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Côte d'Ivoire : le Bizi ou prostitution déguisée des jeunes filles

Aprnews - Tourisme sexuel ou Bizi, le bordel caché des ivoiriennes - Côte d'Ivoire -
Mercredi, 29 décembre 2021

Côte d'Ivoire : le Bizi ou prostitution déguisée des jeunes filles

Le Bizi ? Cette nouvelle méthode d’argent facile ou autres raisons poussent les jeunes filles à la débauche.

Quelles peuvent en être les conséquences ? Voici quelques réponses.

Le Bizi vient du nouchi, jargon ivoirien et signifie « business ». “Gérer bizi” revient donc à faire du business, principalement basé sur le sexe. “Elle gère bizi” se dit donc d’une jeune fille, ou femme qui vend son corps en échange de sommes d’argent. Il est donc clair qu’il s’agit de la prostitution déguisée.  »Elles ont fini avec les anciennes méthodes, plus besoin de se mettre sur les carrefours, le bizi l’a déguisé et remplacé« , témoigne un observateur.

La plupart des clients qui rapportent gros sont des hommes d’affaires riches ou des expatriés. Laurine, une jeune femme qui pratique le bizi raconte:

Je suis serveuse dans un bar à Marcory depuis six mois. Là-bas, toutes les filles gèrent bizi. Elles sont jolies avec leurs mini jupes et leurs robes moulantes. C’est le patron qui veut ça. Il nous a demandé de séduire les hommes qui viennent boire un verre, comme si de rien n’était. En fin de soirée, on rentre avec eux ou on va à l’hôtel. Juste avant de passer à l’acte, on demande l’argent. Entre 20 000 et 40 000 francs CFA, selon le client. Le patron prend une commission.

C’est une pratique qui a connu une croissance assez fulgurante. En effet, la cherté de la vie et les conditions de vie précaires de plusieurs jeunes femmes les poussent à opter pour cette solution.

Rosaline, une élève raconte sur contrepoints.org : « Nos parents ne peuvent pas se permettre de répondre à nos besoins. Ils ne peuvent pas nous acheter des vêtements. Souvent, ils ne nous versent pas d’argent de poche quand nous allons à l’école. À l’école, nous sommes pointées du doigt ; c’est ce qui nous pousse à faire ce « job » afin de pouvoir subvenir à nos besoins. Ce n’est pas de notre faute. »

La lecture du tableau nous permet de constater que 13 jeunes filles sont originaires du Burkina Faso et deux proviennent de deux autres pays d’Afrique de l’Ouest : la Côte d’Ivoire et le Nigéria. Bobo-Dioulasso est une ville qui fait le lien entre Ouagadougou et d’autres capitales de la sous-région comme Bamako et Abidjan. Par conséquent, la ville connaît un flux migratoire important. Cependant, le constat est que la majorité des jeunes filles en situation de prostitution rencontrée sont originaires du pays.

Le plus souvent, les jeunes filles entrent dans ce milieu par l’intermédiaire d’une personne plus âgée ou encore par le biais d’amies déjà initiées. Les hôtels, restaurants, bars, salons de massage et internet sont les principaux endroits où les géreuses de bizi trouvent des clients.

«J’ai un client qui refuse de se protéger. Souvent, je suis attachée et battue. Je me tais et je subis tout ce qui peut exciter mon client d’après lui.» C’est un bout de témoignage d’une “géreuse de bizi”, recueilli sur internet ( lemonde.fr ). Derrière le luxe, la belle vie apparente, se cache un revers de médaille des moins reluisants. Plusieurs s’exposent à des maladies sexuellement transmissibles, d’autres subissent différentes formes de viol et de violence. Et dans des cas extrêmes, des menaces de mort surviennent.

Une fois dans ce milieu, il est difficile d’arrêter ou de se séparer d’un client tant qu’il ne l’a pas décidé. Surtout si c’est un homme influent. Il est vrai que chaque femme est libre de disposer de son corps comme elle l’entend. Il est aussi vrai que des conditions difficiles peuvent nous pousser à choisir cette solution.

Mais avant toute chose, il est important de bien réfléchir et de se poser les bonnes questions. Est-ce vraiment le genre de vie que je veux pour moi ? N’y a-t-il pas une autre solution ? En vaille-t-il vraiment la peine que je sacrifie ma santé, mon corps pour quelques billets et du matériel ?