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Russie : Oleg Sentsov reçoit le prix Sakharov

Apr-News-France :Russie : Oleg Sentsov reçoit le prix Sakharov
Mercredi, 12 décembre 2018

Russie : Oleg Sentsov reçoit le prix Sakharov

APRNEWS - Injustement incarcéré au nord du cercle polaire depuis quatre ans, le réalisateur originaire de Crimée est devenu un symbole.

Actuellement emprisonné en Russie, le réalisateur ukrainien Oleg Sentsov reçoit aujourd'hui, mercredi 12 décembre, le prix Sakharov du Parlement européen pour la liberté de l'esprit lors d'une cérémonie à Strasbourg. 

Baptisé en l'honneur du physicien et dissident politique soviétique Andrei Sakharov, ce prix est décerné chaque année. Il a été créé en 1988 pour honorer les individus et les organisations qui défendent les droits de l'homme et les libertés fondamentales. 

Parmi les anciens lauréats, figurent l'opposition démocratique vénézuélienne (2017), les militantes des droits humains yézidis enlevées par l'Etat islamique Nadia Murad et Lamia Haji Bassar (2016), l'écrivain saoudien Raif Badawi (2015), le gynécologue congolais traitant les victimes de viols collectifs Denis Mukwege (2014) mais aussi la Birmane Aung San Suu Kyi (1990) et le Sud-Africain Nelson Mandela, premier récipiendaire du prix créé en 1988. 

Condamné après un simulacre de procès

Les autres finalistes de l'édition 2018 étaient onze ONG sauvant des migrants en Méditerranée ainsi que Nasser Zefzafi, leader d'un mouvement de protestation de masse au Maroc, Hirak. 

Injustement condamné à vingt ans de prison lors d'un simulacre de procès pour d'imaginaires "préparations d'attentats terroristes'', le réalisateur Oleg Sentsov purge sa peine dans une colonie pénitentiaire sur la péninsule de Yamal, dans le grand nord sibérien, au-delà du cercle polaire. 

Rappel des faits. Le 11 mai 2014, deux mois après l'annexion de sa Crimée natale par la Russie, le réalisateur est arrêté devant sa fille à son domicile de Simféropol et envoyé à Lefortovo, la prison moscovite de haute sécurité où, depuis toujours, les services soviétiques puis russes torturent et, parfois, assassinent. 

Son prétendu "crime" ? Avoir voulu faire sauter Simferopol. En réalité, Sentsov est surtout coupable d'être un citoyen engagé et d'avoir rejoint à l'hiver 2014, à Kiev, la capitale ukrainienne, la révolte de l'Euromaidan qui fera tomber le président prorusse Viktor Yanoukovitch. 

Jean-Luc Godard soutient Oleg Sentsov
Après l'annexion de la Crimée, Sentsov continue d'afficher publiquement son opposition à la mainmise de Moscou sur la péninsule. "Avec quelques amis, il organisait des rallyes automobiles en Crimée, a raconté un militant ukrainien à l'AFP, brandissant des symboles et des drapeaux ukrainiens. Ils en accrochaient aussi aux murs et continuaient de le faire après l'annexion, quand tout le monde était parti." 

Réalisateur assez peu connu jusqu'à son arrestation, Oleg Sentsov est considéré comme un cinéaste prometteur. Sa filmographie compte seulement deux courts-métrages (Un jour rêvé pour le poisson banane, en 2008, et La Corne d'un boeuf, en 2009) et un long-métrage (Gaamer, 2011). Salué par la critique au festival international de Rotterdam, ce film apolitique a rencontré le succès. Ce qui lui a permis de démarrer le tournage de son film suivant, Rhino, interrompu par son engagement dans l'Euromaïdan. 

Aux côtés d'autres cinéastes, dont Wim Wenders et Aki Kaurismaki, Jean-Luc Godard a demandé en vain la libération du cinéaste de 42 ans qui a, par ailleurs, été récemment déclaré citoyen d'honneur de la Ville de Paris.

Oleg Sentsov a mené cette année une grève de la faim, qu'il a interrompue en octobre après cent quarante cinq jours. Il a perdu 14 kilos, mais pas sa combativité, selon le journaliste Zoïa Zvetova, engagée dans les droits de l'homme, qui lui a rendu visite en août. Vladimir Poutine, qui refuse de le gracier, a transformé Sentsov en symbole de la résistance à la répression russe.