APRNEWS - Deux jours après la commémoration du 30ème anniversaire du décès de Houphouët BOIGNY, Tidjane Thiam prenait la parole avec forte émotion. L’émotion d’être à Yamoussoukro à quelques pas de là où est enterrée une partie de sa généalogie. L’émotion du souvenir de ses balades en forêt avec son grand-père Houphouët Boigny, l’homme dont il vécut dans la proximité. C’est dans ce rapprochement que, par un heureux mimétisme, se forgea son humanité, sa passion pour l’homme. Thiam, c’est l’Houphouëtisme personnifié !

Regardant le monde venu de toutes les contrées du pays, l’orateur parlera, ce jour-là, d’un condensé de la diversité qui caractérise la Côte d’Ivoire et qui est à la fois sa richesse et sa force. Thiam y a lu un symbole qui dépasse sa modeste personne et témoigne davantage de l’attractivité du PDCI. Chez l’homme, ici, transparaissait humilité et ambition pour le PDCI.

Justifiant le choix de Yamoussoukro pour ce rassemblement fraternel, Tidjane Thiam a évoqué quelque sacralité. Lui qui croit dans la double dimension matérielle et spirituelle de l’existence, nous a rappelé aussi que c’est à Yamoussoukro que le père-fondateur, entouré de ses compagnons, a dirigé le combat finalement victorieux contre les abus du régime colonial. C’est aussi là que s’est façonné son rêve, sa vision d’une Côte d’Ivoire unie et prospère au bénéfice de tous ses enfants. Tidjane montre ici sa foi dans les immenses possibilités de l’union et dans la conjonction des forces pour le bonheur de cette République multiculturelle d’Eburnie. Tout le secret de la réussite de son grand-père Houphouët Boigny.

Historiquement, le PDCI a incarné dans la durée une tradition politique, celle du nationalisme ivoirien et du développement dans la paix. Il y a donc un lien entre le parti démocratique et le pays. C’est pourquoi, l’ex-ministre du plan garde l’espoir, dans un élan de gratitude et un profond sentiment de devoir envers son parti, de diriger celui-ci.  Thiam y voit là tout le devoir d’un bon héritier, celui qui se donne l’obligation de faire fructifier, d’amplifier et de développer ce lien mystique entre le PDCI et la nation ivoirienne. Cette ambition, pense Thiam, requiert toutefois la nécessité de transcender les différences au PDCI pour renforcer l'unité pour le bien de la communauté verte. De cette unité, assure le candidat PDCI, le parti tirera la force de vivre et le pouvoir de vaincre ceux qui prédisent son explosion. Tidjane partage ici sa conviction qu’arrive un PDCI résilient et d’une robustesse à toute épreuve.

Face à des défis cruciaux, pense l’ex-Dg du BNETD, cette résilience n’est possible qu’avec un leadership fort et visionnaire qui apporterait des réponses pragmatiques aux ivoiriens, tant sur les plans de la cohésion nationale, de la gouvernance politique que de l’économie et du social.  Y joueront également, assure-t-il, la détermination, la créativité et l’ingéniosité dont feraient preuve les militants du PDCI. Tidjane Thiam, veut conduire le PDCI à jouer un rôle central dans la construction d’une Côte d’Ivoire reconciliée, prospère et apaisée où chaque citoyen, imprégné des valeurs de travail et de mérite, a l’opportunité de réaliser son plein potentiel. 

Thiam a aussi une claire conscience de l’histoire et de la sociologie de son parti. Il insiste sur la nécessité de redynamiser le PDCI au nord de la Côte d’ivoire, une région septentrionale où sont interdites de fait les activités politiques des partis autres que le RDR. L’ex-ministre du plan promet de redonner à la région des savanes son rôle de bastion du PDCI, car il rappelle l’inestimable soutien de Gbon Coulibaly, né Péléforo Gbon Soro, à la création du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI). Gbon avait également eu, en 1945, et Thiam ne l’oublie pas, une alliance avec Félix Houphouët-Boigny et le Syndicat agricole africain (SAA). La promesse de la stimulation du PDCI au nord est aussi le gage de son repositionnement, de son redimensionnement et de son grand retour au pouvoir d’Etat.

Enfin, en ce qui concerne l’organisation fonctionnelle du PDCI, Tidjane Thiam envisage une stricte politique de décentralisation de la gestion du parti. Le banquier ivoirien donne là la garantie de la responsabilisation et de l’amélioration de la transparence de la gouvernance publique. Les forces décentralisées disposeront d’une liberté de décision pour définir les normes de leurs actions et les modalités de leurs interventions. La vision de Tidjane Thiam traduit donc un nouvel équilibre dans la répartition des pouvoirs au sein du PDCI. Que de belles perspectives !

Jean Clotaire Tétiali