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Les manifestations se poursuivent en Guadeloupe, le gouvernement sous pression

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Lundi, 22 novembre 2021

Les manifestations se poursuivent en Guadeloupe, le gouvernement sous pression

En Guadeloupe, la contestation de l'obligation vaccinale des soignants a dégénéré en incendies, en blocages et en pillages. Le gouvernement a envoyé sur place des membres du Raid et du GIGN. L'opposition accuse l'exécutif d'avoir oublié les Guadeloupéens. 

Pour le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, la « situation actuelle est intolérable et inacceptable ». Des magasins pillés, un poste de police incendié, et plusieurs dizaines de barricades toujours en place au petit matin : la situation en Guadeloupe ne s'est pas apaisée dans la nuit de samedi à dimanche, et les manifestations contre le passe sanitaire se poursuivent.

Plus de 200 policiers ont été déployés dans le centre de l’île. Face aux tirs de manifestants envers les forces de l’ordre, quelque 150 grenades lacrymogènes ont été lancées. Pour prêter main forte à la police sur place, une cinquantaine de membres des forces d'élite du GIGN et du Raid ont été envoyés samedi 20 novembre par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

L'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), à l'origine du mouvement de contestation, a appelé malgré tout « à poursuivre la mobilisation ».

« La goutte d'eau qui fait déborder le vase »

Pour Marine Le Pen comme pour Jean-Luc Mélenchon, la situation en Guadeloupe n'a qu'un seul responsable : Emmanuel Macron. Après les contaminations au Chlordécone, les problèmes d'approvisionnement en eau et les algues sarguasses, l'obligation vaccinale serait la « goutte d'eau qui fait déborder le vase », selon les mots de la candidate du Rassemblement national (RN). Même ligne chez son rival de La France Insoumise (LFI) : « Tout était prévisible. Emmanuel Macron a choisi de regarder ailleurs et de laisser la situation dégénérer. »

Pour Patrick Karam, né à Pointe-à-Pitre et aujourd'hui vice-président du Conseil régional d'Île-de-France, élu de la majorité de Valérie Pécresse, « le passe sanitaire n'est que l'allumette. La vérité, c'est qu'il y a un malaise social, un malaise identitaire, un malaise de positionnement par rapport à la République, le sentiment de déclassement et de délaissement qui existe et qui n'arrête pas de monter. »

Patrick Karam l'affirme :les Outre-Mer ne peuvent pas être gérés comme l'Hexagone. « Alors qu'en Martinique, une équipe de médiateurs est arrivée sur place et a préconisé et obtenu que la mise en entrée du passe sanitaire pour les soignants et les pompiers ne se fassent que fin décembre, en Guadeloupe, rien ! On ne peut pas traiter différemment les territoires. Aujourd'hui, il faut rétablir l'ordre en Guadeloupe, c'est exact, mais il faut aussi ouvrir un dialogue ! »

Justement, à côté de la fermeté affichée par son ministre de l'Intérieur, Jean Castex reçoit ce lundi soir des élus de l'île. Le Premier ministre veut afficher un front politique uni contre les violences. L'exécutif sait que la situation peut encore s'aggraver, remarque Julien Chavanne, du service politique de RFI. En 2009, la Guadeloupe et la Martinique sont restées paralysée 44 jours par les manifestations contre la vie chère.

« Pas le combat de la population guadeloupéenne »

Pour le personnel hospitalier qui est épuisé par la gestion de la pandémie, la situation est très compliquée. Selon Patrick Portecop, médecin urgentiste en Guadeloupe, « il y avait une contestation anti-vaccination qui a été récupérée par des syndicats qui ont une politique particulière ».

« L'obligation vaccinale concerne beaucoup de personnels en Guadeloupe, et sur ces personnels, 90% ont accepté l'obligation vaccinale parce qu'ils dépendent des services de l'État et il s'agit tout simplement d'une loi, rappelle de son côté la sociologue Patricia Braflan Trobo, spécialiste des conflits sociaux en Guadeloupe. Ce n'est pas un mouvement guadeloupéen contre l'obligation vaccinale et le passe sanitaire. Même si vous avez beaucoup de personnes qui ne sont pas vaccinées, les personnes savent pertinemment que toute la population n'est pas soumise à l'obligation vaccinale, même si beaucoup de syndicalistes ont un moment surfé sur cette vague. »

« Les personnes qui sont dans le privé, poursuit la sociologue, ne comprennent pas aujourd'hui qu'elles sont empêchées d'aller travailler et que pour certaines, elles vont perdre leur travail parce que leur outil de travail a été détruit, comme les supermarchés, les bijouteries... Tout un tas de commerces ont été détruits parce qu'à peu près 10% des professionnels de santé et des travailleurs qui sont concernés par l'obligation vaccinale refusent cette obligation vaccinale. Je crois que la population a très bien compris ce qui se joue, quel combat se mène et qui est concerné. Et ce n'est pas un combat de la population guadeloupéenne. Les barrages ne sont pas tenus non plus par les grévistes. »  

Aprnews avec Rfi