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France: les pêcheurs français passent à l'offensive dans la Manche

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Vendredi, 26 novembre 2021

France: les pêcheurs français passent à l'offensive dans la Manche

Les pêcheurs français ne décolèrent pas face au refus de Londres d’octroyer toutes les licences de pêche promises pour travailler dans les eaux britanniques. Le comité national des pêches français a annoncé le blocage, ce vendredi 26 novembre, des accès à trois ports de la Manche : Saint-Malo, Ouistreham et Calais. Sur terre, ils bloqueront l'accès des camions de marchandises au terminal fret du tunnel sous la Manche pendant quelques heures.

Les pêcheurs français lancent ce vendredi une opération de blocage de ports et des accès au fret du tunnel sous la Manche, côté français, pour exiger le règlement des litiges de pêche post-Brexit avec le Royaume-Uni.  L'ambiance est celle des grands jours : c'est la première fois, depuis le blocus de l'île de Jersey en mai dernier, que les pêcheurs français organisent une « grande journée d'action ».

Les pêcheurs ont déjà bloqué entre 8 heures et 9 heures ( 7 heures à 8 heures TU) l'entrée dans le port de Saint-Malo. Les navires français ont bloqué un bateau de pêche venant de Jersey. Dans le port de Calais, un dernier ferry a pu partir peu avant midi. Ensuite, peu à peu, quatre bateaux de pêche se sont mis en place à l’entrée du port pour bloquer le ferry suivant, dont le départ a été retardé, rapporte notre envoyée spéciale à CalaisJuliette Gheerbrant.

Au total, des  dizaines de bateaux doivent bloquer l'entrée de ferries venant de Grande-Bretagne dans trois ports de la Manche française : Saint-Malo, Ouistreham, en Normandie, puis Calais, dans les Hauts-de-France. Les pêcheurs ont aussi commencé à bloquer l'accès des camions de marchandises au terminal fret du tunnel sous la Manche. À bord de plusieurs dizaines de fourgonnettes et voitures, les marins-pêcheurs ont bloqué la bretelle d'accès du terminal côté français.

Symbolique à l'entrée des ports, où la houle ne permettra peut-être pas toutes les actions prévues, l'initiative est plus menaçante aux abords du tunnel par lequel transitent 25% des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l'Europe.

« S’il faut aller plus loin, on ira plus loin »

« Le but est que le gouvernement britannique prenne conscience qu’on peut aussi faire des blocages sur les produits d’importation anglais. J’ignore si ça peut faire bouger les lignes. Mais tout ce que je sais, c’est que s’il faut aller plus loin, on ira plus loin la prochaine fois. Il y a un mouvement d’humeur pour que, déjà, l’Union européenne prenne bien conscience de nos problèmes et que les Britanniques bougent un peu », nous explique Olivier Leprêtre, le président du comité des pêches des Hauts-de-France.

Trente-cinq pêcheurs de Boulogne attendent toujours leur licence pour pêcher dans les eaux britanniques et sur l’ensemble du Littoral nord ; ils sont cent-cinquante dans ce cas, selon le Comité régional.

Au micro d’Altin Lazaj, du service économie de RFI, Olivier Leprêtre estime aussi que « le gouvernement Johnson fait des pieds et des mains pour ne pas donner ces licences, alors qu’il a bien signé dans l’accord comme quoi il donnait des licences aux bateaux de pêche français. En contrepartie, les pêcheurs anglais – il n’y a pas que les pêcheurs, mais tout le commerce – avaient accès au marché européen » 

Londres a bien reçu le message et réagi dès jeudi soir, se disant « déçu » par ces « menaces de protestation » et enjoignant la France à « s'assurer que des actes illégaux ne sont pas commis et que les échanges commerciaux ne sont pas affectés ».

« L'arbre qui cache la forêt »

Pour le président du comité national, « cette question des licences est l'arbre qui cache la forêt : de sa résolution dépendront les relations avec le Royaume-Uni sur le long terme ». Tout en questionnant la robustesse de l'engagement européen aux côtés des pêcheurs de l'UE, Gérard Romiti a salué « l'ultimatum » lancé mercredi par la Commission européenne, qui a demandé à Londres de régler ce contentieux d'ici au 10 décembre.

En vertu de l'accord de Brexit signé fin 2020 entre Londres et Bruxelles, les pêcheurs européens peuvent continuer à travailler dans les eaux britanniques à condition de pouvoir prouver qu'ils y pêchaient auparavant. Mais Français et Britanniques se disputent sur la nature et l'ampleur des justificatifs à fournir.

Depuis le 1er janvier, la France a obtenu « plus de 960 licences » de pêche dans les eaux britanniques et des îles anglo-normandes, mais Paris réclame encore plus de 150 autorisations.

Aprnews avec Rfi