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France : Covid-19, Macron a encore oublié le monde de la culture

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Lundi, 15 juin 2020

France : Covid-19, Macron a encore oublié le monde de la culture

Le monde du spectacle réclamait un "déconfinement total, sans distanciation", mais Emmanuel Macron n'en a dit mot dans son allocution.

“Retrouver le plaisir de nous divertir, de nous cultiver”... mais dans quelles conditions? Lors de son allocution ce dimanche 14 juin, Emmanuel Macron a annoncé le passage de l’Île-de-France en zone verte et la réouverture de toutes les crèches, écoles et collèges. Mais s’il y a un secteur (parmi d’autres) dont il n’a pas parlé, c’est le monde de la culture.

“Dès demain, nous allons pouvoir tourner la page du premier acte de la crise que nous venons de traverser. Retrouver le plaisir d’être ensemble, de reprendre pleinement le travail, mais aussi de nous divertir, de nous cultiver”, a assuré le président lors de son discours d’une vingtaine de minutes enregistré depuis l’Élysée. Un extrait notamment repartagé par le ministre de la Culture Franck Riester sur son compte Twitter.

Oui mais voilà, si Emmanuel Macron semble convaincu que “nous allons retrouver pour partie notre art de vivre, notre goût de la liberté”, cela devra se faire tout en respectant les mesures de distanciation sociale et en évitant “au maximum les rassemblements” qui “resteront très encadrés”. Mais pour une grande partie du monde de la culture, cela est tout simplement incompatible avec l’essence du spectacle vivant. Et les annonces attendues d’un “déconfinement total” ne sont pas venues. 

“Le président a raison de dire qu’on n’efface pas les traces de l’Histoire de France. Dommage en revanche de ne pas avoir évoqué des perspectives pour le milieu culturel et du spectacle”, souligne ainsi le maire de Nice et ancien ministre de l’industrie Christian Estrosi. “Pas un mot sur la culture ce soir dans le discours de Macron”, note quant à elle l’historienne et ancienne ministre déléguée à la famille Dominique Bertinotti.

Une salle de concert vide à Rotterdam, aux
ROBIN UTRECHT / ANP / AFP
Une salle de concert vide à Rotterdam, aux Pays-Bas

“Déconfiner le spectacle vivant”

Depuis plusieurs jours pourtant, de nombreux acteurs de l’industrie de la culture s’étaient adressés au président. Le 12 juin, le Prodiss, syndicat national du spectacle musical et de variété exigeait de “déconfiner le spectacle vivant”“Un spectacle cadenassé par les contraintes Covid, avec une salle aux deux tiers vide de public ne fait pas sens”, écrivait-il. “La distanciation s’appliquerait aux spectacles mais pas dans les trains: une différence de traitement qui pose aujourd’hui question”.

“Si les spectacles ne reprennent pas, la casse sociale sera inéluctable”, poursuivait la lettre, également signée par d’autres organismes représentant notamment les salles, festivals, théâtres privés, cabarets, etc. “L’enjeu est la survie d’un pan entier du modèle culturel de notre pays.”

 

D’autres organismes encore comme le Syndicat des musiques actuelles (Sma, 450 adhérents de la filière) et la Fedelima (140 lieux et projets de musiques actuelles) souhaitaient un “accord de principe en vue d’une reprise (...) en configuration debout à compter du 1er septembre en revenant à la norme usuelle, soit 3 personnes debout/mètre carré” afin que les quelque 45 festivals qui doivent se tenir entre le 1er septembre et le 31 décembre puissent s’organiser.

“L’anormal” des tournages

Le monde du cinéma aussi revendiquait un assouplissement des mesures de distance sociale. Dans un communiqué adressé au président et au ministre de la Culture le 5 juin, la société des réalisateurs de films (SRF) déplorait que le guide des règles sanitaires à suivre pour la reprise des tournages était “en grande partie incompatible avec la pratique de nos métiers.”

Si [les acteurs] ne peuvent plus s’approcher à moins d’un mètre… ne plus se toucher, s’embrasser, crier ou rire trop fort au risque de postillonner… la représentation d’un monde ‘sans Covid’, n’est tout simplement plus possible (...) Et la représentation d’un monde ‘avec Covid’, où chaque scénario serait réécrit pour intégrer cette réalité, n’est pas souhaitable”, écrivait l’organisme qui compte Céline Sciamma, Jacques Audiard et Bertrand Bonello dans son conseil d’administration.

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Sans oublier encore le manque “d’information concrète” quant au sort des intermittents du spectacle pour qui Emmanuel Macron avait annoncé “une année blanche”: “Nous attendons encore que cette promesse soit traduite dans les faits, et de connaître le mode de calcul des droits concernés.”

Pendant le confinement déjà, il avait été reproché à Emmanuel Macron et son ministre de la culture Franck Riester son “retard” quant à adresser les doléances de ce secteur particulièrement touché par la crise qui rassemble près d′1,3 million d’emplois. Ce n’est que le 6 mai, soit après deux mois de paralysie déjà, que le président avait dévoilé son “plan pour la culture”, incluant une série de mesures financières et appelant les artistes à “enfourcher le tigre”.

Alors si beaucoup espéraient que le président profite de cette première prise de parole post-déconfinement pour éclairer l’avenir du monde de la culture, il n’en fut rien.