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APRNEWS : Invalidation de la candidature de Guikahué - Complot, rigueur, réalisme ?

APRNEWS - Invalidation de la candidature de Guikahué - Complot, rigueur, réalisme ? Par Jean Clotaire Tétiali
Mardi, 5 décembre 2023

APRNEWS : Invalidation de la candidature de Guikahué - Complot, rigueur, réalisme ?

APRNEWS - La candidature de Guikahué a été invalidée. Que faut-il y lire ? Le fruit d’un impitoyable complot contre l’homme, ou la manifestation d’une rigueur ou du réalisme politique le plus lucide ?

 APRNEWS - L’organisation de l’élection du nouveau président du PDCI a pris un autre tournant. En effet, alors que les regards et la réflexion étaient résolument tournés vers les modalités d’accession à une candidature consensuelle, la nouvelle de l’invalidation des candidatures de Maurice Kakou Guikahué et d’Akossi Benjo tomba. En cause : la procédure de contrôle judiciaire dont chacun d’eux fait l’objet. 

Sans plus attendre, le comité de campagne de Guikahué dénonça un rejet surprenant, arbitraire, injuste et juridiquement infondé. Ce comité vanta, au soutien de sa haute protestation, la régularité qui a entouré le dépôt des dossiers de son candidat. Ce dépôt s’est fait, assure-t-il, conformément aux prescriptions du communiqué du Comité électoral. L’équipe de Guikahué précisera même avoir donné au Comité électoral un casier judiciaire vierge.

Le contrôle judiciaire, le comité de campagne du Secrétaire Exécutif en chef en parle comme d’une banalité procédurale sans implication politique ni sociétale, et « sans incidence sur le casier judiciaire de Guikahué ». Et pourtant, le contrôle judiciaire a des exigences d’encadrement de la liberté et peut possiblement aboutir à un mandat de dépôt, si les restrictions imposées au mis en cause ne sont pas respectées. On ne peut dire qu’il n’est pas contraignant à l’égard d’un homme politique qui a besoin de toute sa liberté d’association et d’aller et de venir et de sa liberté de décision, de réunion etc.

A vrai dire, il  y a un terrible quiproquo entre deux visions, voire deux grilles de lecture autour de cette situation : La perception strictement liée au droit, qui est celle du comité de campagne de Guikahué et la perspective strictement politique que porte le Comité électoral du PDCI. 

Juridiquement, la virginité du casier judiciaire, argument brandi par l’équipe Guikahué, traduit simplement que le relevé des condamnations contre son candidat ne mentionne aucun méfait. Tout comme il est tout aussi acquis que le contrôle judiciaire le frappant n’est pas une mesure de condamnation : « la procédure de contrôle judiciaire n’est qu’une simple mesure administrative prise par le juge d’instruction ».

Au plan politique, la présidence intérimaire du PDCI ne perd pas de vue que les élections en Afrique comportent toujours un piège : l‘’exigence de grande probité morale’’ chez le candidat. Ce concept, moins juridique que philosophique, laisse grandes ouvertes les portes de toutes les formes de spéculations et, offre au juge, malheureusement, les possibilités d’une interprétation  téléologique, donc personnelle, des textes.

La probité peut être admise comme la vertu qui consiste à observer scrupuleusement les règles de la morale. Elle a pour synonyme le mot « intégrité » auquel s'attache l'idée particulière d'une pureté, d’une rectitude. On voit bien que là-aussi git le piège d’une interprétation possiblement intéressée et malveillante. D’ailleurs, pour évaluer les atteintes à la probité, il faut remarquer que le juriste s’en tiendra toujours aux définitions légales et à leurs interprétations jurisprudentielles ; d’autres magistrats seraient inévitablement portés à y englober toutes les perversions de la morale sociale. L’homme de droit en parle comme d’une opinion publique ou d’un sentiment général.  C’est pourquoi, l’exigence de probité morale, le juge la place au-delà du droit, la livre donc ainsi en pâture, pas à une objective compréhension partagée, mais à la sensibilité ou à l’appréhension individuelle et personnelle du magistrat.

On saisit donc que la morale qui renferme l’éthique et bien d’autres réalités et la conscience, elle est une notion sans conformation, sans contours précis, qui s’apprécie, par conséquent, non pas objectivement, mais selon le ressenti du moment et le degré de malveillance ou de bienveillance du juge électoral.. C’est pourquoi elle n’est pas la résultante objective de l’action judiciaire, mais le reflet du subjectif collectif. Donc la plus grande prudence est requise là où l’on parle d’exigence de grande probité morale. Ou, plus généralement, là où il est question de notions dont la forme n’est pas achevée ou pour lesquelles aucune définition satisfaisante n’est élaborée. 

On peut dès lors comprendre toute l’inquiétude du Comité électoral du PDCI qui, loin de voir en Guikahué un infracteur ayant maille à partir avec la justice de son pays, le considère comme la victime sans défense d’une nouvelle pratique électorale qui consiste à éliminer a priori des candidats redoutés, laissant le soin à la justice accomplir la besogne. Peut-être me rétorquera-t-on que le Professeur Guikahué ne demandait qu’à être président du parti et non candidat à l’élection présidentielle de 2025. Que pouvait-il lui-même en savoir avec une certitude strictement absolue déjà en 2020 ?

En vérité, le Professeur Cowpply et son équipe n’ont montré aucune animosité contre Maurice Kakou Guikahué. D’ailleurs, quelle en aurait été la pertinence, pour quelle raison objective auraient-ils pris la décision d’invalider sa candidature alors, qu’en toute franchise, de plus en plus de voix s’élèvent pour promettre leurs suffrages à Tidjane Thiam? Cowpply et les siens en avait-il vraiment besoin ? Guikahué ne serait-il pas mort de sa belle mort politique, le 16 décembre au soir, lors d’une élection pour laquelle tous appellent à voter son concurrent !

Dans une Côte d’ivoire normalisée, le Professeur Maurice kakou Guikahué, le « général courage », pourra capitaliser tout le sacrifice personnellement consenti pour la vie et la survie du PDCI et alors, récolter la récompense de tous ceux qui auront gardé de lui une haute opinion. D’ailleurs, que pouvons-nous savoir, sans ambages, des décisions possibles de l’élu du soir du 16 décembre prochain ? 

Jean Clotaire Tétiali