Depuis Paris, le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) Cellou Dalein Diallo a laissé entendre que l’Occident accord un traitement de faveur à la junte guinéenne dirigée par le général Mamadi Doumbouya.

‘’On note l’Occident est moins porté aujourd’hui vers la promotion et la défense des valeurs de démocratie et des libertés que par la guerre d’influence et des intérêts économiques nationaux’’, déplore-t-il, rappelant par le passé, ‘’un coup d’Etat était condamné, la coopération économique était réduite à son minimum lorsqu’elle n’était pas suspendue jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel. Ce n’est plus le cas aujourd’hui’’.

Il fait remarquer aux occidentaux que sous le règne du général Doumbouya, ‘’on a eu une cinquantaine de jeunes abattus à bout portant dans les rues alors qu’ils manifestaient soit contre les délestages électriques et d’autres pour exiger le respect des dispositions de la charte de la transition. On n’a pas senti des condamnations ou exigences de justice auxquelles on était habitués il y a quelques années. Donc, on considère que l’Occident ménage la junte pour des raisons qu’on n’arrive pas à expliquer’’.

L’ancien Premier ministre déplore le fait que ‘’l’Occident condamne moins les mauvaises pratiques qu’il a toujours condamné’’. Pour étayer son argumentaire, il souligne que ‘’la France a repris sa coopération économique et militaire avec la junte. On ne sent pas un attachement de la France, comme ce fut par ce passé, au respect de certaines valeurs dont le respect des droits humains, les libertés fondamentales. La presse est complètement muselée aujourd’hui. On a assisté au retrait des agréments des principales radios et télévisions du pays par la junte. Sous pretexte qu’il y a un risque sur la sécurité nationale, on avait assisté à la coupure d’internet, au retrait de chaines de télé sur le bouquet. C’était pour faire taire les voix dissonantes très critiques sur la gouvernance de la junte et qui dénonçaient la corruption’’.

Au passage, il précise ‘’ce que je dis sur la communauté internationale, c’est pour la CEDEAO qui a aussi ses faiblesses. La CEDEAO, contrairement à sa charte, l’accord additionnel sur la démocratie et la gouvernance, un régime putschiste ne peut pas être accepté. Il doit être suspendu de l’organisation. Aujourd’hui, toutes les quatre juntes en Afrique de l’Ouest sont redevenues des membres à part entière de l’organisation. Ce qui est contraire à la charte’’.

La CEDEAO a-t-elle trahi la démocratie en Afrique l’Ouest ? ‘’Evidement’’, tranche-t-il, tout en indiquant que ‘’ce n’est pas la même rigueur qu’on a connue. On n’acceptait pas qu’un militaire dirige un pays membre de la CEDEAO, mais aujourd’hui, il y a au moins quatre militaires qui dirigeant des pays. Ce qui n’est pas une bonne chose et qui est contraire la charte de la CEDEAO’’.

Abdoulaye Bella DIALLO