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Une patiente polyhandicapée photographiée en dessous «érotiques»

Illustration - Deux aides-soignantes condamnées pour avoir photographié en dessous «érotiques» une patiente polyhandicapée - Actualité - fait divers
Vendredi, 23 avril 2021

Une patiente polyhandicapée photographiée en dessous «érotiques»

Les faits se sont déroulés dans une maison d’accueil de Cantin, dans le Nord. Un avocat d’une aide soignante affirme qu’il s’agissait « d’égayer » la vie de la patiente.

Était-ce pour humilier et se moquer d’elle ? Ou avec son consentement et pour « faire plaisir » à une pensionnaire décrite par la défense comme « très coquette et féminine » ? Pour la justice, le débat est tranché. Deux ex-aides-soignantes d’une maison d’accueil spécialisée de Cantin (Nord) ont été condamnées à de la prison avec sursis et une interdiction d’exercer pendant cinq ans pour avoir habillé en sous-vêtements sexy puis photographié une patiente lourdement polyhandicapée, selon les avocats.

La direction de l’établissement avait licencié la plus âgée, à deux ans de la retraite, et n’avait pas renouvelé le CDD de sa collègue, âgée d’une vingtaine d’années, après la découverte des faits datant de septembre 2020, selon les avocats confirmant une information de la Voix du Nord.

Cela lui a été « imposé »

Le tribunal correctionnel de Douai les a condamnées mardi à respectivement cinq et trois mois de prison avec sursis et des dommages de quelques centaines d’euros, pour violences volontaires sans incapacité sur personne vulnérable susceptible de causer un traumatisme psychologique, et captation et diffusion d’images à caractère sexuel.

Lors d’une nuit de travail en septembre, elles avaient habillé de sous-vêtements « érotiques », apportés par elles, une patiente de 38 ans dont l’âge mental est celui d’un enfant de six ans, selon les expertises médicales. Elles l’ont ensuite prise en photos, qu’elles ont montrées à des collègues.

Selon l’avocat de la victime - « qui n’a plus de famille et est placée sous tutelle » assurée par une association - cela lui a été « imposé ». « C’est choquant », continue Me Pierre-Jean Gribouva, tout en soulignant que c’est un « acte isolé », et que la tutelle garde « confiance » en cet établissement.

« C’était pour égayer sa vie »

« Il n’y a pas d’éléments intentionnels d’humilier », assure de son côté Sarah Bensaber, conseil de l’aide-soignante expérimentée, qui connaît la victime depuis « les années 2000 ». Sa cliente a « exprimé des regrets ». Selon les avocats de la défense, la lingerie n’avait pas de connotation sexuelle.

« Il y a eu une légèreté de la part de ma cliente mais absolument rien d’humiliant, de malveillant », affirme encore Me Alban Deberdt, avocat de la jeune aide-soignante qui a également fait « amende honorable ». « C’était pour égayer sa vie […] Ce n’est pas parce qu’on est handicapé qu’on ne peut pas avoir des moments de gaîté et la liberté de s’habiller comme on le souhaite. Elle choisit ses vêtements en disant oui ou non. Là, elle n’a pas dit non », affirme Me Alban Deberdt. Les deux avocats envisagent de faire appel, voyant dans l’interdiction d’exercer une « mort sociale ».

Le parisien