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CPI : Plaidoiries mardi dans le procès de l'Ougandais Ongwen, ex-chef de la LRA

apr-news/ L'ex-chef rebelle ougandais de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA)
Samedi, 15 septembre 2018

CPI : Plaidoiries mardi dans le procès de l'Ougandais Ongwen, ex-chef de la LRA

APRNEWS- L'ex-chef rebelle ougandais de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), Dominic Ongwen, accusé de crimes contre l'humanité et crimes de guerre, va présenter mardi sa défense via ses avocats devant la Cour pénale internationale (CPI).

Considéré par les procureurs de la CPI comme l'un des leaders les plus redoutés du groupe armé, Dominic Ongwen fait face à 70 chefs d'accusation pour des actes présumés commis dans le nord de l'Ouganda entre 2002 et 2005.

Il est le seul commandant de la LRA à être détenu à la Cour basée à La Haye, alors que son ancien chef, Joseph Kony, est toujours recherché, 13 ans après l'émission d'un mandat d'arrêt international.

Il est aussi le premier accusé de la CPI à être considéré comme une victime par certains groupes de défense des droits de l'Homme. Né en 1975, M. Ongwen a été enlevé à l'âge de 14 ans alors qu'il rentrait de l'école, avant d'être formé en tant qu'enfant soldat par la LRA.

D'enfant soldat à commandant, Dominic Ongwen "a été promu rapidement" au sein de la LRA "pour sa loyauté au combat et sa férocité", avait affirmé le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, lors de l'ouverture du procès en janvier 2016.

Prévenant qu'elle allait diffuser des images "extrêmement perturbantes", elle avait montré une vidéo prise après une attaque en mai 2004 contre le camp de réfugiés de Lukodi (nord de l'Ouganda), montrant des enfants éventrés et les corps carbonisés de bébés enterrés à la hâte.

- Victime et bourreau ? -

Au premier jour de son procès, Dominic Ongwen, 43 ans, avait plaidé non coupable "au nom de Dieu". Il avait notamment insisté sur le fait que la LRA, et non pas lui, était responsable des meurtres de réfugiés sans défense.

"M. Ongwen a été clair depuis le début (...) les charges de la Cour ne sont pas contre lui mais bien contre la LRA et la LRA n'est pas son armée", a déclaré son avocat, Krispus Ayena Odongo.

"Il était juste une victime, comme beaucoup d'autres (qui ont été) enlevées tout comme lui", a-t-il indiqué à l'AFP avant l'ouverture des déclarations de la défense.

Physiquement, "Dominic Ongwen se porte bien", selon M. Odongo. Cependant, un diagnostic a établi que son client souffre d'un sérieux trouble de stress post-traumatique.

L'affaire Ongwen à la CPI est un cas unique, a estimé Mark Kersten, expert en droit international à l'Université de Toronto.

"Le procès soulève tellement de questions importantes" dans la manière de traiter les personnes qui sont à la fois victimes et bourreaux, a expliqué M. Kersten à l'AFP.

- Une rébellion sanglante -

D'après l'ONU, la LRA a massacré plus de 100.000 personnes et enlevé plus de 60.000 enfants depuis sa création vers 1986, pour les transformer en enfants soldats ou en "épouses", des esclaves sexuelles en réalité.

Plus de 4.000 victimes sont représentées dans le procès de Dominic Ongwen, qui s'était rendu aux forces spéciales américaines en janvier 2015 en Centrafrique. A l'époque, les États-Unis avaient mis sa tête à prix pour 5 millions de dollars.

Etablie il y a plus de trois décennies en Ouganda, la LRA a été créée pour défendre l'ethnie des Acholi contre le gouvernement de Yoweri Museveni.

Au fil des ans, le groupe rebelle s'est étendu au-delà des frontières, semant la terreur jusque dans le sud du Soudan (aujourd'hui indépendant), puis au nord-est de la République démocratique du Congo, et enfin au sud-est de la Centrafrique dès mars 2008.

Prophète auto-proclamé, son chef Joseph Kony a mélangé mystique religieuse, techniques éprouvées de guérilla et brutalité sanglante alors qu'il prétendait vouloir mettre en place un régime fondé sur les Dix commandements.

Avec AFP