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APRNEWS : Election au PDCI - Encore l’ombre de la justice… ?

APRNEWS - Election au PDCI - Encore l’ombre de la justice… ? par Jean Clotaire Tétiali
Jeudi, 14 décembre 2023

APRNEWS : Election au PDCI - Encore l’ombre de la justice… ?

APRNEWS - Une des propriétés attendues du droit et de ses professionnels est la neutralité : la fonction de la justice est bien d’arbitrer entre des différends, de prononcer une peine juste permettant la réparation d’un tort individuel ou collectif, indépendamment des pressions. Relativement à cette version idéalisée droit neutre, d’une justice impartiale n’ayant comme seul objectif que le respect du droit, on peut, dans le cadre des élections en Côte d’ivoire, poser la question de l’engagement politique du juge.

APRNEWS -  Ceci laisse, c’est vrai, l’impression d’une remise en cause visant des hommes de loi, tout comme la dénonciation d’une collusion entre des politiques et leur justice. Mais les choses sont bien plus complexes !

Cette impression générale est entretenue par les politiques eux-mêmes, qui, pour un oui ou un non, évoquent, avec une constance suspecte, l’idée de la saisine du juge. Au point où on croirait que devant son incapacité à faire valoir ses idées ou à convaincre par la force de l’argument, le candidat politique se décharge sur le juge. Mieux, souvent, il s’agit juste de saisir l’autorité judiciaire pour ‘’mélanger’’ les choses ou d’entacher l’élection de l’adversaire. On est ainsi assuré au moins que le juge prendra son temps pour comprendre, analyser et donner la réponse qui lui parait la meilleure possible. On peut alors se réjouir d’avoir bloqué tout un processus électoral. Quelquefois par jalousie simplement, souventes fois par envie ou, assez souvent, par souci d’honorer un malveillant mandat secret.

Particulièrement au PDCI, ces derniers temps, on est désormais dans la technique du Trauma dumping, le partage excessif d'émotions et de pensées prétendument douloureuses pour convoquer la sympathie et le soutien aveugle d’autres militants. Les ‘’usagers d’une telle pratique’’ sont heureusement souvent trahis par une très visible volonté de saisir le juge, quoiqu’ils prétendent toujours le contraire.

Est-ce là qu’il faut inscrire l’attitude illisible du Professeur Guikahué ? On l’entendait dire, il y a quelques jours, qu’il restait et demeurait PDCI, invitant, en outre, à se raviser, tous ceux qui entretenaient l’espoir de déstabiliser son parti avec sa caution. La joie des militants du PDCI fut de très courte durée. En effet, seulement 48 heures plus tard, le secrétaire exécutif en chef se dresse à nouveau contre sa famille politique, agitant la menace d’une action judiciaire si son nom n’était pas gommé de la liste électorale relative à l’élection du nouveau président du parti. Ensuite, comme dans une belle orchestration, l’homme saluera une déclaration conjointe par laquelle les ministres Thierry Tanoh et Jean Louis Billion, tous membres du PDCI, dénonçaient une élection mal organisée et inéquitable. Paranoïa ou pas, conjectures ou constats réels, des militants déclarent avoir vu Thierry Tanoh et Billion chez une autorité judiciaire du pays, tentant de la convaincre de faire annuler l’élection du samedi 16 décembre prochain. En tout état de cause, ici aussi, apparait l’idée de la saisine du tribunal au nom de l’ordre public. On vit désormais, à l’intérieur du parti, dans un halo de suspicion généralisée.

Au-delà de tout, on devrait se demander ce que recherche réellement le PDCI et ce qu’il se veut à lui-même. Surtout, il faut peut-être chercher à comprendre, si l’information était avérée, à quel but répond la démarche conjointe de Billion et Tanoh? La question est d’autant plus justifiée que le RHDP lui-aussi a connu des problèmes d’application de ses textes statutaires, lorsqu’il s’est agi de désigner le candidat du parti à l’élection de 2020. Malgré les ronronnements tonitruants et autres protestations de ses militants, Alassane Ouattara, dans une parfaite transcendance des dispositions textuelles, a choisi d’autorité Gon Coulibaly. Le parti n’a ni implosé, ni explosé et personne n’a introduit de demande en vue d’une solution judiciaire. Les textes se sont momentanément effacés au profit du contexte politique du moment, celui du choix d’un chef qui a cru bon de peser et soupeser personnellement et directement les chances de ses poulains pour l’élection du Président de la République. 

En revanche, au PDCI, tous veulent instrumentaliser la justice parce qu’ils savent qu’elle a le devoir de recevoir des demandes et, bien sûr, sur les bases d’un certain nombre de conditions, d’y apporter des réponses. La vérité, c’est qu’on peut trouver dans tout procès l’occasion de faire du dilatoire, de témoigner faussement et de tenter de tromper la vigilance du juge, qui de bonne foi, peut adhérer à des thèses ou épouser des causes injustes. Les grands esprits étant aussi sujets à se méprendre quelquefois. Alors, ceux qui savent leur combat perdu d’avance, ceux qui ont une claire conscience de leurs insuffisances, ceux qui ont un agenda caché, mêlent ainsi la justice, à son insu, à leurs manœuvres politiciennes. Malheureusement, il peut arriver qu’ils aient aussi gain de cause.

Jean Clotaire Tétiali