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Pérou: mort en prison d'Abimael Guzman, fondateur du Sentier lumineux

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Samedi, 11 septembre 2021

Pérou: mort en prison d'Abimael Guzman, fondateur du Sentier lumineux

Le chef historique de la guérilla maoïste péruvienne du Sentier lumineux, Abimael Guzman, surnommé le « Pol Pot des Andes », est mort samedi à 86 ans dans la prison de haute sécurité où il purgeait sa condamnation à perpétuité.

L'ex-dirigeant maoïste, incarcéré depuis 1992, purgeait une peine de prison à perpétuité à la suite de deux condamnations en 2006 et 2018. Il avait été hospitalisé en juillet. « Le docteur Abimael Guzman est mort. Son épouse a été informée et a demandé sa dépouille aux autorités », a déclaré Me Alfredo Crespo, son avocat à l’AFP.

Dans un communiqué, les autorités pénitentiaires péruviennes ont précisé que son décès, lié à « une aggravation de son état de santé », était survenu à 06h40, heure locale (11h40 TU) au centre pénitentiaire de haute sécurité de la base navale de Callao, près de Lima.

Le guérillero et ses lieutenants avaient été arrêtés à Lima en 1992 sous la présidence d'Alberto Fujimori (1990-2000), qui avait lancé une féroce répression contre le mouvement.

Image d’un révolutionnaire impitoyable

Abimael Guzman s'était forgé l'image d'un révolutionnaire dur et impitoyable. L'ancien professeur de philosophie portait la responsabilité d'un des conflits les plus sanglants d'Amérique latine, qui a secoué le Pérou entre 1980 et 2000, et qui fait plus de 70 000 morts et disparus, selon la Commission vérité et réconciliation (CVR).

Les exécutions de paysans et incendies de villages refusant de soutenir la guérilla lui avaient valu d'être comparé à Pol Pot, le dirigeant khmer rouge du Cambodge.  Le guérillero qui se faisait appeler « Puka Inti » - « soleil rouge » en langue quechua -, entretenait un culte de la personnalité parmi les partisans de son mouvement. Ses adeptes qualifiaient ses idées de « quatrième épée » du marxisme, aux côtés de celles de Marx, Lénine et Mao.

« Lâche, alcoolique et pleurnichard »

Son mouvement s'était développé sur le terreau de la révolte indigène, des oubliés de la réforme agraire de 1969 et des étudiants sortant de l'université avec des diplômes inutilisables en raison de la ségrégation raciale et linguistique. Son procès en 2006 avait toutefois révélé une facette inconnue de sa personnalité. Son lieutenant Oscar Ramirez l'avait décrit comme un « lâche, alcoolique et pleurnichard », incapable d'appuyer sur la détente d'un fusil.

En 1979, il était passé à la clandestinité avec le projet de porter la révolution depuis les campagnes vers les villes et de renverser l'État par la lutte armée. Très organisés, les guérilleros avaient été au départ bien reçus par la population à laquelle ils distribuaient des terres. Mais la situation avait dégénéré avec les assassinats de paysans et de responsables communautaires. L'organisation maoïste devint de plus en plus totalitaire, n'hésitant pas à enrôler des enfants dès l'âge de 5 ans dans ses milices ou pour la culture de la coca, et à massacrer les récalcitrants.

Parmi ses actions les plus sanglantes, il y avait l'assassinat en 1984 de 117 paysans de Soras, dans la région d'Ayacucho, ou encore l'attentat à la voiture piégée dans un quartier chic de Lima en 1992, qui avait fait 25 morts et plus de 150 blessés.  Mobilisée dès 1982 pour combattre le Sentier lumineux, l'armée a également été accusée de crimes contre les civils. 

Aprnews avec Rfi