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Nucléaire : alerte sur l'un des réacteurs d'EDF à Taishan en Chine

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Lundi, 14 juin 2021

Nucléaire : alerte sur l'un des réacteurs d'EDF à Taishan en Chine

Que se passe-t-il au sein de la centrale nucléaire de Taishan, dans le sud de la Chine ? La chaîne d'information américaine CNN a fait état d'une « fuite » du combustible dans le circuit de refroidissement du réacteur EPR numéro 1. Framatome et les autorités chinoises estiment que la centrale « est dans son domaine de fonctionnement et de sûreté autorisé ». EDF a convoqué un conseil d'administration de l'opérateur de la centrale en urgence.

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Le monde du nucléaire a les yeux tournés vers la Chine, non loin de Canton, Hong-Kong et Macao. EDF a confirmé lundi matin avoir été « informée de l'augmentation de la concentration de certains gaz rares dans le circuit primaire du réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Taishan en Chine ».

C'est l'un des deux seuls réacteurs nucléaires EPR de technologie française qu'EDF a mis en service dans le monde. A Taishan, l'unité 1 a démarré son exploitation commerciale le 13 décembre 2018 et l'unité 2, le 7 septembre 2019.

EDF, qui est co-actionnaire à hauteur de 30 % dans l'opérateur de cette centrale TNPJVC aux côtés du chinois CGC, ajoute avoir demandé la tenue d'un conseil d'administration extraordinaire de cette co-entreprise « pour que le management présente l'ensemble des données et les décisions nécessaires ».

Des fuites des assemblages combustibles

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A l'origine des difficultés sur place : des « fuites » possibles des assemblages combustibles dans le circuit primaire destiné au refroidissement du réacteur. Rapportées par la chaîne d'information CNN, ces informations ont été confirmées par EDF. Concrètement, des gaz rares ont été mesurés dans le circuit primaire du réacteur numéro 1 de la centrale de Taishan. Ce phénomène est un « phénomène connu, étudié et prévu par les procédures d'exploitation des réacteurs », précise EDF.

Lorsque ce type d'événement survient, la radioactivité des pastilles de combustible franchit les gaines métalliques des crayons d'assemblage combustibles placées au coeur du réacteur. Censées être étanches, ces gaines contaminent ainsi l'eau destinée au refroidissement du combustible.

Dans le cas présent, selon plusieurs sources, le phénomène dure depuis « plusieurs semaines ». Par ailleurs, toujours selon ces sources, le niveau de gaz rares identifiées dans le circuit primaire dépasse les standards français qui sont parmi les plus élevés au monde. 

« Entre 2 et 20 crayons combustibles peuvent fuir sur les 70.000 présents dans le réacteur », explique une source proche d'EDF. Fonctionnant en circuit fermé, le circuit primaire n'a pas, en théorie, contaminé l'environnement. Reste que l'origine de ces fuites et l'ampleur de leurs rejets dans le circuit primaire sont incertaines.

Révélations de CNN

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Selon CNN, c'est la filiale d'EDF, Framatome (ex-Areva NP) qui aurait alerté les autorités américaines. La chaîne d'information américaine cite un courrier de Framatome au ministère de l'énergie américain, indiquant que l'autorité de sûreté chinoise aurait repoussé les limites acceptables pour la détection des rayonnements à l'extérieur de la centrale pour éviter sa mise à l'arrêt.

« Tout le monde s'accorde à dire qu'il faut arrêter le réacteur », pointe aussi à Paris une source proche d'EDF. Toutefois, en dépit de ces événements récents, la mise à l'arrêt du réacteur numéro 1 de Taishan, prévue en février 2022, n'a pas à ce stade, été avancée.

Il faut dire que cet incident intervient alors qu'a sévi une pénurie d'électricité dans le Guangdong, le centre industriel du pays, qui a poussé plus de 20 villes à rationner l'électricité délivrée à certaines entreprises et usines.

Limites acceptables

Selon CNN, l'administration Biden a par ailleurs estimé que l'installation n'avait pas encore atteint un « niveau de crise ». De son côté, Framatome a toutefois indiqué que « sur la base des informations disponibles, la tranche (NDLR le réacteur numéro 1) est dans son domaine de fonctionnement et de sûreté autorisé » et qu'elle « apporte son soutien à l'analyse de l'évolution d'un des paramètres de fonctionnement de la centrale ».

« Nos équipes travaillent avec les experts concernés pour suivre et évaluer la situation, et si nécessaire, proposer des solutions. », précise encore la filiale d'EDF dans son communiqué.

De son côté, l'exploitant de la centrale, China General Nuclear Power Group (CGN), fait état dans un communiqué d'indicateurs environnementaux « normaux ». « L'unité 1 de la centrale nucléaire de Taishan […] fonctionne actuellement à pleine puissance. La tranche 2 a été révisée comme prévu et reconnectée au réseau le 10 juin 2021. Cette révision est la première révision de la tranche 2 de la centrale nucléaire de Taishan après sa mise en service commerciale. La sécurité, la qualité et la période de construction de la révision ont tous atteint les objectifs fixés », assure l'exploitant chinois.

Aprnews avec Lesechos.fr