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Maroc : que contient le rapport sur le nouveau modèle de développement ?

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Jeudi, 27 mai 2021

Maroc : que contient le rapport sur le nouveau modèle de développement ?

Le rapport de la commission de Chakib Benmoussa sur le nouveau modèle de développement du Maroc a enfin été publié hier. Que contient le tome du New Deal de Mohammed VI ?

Modèle de développement au Maroc : ce que dit le rapport présenté à  Mohammed VI – Jeune Afrique

La commission chargée d’élaborer le nouveau modèle de développement a présenté son rapport à Mohammed VI. Le souverain marocain avait attelé Chakib Benmoussa et sa commission à cette tâche depuis le 19 novembre 2020. Son but était de trouver une solution inclusive à la crise socio-économique dans le pays.

Or, le rapport, qui contient trois volets, n’est que peu innovateur, même s’il reste ambitieux et exhaustif. On y lit une longue lettre d’amour pour le roi, certes. Toutefois, la partie contenant des solutions de développement n’aborde que des points sur lesquels le Maroc ne connait que peu de lacunes. Les recommandations plus spécifiques, concernant l’éducation et la santé, sont aussi moins réalisables. En somme, un résultat globalement mitigé et relativement léger pour un projet prometteur.

Momo, on t’aime !

Les 35 membres de la commission sont des spécialistes dans leurs domaines respectifs. De l’éducation aux finances, en passant par l’agriculture et l’économie, il s’agit de la crème des intellectuels marocains. Toutefois, quelque part entre l’évaluation des taux de change et les méthodes d’irrigation, on tombe sur des messages attentionnés pour le souverain marocain.

On lit donc : « Le souverain, incarnation de la singularité assumée de l’institution monarchique, est le garant de l’équilibre entre un Etat fort et juste et une société forte et dynamique. Il est porteur du leadership nécessaire à l’atteinte des grandes ambitions historiques », analyse la commission de spécialistes.

Sans doute, la commission pourvue par une nomination royale en fait son affaire de remercier son donateur. Cependant, le résultat de son travail est plus mitigé que son amour pour le roi Mohammed VI. Le document de 152 pages a couvert plusieurs axes. Mais lorsqu’il s’agit d’évoquer les problèmes, une seule perspective revient. En effet, selon les membres de la commission, la volonté politique n’entre pas en compte dans l’accomplissement des projets de développement. La mise en œuvre des réformes économiques prévues serait « entravée par les coûts élevés ». Il semblerait aussi, si on en croit Benmoussa, que le Maroc manque de « nouveaux entrepreneurs innovants et compétitifs ». Quoi qu’il en soit, au niveau de la gouvernance, aucun problème n’aurait été relevé.

Encore plus de privatisation

Quand bien même la commission n’ait pas voulu dire la vérité entière sur l’économie marocaine, elle a tout de même établi un constat partiel. On lit dans le rapport que les capacités limitées du secteur public seraient un autre souci à affronter. La commission pointe le doigt aussi vers le contraste entre les lois et leur application. Cette analyse se poursuit vers une critique des initiatives publiques et une promotion du secteur privé. Une voie vers l’entreprenariat libre et l’initiative privée serait, selon le rapport, l’unique solution pour tous les problèmes marocains. Les termes « compétitivité », « diversification » et « investissement privé » monopolisent au moins le tiers de la sémantique du rapport.

Quant aux solutions, cinq axes de développement ont été mis en évidence. Le premier est l’industrie. Pour laquelle la commission préconise l’établissement de nouvelles zones de production et une approche durable. A savoir une industrie qui respecte l’écosystème. Le second axe est l’agriculture, où la souveraineté alimentaire est le mot d’ordre. La commission a proposé « une agriculture moderne, durable, à haute valeur ajoutée ». Elle a aussi avancé l’importance du partenariat public-privé (PPP) dans l’évolution du secteur agricole.

Ensuite, vient le tourisme, la commission voudrait que l’on encourage le tourisme intérieur. Aussi, un modèle équilibré entre le tourisme du luxe et les plans touristiques plus abordables. Rappelons que si le tourisme marocain brille, c’est justement par cette diversité. Au Maroc, le tourisme culturel, gastronomique, évènementiel, balnéaire, le clubbing et les institutions touristiques forment un système riche et diversifié.

Une approche plus concrète sur le plan social

Les deux derniers axes de développement sont plus proches du mandat de la commission. Le quatrième concerne la santé. Après douze pages d’analyse des dégâts de la pandémie, peu de solutions sont offertes qualitativement. La commission appelle au renforcement du dispositif sanitaire et à l’égalité d’accès. Sur ce plan, le rapport conseille l’union entre l’Etat et le secteur privé. Il faudrait aussi que la couverture sanitaire soit plus exhaustive et qu’elle permette l’accès aux soins aux citoyens en situation financière difficile.

Enfin, l’éducation est le point culminant du rapport de la commission. On y fait remarquer l’importance des ressources humaines. La commission recommande une réforme du système d’éducation. Elle préconise aussi la mise en valeur de la formation professionnelle, qui allègerait la crise de chômage et rafraîchirait les perspectives d’entreprenariat.

Toutefois, ces deux recommandations seraient moins commodes pour l’Etat marocain. Elles sont aussi incompatibles avec la mouvance vers la privatisation. Il convient aussi de dire que le rapport en son entièreté est assez superficiel pour un travail de plus de 6 mois. Puis, il faudrait beaucoup de concessions de la part de la couronne marocaine pour en réaliser les recommandations prévues pour l’épanouissement des citoyens. Le roi Mohammed VI compterait-il prendre en compte les souffrances de son peuple ? Dossier à suivre.

Aprnews avec Lejournaldelafrique