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Burundi: le président élu Evariste Ndayishimiye entrera en fonctions jeudi

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Mardi, 16 juin 2020

Burundi: le président élu Evariste Ndayishimiye entrera en fonctions jeudi

Le nouveau président du Burundi Evariste Ndayishimiye, élu le 20 mai, prêtera serment jeudi, une entrée en fonctions avancée de deux mois à la suite du décès soudain du président sortant Pierre Nkurunziza.

Le ministère des Affaires étrangères a invité les représentations diplomatiques au Burundi à "bien vouloir prendre part aux cérémonies d'investiture du président élu  qui auront lieu jeudi 18 juin 2020 à 11H00", à Gitega, la capitale, selon une note du ministère dont l'AFP à pris connaissance.

Vendredi, la Cour constitutionnelle avait estimé que le nouveau président, issu des rangs du parti au pouvoir (CNDD-FDD), devait débuter son mandat de sept ans le plus rapidement possible, sans période d'intérim. Elu à la présidentielle du 20 mai, M. Ndayishimiye devait initialement prendre ses fonctions le 20 août, à la fin du mandat de Pierre Nkurunziza, décédé subitement le 8 juin, à l'âge de 55 ans, officiellement d'un "arrêt cardiaque".

Alors qu'une partie du pays s'interroge sur la possibilité que le chef de l'Etat ait succombé à la maladie Covid-19, une source médicale à l'hôpital de Karusi, où il est décédé, a affirmé à l'AFP qu'il était en "détresse respiratoire" quand il est mort. Son épouse, Denise Bucumi, avait été testée positive au coronavirus lors de son hospitalisation fin mai à Nairobi, selon un document médical consulté par l'AFP.

Sombre héritage 

La mort inopinée de Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 15 ans, a ouvert une période d'incertitude pour son pays, dont l'histoire est marquée par des crises politiques meurtrières et une longue guerre civile. Le régime souhaitait donc accélérer la prise de fonctions de M. Ndayishimiye pour éviter toute turbulence. Ce serait "légitime et pas du tout choquant, et surtout ça peut éviter au général Ndayishimiye cette longue période d'incertitude et d'immobilisme synonyme de tous les dangers", avait récemment estimé un diplomate sous couvert d'anonymat.

Le général Ndayishimiye, dauphin du président sortant désigné par le CNDD-FDD, a été élu pour un mandat de sept ans renouvelable une fois, après avoir remporté la présidentielle avec 68,70% des voix. L'opposition a dénoncé des fraudes massives, mais son recours a été rejeté par la Cour constitutionnelle. La mort de Pierre Nkurunziza, un chrétien évangélique "born again" qui considérait son pouvoir d'essence divine, a provoqué un immense choc au Burundi.

Il laisse pourtant un "héritage sombre et triste", selon Carina Tertsakian, de l'Initiative pour les droits humains au Burundi. Sa candidature très controversée à un troisième mandat en avril 2015 avait débouché sur une crise politique qui a fait plus de 1.200 morts et conduit 400.000 Burundais, dont de nombreux opposants, militants des droits de l'Homme et journalistes indépendants, à l'exil.

Sous le règne de celui qui avait été élevé au rang de "Visionnaire" et de "Guide suprême du patriotisme", deux termes symbolisant son rôle central dans le système mis en place par le CNDD-FDD, la population s'est également encore appauvrie. Pierre Nkurunziza avait régulièrement expliqué que Dieu protégeait le Burundi et sa population du virus et avait décidé de maintenir les élections malgré l'épidémie. Les conséquences de l'épidémie de Covid-19 sur la population seront vraisemblablement l'un des premiers gros dossiers du président Ndayishimiye.

Avec l'AFP