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Assassinat du président haïtien Jovenel Moïse : la piste du trafic de drogue

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Lundi, 23 août 2021

Assassinat du président haïtien Jovenel Moïse : la piste du trafic de drogue

Le meurtre du chef d’État haïtien Jovenel Moïse dans la nuit du 7 juillet reste toujours inexpliqué. Selon cette enquête du New York Times, il pourrait bien être lié à un vaste complot de trafiquants de cocaïne et d’héroïne couverts par de hautes autorités locales.

Le commandant chargé de la sécurité du palais présidentiel n’a pas tardé à être suspecté de l’assassinat de Jovenel Moïse, le mercredi 7 juillet en pleine nuit : son équipe s’était mystérieusement envolée au moment des faits, permettant à des tueurs de pénétrer dans la résidence privée sans guère rencontrer de résistance et de tuer le président dans sa chambre à coucher.

Mais à en croire d’actuels et d’anciens fonctionnaires, le commandant Dimitri Hérard était déjà suspect dans une autre affaire, sur laquelle la DEA [Drug Enforcement Administration, l’agence américaine de lutte contre le trafic de stupéfiants] enquêtait depuis des années, à savoir la disparition de plusieurs tonnes de cocaïne et d’héroïne, subtilisées par des fonctionnaires corrompus.

Désormais, certains fonctionnaires internationaux qui participent à l’enquête sur l’assassinat du président se demandent si l’existence de tels réseaux mafieux ne contribuerait pas à expliquer l’assassinat de Jovenel Moïse. Des responsables haïtiens, notamment le Premier ministre, ont reconnu que l’explication officielle donnée quelques jours après l’assassinat – le fait que Moïse ait été abattu dans le cadre d’une machination complexe ayant pour objectif la prise du pouvoir – n’était pas entièrement satisfaisante, et que la véritable motivation des tueurs restait à découvrir.

Politiques et policiers véreux
Haïti est un point de passage important pour la drogue acheminée vers les États-Unis, et des responsables américains et onusiens affirment que le trafic prospère grâce à toute une clique de politiques, d’hommes d’affaires et de policiers véreux. Or, Dimitri Hérard serait depuis longtemps dans le collimateur de la DEA pour l’une des plus grosses affaires de trafic de drogue que l’agence ait jamais eu à traiter dans ce pays.

Keith McNichols, un ancien agent de la DEA qui a été en poste en Haïti et a dirigé l’enquête sur la cargaison de drogue disparue, témoigne :

Les échelons les plus élevés sont corrompus. Ils échappent toujours à la justice.”

Outre Hérard et le beau-frère d’un ancien président haïtien, des juges sont impliqués dans cette gigantesque affaire de trafic de stupéfiants. D’après certains témoignages, la quantité ahurissante de drogue raflée par des responsables montre à quel point Haïti est devenu un narco-État.

Depuis de nombreuses années, en effet, des politiques haïtiens, des membres de l’appareil judiciaire et même des agents de la DEA ont laissé s’installer la corruption.

Aprnews avec The New York Times