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Etats-Unis : Campagne contre Netflix taxé de sexualiser des enfants avec le film « Mignonnes »

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Samedi, 12 septembre 2020

Etats-Unis : Campagne contre Netflix taxé de sexualiser des enfants avec le film « Mignonnes »

Si les attaques sont venues de tous types d’internautes, y compris à gauche, le sujet a incontestablement rassemblé de nombreux conservateurs américains, parmi des membres du parti républicain dont certains sont candidats au Congrès.

Des milliers d’internautes ont appelé ces derniers jours, via les réseaux sociaux, à boycotter Netflix, accusé d’avoir mis en ligne le film français « Mignonnes » réalisé par Maïmouna Doucouré, qui sexualise, selon eux, les enfants héroïnes de ce long métrage.

Plus de 200 000 tweets ont utilisés le mot-clé #CancelNetflix (supprimer Netflix) jeudi, ce qui en a fait, un temps, le premier « hashtag » mondial sur Twitter.

Une première vague de critiques, en août, avait amené Netflix à retirer un visuel utilisé pour promouvoir le film, intitulé « Cuties » en anglais et qui est sorti en salles mi-août en France, avant d’être mis en ligne aux Etats-Unis mercredi. La plateforme avait aussi présenté ses excuses pour avoir utilisé ce visuel « inapproprié », selon elle.

Alors que l’illustration originale montrait des jeunes filles courant dans la rue et jetant en l’air des vêtements, la version choisie pour annoncer sa sortie auprès des spectateurs américains le 9 septembre sur la plateforme montre les mêmes personnages prenant des positions suggestives dans des tenues moulantes.

Si les attaques sont venues de tous types d’internautes jeudi, y compris à gauche, le sujet a incontestablement rassemblé de nombreux conservateurs américains, parmi des membres du parti républicain dont certains sont candidats au Congrès.

« La pornographie juvénile est illégale en Amérique », a tweeté DeAnna Lorraine, qui fut candidate républicaine en Californie pour un siège à la Chambre des représentants.

« En tant que mère d’une fille de 8 ans, je soutiens fermement #CancelNetflix », a renchéri Beatrice Cardenas, elle aussi républicaine de Californie.

Prix au festival de Sundance

Le film, qui a reçu un prix de réalisation au prestigieux festival américain de Sundance, évoque l’histoire d’Amy, Parisienne de 11 ans, qui doit jongler entre les règles strictes de sa famille sénégalaise et la tyrannie de l’apparence et des réseaux sociaux, qui joue à plein chez les enfants de son âge.

Elle intègre un groupe de danse formé par trois autres filles de son quartier, dont les chorégraphies sont parfois suggestives, à l’instar de celles de beaucoup de stars de la pop actuelle.

« L’hypersexualisation de filles (et de garçons) est écoeurante », a tweeté Omar Navarro, autre politicien republicain. « C’est répréhensible sur le plan moral et éthique. Les pédophiles, les violeurs d’enfants et les pervers se régaleraient avec #Cuties ».

Certains ont utilisé le mot-clé #SaveTheChildren (sauvez les enfants), qui correspondait, initialement, à une vraie campagne de charité pour l’organisation Save The Children mais a été récupéré par les complotistes du mouvement QAnon.

Cette théorie, populaire au sein de l’extrême droite et dont aucun élément n’a jamais été démontré, veut notamment que des célébrités, de gauche pour la plupart, aient organisé un vaste réseau pédophile, que Donald Trump aurait pour mission de démanteler.

« Une chronique sociale »

Face à ce torrent de critiques, ils ont été quelques-uns jeudi à monter au créneau pour défendre le film, parmi eux la comédienne américaine Tessa Thompson (« Creed »« Avengers: Endgame »), qui l’a trouvé « magnifique ».

« Il permet à une nouvelle voix de s’exprimer », a-t-elle écrit sur Twitter, en référence à la réalisatrice Maïmouna Doucouré, qui « puise dans son expérience »« Je suis déçue par le discours actuel » qui critique le film, a-t-elle ajouté.

« “Cuties” est une chronique sociale contre la sexualisation des jeunes enfants », a commenté à l’AFP une porte-parole de Netflix. Le film évoque « la pression à laquelle font face les jeunes filles, dictée par les réseaux sociaux et la société en général », a-t-elle ajouté.

« Nous encourageons tous ceux qui se sentent concernés par ces problématiques à visionner le film », a conclu la porte-parole.

Une lecture du film exprimée par la réalisatrice elle-même dans une interview accordée à « Paris Match » : Maïmouna Doucouré y explique avoir été choquée de voir, il y a quelques années, des jeunes filles s’adonner à des danses lascives et vouloir « remettre en question les outils qu’on leur donne pour se construire ».

L'Obs