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Royaume-Uni : Quand Boris Johnson minimisait l'épidémie de coronavirus

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Mardi, 7 avril 2020

Royaume-Uni : Quand Boris Johnson minimisait l'épidémie de coronavirus

Le Premier ministre britannique, testé positif au Covid-19 le 27 mars, a été admis lundi soir en soins intensifs. Boris Johnson a mis du temps à reconnaître la dangerosité du virus, pariant au début de la crise sur une stratégie d'immunité collective.

Ce mardi, le Premier ministre britannique n'a pas commencé sa journée par ses réunions habituelles, au 10 Downing Street à Londres.

Depuis lundi soir, Boris Johnson est en soins intensifs, à l'hôpital St Thomas, occupé à lutter contre le coronavirus. Une maladie dont il a été testé positif le 27 mars.

Lundi matin encore, les échos à son sujet étaient rassurants. Boris Johnson est hospitalisé, certes, mais « ceci est une mesure de précaution car le Premier ministre continue de présenter des symptômes persistants du coronavirus, dix jours après avoir été contrôlé positif », lisait-on dans un communiqué officiel. Son état s'est pourtant aggravé en quelques heures.

Une aggravation qu'il n'aurait certainement pas prédite. Il a en effet fallu du temps à Boris Johnson pour prendre le Covid-19 au sérieux. Partisan de l'immunité collective et du « laisser-faire, laisser-passer », le Premier ministre a préféré gérer la crise sanitaire à rebours des autres pays. Jusqu'à sa propre contamination.

Immunité collective

Boris Johnson est, longtemps, resté réfractaire à la prudence. Lorsque début mars, l'Italie recense près de 1.000 cas dans le pays et une trentaine de décès, « BoJo » en est encore à plaisanter. Et continue à suivre sa stratégie première et ignorer les avertissements de la communauté scientifique et d'autres pays. Le 3 mars, le Premier ministre britannique assure même continuer « à serrer la main à tout le monde ». Le même jour, la France compte (déjà) 200 cas et quatre morts.

Les bilans humains chaque jour plus lourds ne convainquent toujours pas Boris Johnson de changer de stratégie. Il se contente de conseiller aux Britanniques de se laver les mains en chantant deux fois « Happy Birthday » soit le temps nécessaire pour se protéger du virus. Le 11 mars, lorsque la secrétaire d'Etat adjointe à la Santé, Nadine Dorries, est diagnostiquée positive au coronavirus, BoJo refuse de se faire dépister. Il ne risque rien, dit-il, parce qu'il « se lave bien les mains ».

Au moins, son comportement est cohérent avec ce qu'il veut mettre en place à l'échelle du pays : s'en remettre à l'immunité collective. Alors qu'à la mi-mars, tous ses voisins ferment leurs écoles, leurs commerces, leurs lieux publics et se mettent en quarantaine, le Royaume-Uni laisse tout grand ouvert.

« Roulette russe »

Accusé de « jouer à la roulette russe », Boris Johnson répond qu'il ne fait confiance qu'à la science, incarnée au 10 Downing Street par son conseiller Patrick Vallance, grand partisan du principe d'immunité collective. Selon lui et d'autres épidémiologistes, il faudrait que 60 % de la population britannique soit atteinte par le Covid-19 pour développer une telle immunité.

Une politique difficilement audible pour les Britanniques puisqu'outre-Manche, on raconte alors que tout ce que l'on sait du coronavirus, c'est que l'on ne sait rien. Le 18 mars, 8.000 morts sont recensés dans le monde et près de 200.000 cas… S'il se décide alors à fermer les écoles, Boris Johnson maintient que le Royaume-Uni est « une terre de liberté » et qu'il ne « veut pas en arriver aux mesures qu'on a vues dans d'autres pays ».

« Sauver des vies »

La même semaine, l'hôpital Northwick, au nord-ouest de Londres, sonne l'alarme : quasiment plus aucun lit de réanimation n'est disponible. Le 23 mars, l'exécutif britannique se résout à confiner sa population pour « sauver des vies et protéger notre NHS [service de santé national] », rétropédale (enfin) Boris Johnson. En parallèle, le gouvernement lance en urgence la construction, à l'ouest de Londres, d'un hôpital de campagne baptisé « Nightingale ».

Le 27 mars, le diagnostic tombe : le Premier ministre est infecté. Là encore, il semble difficile à Boris Johnson t de ne pas afficher un large sourire sur une vidéo publiée sur Twitter où il explique pouvoir continuer à gouverner. Le même jour, le Royaume-Uni franchit le seuil des 1.000 décès et déplore 17.000 cas de contamination.

Une semaine après, Boris Johnson change même de stratégie nationale et promet à la population un dépistage massif. Aujourd'hui, le ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab prend, à titre intérimaire, le relais à la tête du pays. Selon le dernier bilan, le Royaume-Uni recensait 5.400 morts dues au Covid-19.