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Côte d'Ivoire: bientôt un procès des attentats de Grand-Bassam

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Vendredi, 3 septembre 2021

Côte d'Ivoire: bientôt un procès des attentats de Grand-Bassam

Le 13 mars 2016, le terrorisme frappait la station balnéaire de Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire. Trois terroristes ouvraient le feu sur la plage tuant 19 personnes et en blessant 33, avant d’être à leur tour abattus. Un procès devrait avoir lieu dans les mois qui viennent. Pour autant, nombre de victimes n’ont pas attendu la justice pour surmonter cette épreuve.

Plus de cinq ans après, le bruit des tirs d’armes automatiques sur la plage de Grand-Bassam résonne toujours dans certaines têtes. « Il est toujours interdit aujourd’hui de faire des feux d’artifice à Bassam. Parce que quand on le fait, ça nous remet dans cet enfer de 2016 », raconte Alassane Ouattara, patron du Wharf, un hôtel du front de mer aux premières loges ce jour-là. Comme beaucoup, il a souhaité tourner la page et aller de l’avant. « C’est difficile, on ne se remet jamais de ce genre de choses, mais on fait avec. Parce que la vie continue ! »

Alassane Ouattara ne s’est pas porté partie civile, mais envisage maintenant de le faire. « Un procès, c’est toujours utile. Ça permet de poser la vérité et d’être tranquille moralement. Il faut que la vérité éclate, que des choses se disent, que les gens parlent pour qu’on puisse prendre plus de mesures de sécurité dans la ville de Grand Bassam », estime encore le directeur du Wharf. Mais la justice n’est-elle pas trop lente ? Ce procès n’arrivera-t-il pas trop tard ? « Non, il n’est jamais trop tard pour bien faire. C’est utile un procès. Le procès de Sankara, ça fait combien de temps qu’il est mort ? [1987 ndlr] Et aujourd’hui encore, ça continue. »

Il y a cinq ans sur la plage, Jean-Pierre Arnaud était abattu par les terroristes. Sa veuve vit aujourd’hui dans le sud de la France. Elle a relégué ses années ivoiriennes au fond de sa mémoire. « C’est loin derrière. C’est loin et c’est près. C’est près, parce que j’y ai passé 45 ans et j’avais de beaux souvenirs. Cet attentat a tout fait basculer dans mon esprit », raconte Anne-Marie Arnaud, qui n’espère rien de la Justice. « S’ils sont jugés, c’est bien, mais s’ils ne le sont pas ? Et si ça ne donne rien, qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Quel est le pouvoir que j’ai moi, pour obliger un tribunal de faire son travail ? »

Aujourd’hui, quatre personnes ont été inculpées et sont sous les verrous en Côte d’Ivoire, en attente d’un procès : le chauffeur qui a convoyé les armes, un homme qui a fait la reconnaissance des lieux et deux autres qui ont hébergé le commando terroriste. Sept autres sont réclamées par la justice ivoirienne, dont le commanditaire Mimi Ould Baba, en prison au Mali et également poursuivi par la justice américaine, Fawaz Ould Check, alias « Ibrahim 10 » condamné lui, au Mali, ou encore le chef d’orchestre de l’attentat, Kounta Dallah, toujours en fuite quelque part au Sahara. L’instruction touche à sa fin et il  y aura bien un procès prochainement.

Procès prévu pour la fin 2021

Pour le procureur de la République d’Abidjan, Richard Adou, ce procès a besoin de la participation des victimes. « C’est vrai que ça ne ramènera pas les morts. Mais l’idée, c’est de permettre à toutes ces victimes, à leurs parents, de venir aider la justice à se faire, de façon à ce que tous ceux qui auront le dessein de recommencer sachent que, quels que soient les actes qui vont se faire dans la nuit, qui vont se préparer dans le silence, nous avons les moyens de les rechercher de les retrouver et de connaitre le mode opératoire qu’ils ont mis en place. Donc, c’est main dans la main qu’on doit travailler », plaide le magistrat.

La nature de l’affaire prévoit deux niveaux d’instruction qui ont allongé la procédure. Mais celle-ci touche à sa fin. Et selon le procureur, « si l’arrêt de renvoi devant le Tribunal criminel est pris, nous n’auront d’autre choix que d’enrôler cette affaire pour jugement ». Un procès qui devrait donc démarrer fin 2021 ou au plus tard janvier 2022.

Aprnews avec Rfi