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Dr Fanne Mahamat meurt dans l'incendie du Night Club de Yaoundé

Incendie - Nécrologie - Dr Fanne Mahamat - boîte de nuit
Dimanche, 23 janvier 2022

Dr Fanne Mahamat meurt dans l'incendie du Night Club de Yaoundé

Agée d’une quarantaine d’années, mère de trois adolescents, la combattante de première heure de la lutte contre le Covid-19, Dr Fanne Mahamat épouse Ousmane, directeur de la promotion de la Santé au Ministère camerounais de la Santé publique et gestionnaire adjointe de l’incident du Covid-19,  est décédée  au petit matin du 23 janvier 2022 suite à un incendie survenu au Livs Night Club de Yaoundé, au quartier Nlongkak .  Elle  et son frère décédés au cours de cet explosion, seront inhumés au cimetière de Soa.

D’après les premières informations recueillies sur place, 17 morts enregistrés à 9h du matin dont 14 sur le champ. Dont le Dr Fanne Mahamat épouse Ousmane fait partie des personnes tuées par le feu qui s’est déclenché dans cette boîte de nuit de Yaoundé. On note également plusieurs blessés graves conduits aux urgences de l’hôpital central de Yaoundé et d’important dégât matériel.

La femme au grand cœur s’est éteinte en offrant son amour à ses proches. Elle meurt telle qu’elle a vécu.

Disponible, ouverte, leader, sympathique, « la mama » comme l’appelait ses collaborateurs s’en va le cœur sur la main. « Paix à ton âme chère Dr Fanne. Immense tristesse. Je garde de toi, l’image d’une femme au service des humaine », écrit Dr Ngono, enseignant, philosophe.  Comme lui, de nombreux témoignages sont partagés sur la toile.

« Dr Fanne Mahamat, un modèle du leadership féminin dans le domaine de la santé », se retient  Dr Flavie Masse Soundjock, chirurgien-dentiste. « Une grande dame. Energique avec une détermination. Condoléances à sa famille », précise Dr Franck Nana, président de l’Ordre national des pharmaciens du Cameroun.   

Travailleuse acharnée

Elle avait  un seul mot dans sa bouche : le travail.  C’est d’ailleurs dans cet état esprit que l’Incident manager second des équipes du Centre national des opérations des urgences de santé publique de Yaoundé (Cousp), dans le cadre de la riposte contre la Covid-19 œuvre.

De jour comme de nuit, elle a passé son temps à sensibiliser les communautés, communiquer sur l’évolution de épidémie, faciliter le dépistage précoce, et traiter pour limiter la propagation du virus sur l’étendue du territoire.

Une charge qu’elle exécute avec maestria, ce, depuis la confirmation des premiers cas positifs en mars 2020 au Cameroun. Au grand plaisir de sa hiérarchie, rassurée de ses compétences et de ses qualités reconnues d’utilité pour la cause.

Un parcours  riche

Le directeur de la Promotion de la santé au ministère de la Santé publique (Minsanté), Dr Fanné Mahamat épse Ousman, est avant tout médecin et spécialiste en santé publique, qui draine une riche expérience.

Elle est native du Logone et Chari, par Kousseri, région de l’Extrême-Nord Cameroun. Le médecin du septentrion comme aiment à l’appeler des proches a bel et bien le profil du métier. Comme qui dirait, «the right woman at the right place».

Ceci, grâce à son background enrichit de multiples formations. Faut-il le relever, Fanné Mahamat s’est formée dans les domaines de compétences cliniques (médecine générale, gynécologie-obstétrique) et en santé publique tels que : la promotion de la santé publique, l’épidémiologie, les urgences de santé, la néonatalogie, la santé de la reproduction, la vaccination…

C’est donc une femme accomplie. Si l’on y associe son expérience professionnelle, la jeune mère au foyer a aligné les postes de responsabilités tant au ministère de la Santé publique qu’à l’Organisation mondiale de la santé (Oms).

Tour à tour, Dr Fanné Mahamat a mérité la confiance de sa hiérarchie en étant nommée coordonnatrice adjointe du Programme national de lutte contre l’onchocercose, délégué régional de la santé publique de l’Extrême-Nord, et coordonnatrice du bureau terrain de l’Oms parallèlement point focal de l’Oms pour le projet Sida/ H4+, avant d’être promue directeur de la Promotion de la santé publique en mai 2019. D’où, le choix porté sur son illustre personne dans la lutte contre la pandémie de la Covid-19.

Don de soi pour sauver les vies

Passionnée du travail bien fait, distraite et humble, Fanné Mahamat a perdu le sommeil dès la déclaration des premiers cas positifs au Covid-19 en mars 2020 au Cameroun. Elle était debout au premier chant du coq, pour la cause. 

« Avec elle, c’est le travail tout le temps. Je dirais même que c’est une femme, qui forçait l’admiration par sa rigueur au travail », lance un proche collaborateur. Elle a engagé immédiatement des actions sous l’impulsion du Minsanté, pour sensibiliser les communautés dès le début de cette pandémie.

Faisant don de soi, elle a passé ses journées dans les réunions avec l’ensemble des équipes, pour faire le point au jour le jour sur l’évolution de l’épidémie sur le territoire en faveur du ministre de la Santé publique.

Elle était appelée à fournir les informations sur le Covid-19 à travers des points de presse au quotidien. À côté, elle coordonne les opérations d’urgence liées à la pandémie au niveau du Cousp.

Une tâche titanesque qui demande plus d’efforts, si l’on s’en tient aux missions dévolues à la riposte : sensibiliser, dépister, et traiter qu’elle brave, grâce au souci du bien-être des populations.

Sa bataille trouve un sens au moment où l’on amorce la troisième phase opérationnelle de cette lutte contre cette pandémie, celle qui recommande plus de vigilance.