'après le New Yorker, le comportement de ce petit nouveau, plus professionnel et rigide que la moyenne, a rapidement poussé Schulte à en faire sa tête de turc, ce qui consistait notamment à le perturber avec son pistolet Nerf. La situation s'est rapidement envenimée, à grands renforts de noms d'oiseaux, jusqu'à ce que chaque homme aille se plaindre de l'autre à sa hiérarchie.

Selon le témoignage de leurs anciens collègues, la direction de la CIA aurait multiplié les actions visant à séparer les deux hommes, mais Schulte se serait constamment plaint de choix effectués en sa défaveur, comme par exemple son assignation à un bureau situé trop loin des fenêtres. Ayant porté le problème vers des échelons de plus en plus élevés au sein de la CIA, il a fini par être déplacé dans un autre service, ce qui l'a contraint à être alors privé de tout accès aux logiciels qu'il avait développés. Après avoir menacé de parler à la presse, Schulte a finalement démissionné.

Après la fuite, le FBI s'est rapidement penché sur son cas –et sur ses données. En plus de sa vidéothèque pédocriminelle, les enquêteurs ont découvert des recherches Google à propos de Wikileaks, ainsi que le logiciel de transfert de données conseillé par le site fondé par Julian Assange.

Pire, ils ont déterminé qu'après avoir perdu ses accès aux serveurs d'OSB, Joshua Schulte est parvenu à y entrer de nouveau en utilisant une «backdoor» qu'il avait précédemment mise en place, sécurisée par le mot de pass «KingJosh3000». Il s'avère qu'une sauvegarde exacte des documents ayant fuité y a été effectuée.

Le procès s'est déroulé en 2020, mais il a majoritairement tourné autour de détails techniques complexes qui ont apparement dérouté le jury, et s'est finalement soldé par une annulation. Une seconde procédure a été entamée, dans le cadre de laquelle Schulte a cette fois choisi de se représenter lui-même.

Source : Kori