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APRNEWS - Bénin : Affaire Reckya Madougou, entre le marteau du populisme politique et l’enclume de la vérité

Reckya Madougou - Affaire - Benin
Samedi, 1 avril 2023

APRNEWS - Bénin : Affaire Reckya Madougou, entre le marteau du populisme politique et l’enclume de la vérité

APRNEWS - « Le 24 février 2021 vers 22h30mn, Georges Saka qui se trouve être l’un des plus proches collaborateurs de Mme Reckyath Madougou à Parakou est entré en contact avec le Colonel Ibrahim Mama Touré pour, dit-il, lui confier une mission importante et très sensible. Cette mission devait se dérouler en plusieurs étapes et devait commencer par le meurtre d’une autorité politique de Parakou sur un axe routier qu’elle empruntait régulièrement.

APRNEWSLa mission devait se poursuivre par le meurtre d’une seconde autorité politique à l’occasion des obsèques de la première victime. Le but de ces manœuvres est de provoquer la terreur, le chaos, et de parvenir ainsi à faire suspendre le processus électoral en cours. Le Colonel Ibrahim Mama Touré accepte la mission. Les deux mis en cause définissent les modalités de la première opération avant de s’accorder sur son coût. La somme convenue est versée par Georges Saka au Colonel Ibrahim Mama Touré dans la journée du vendredi 26 février 2021.

Juste après la remise des fonds, les deux individus sont interpelés par la police républicaine. De l’aveu du Colonel Ibrahim Mama Touré, chargé d’accomplir la mission, cette somme a été envoyée par Mme Reckyath Madougou. C’est ce qui justifie l’interpellation de cette dernière dans le cadre de l’enquête en cours ».

 

C’est en ces termes que le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), Mario Metonou, a exposé face à la presse, le jeudi 5 mars 2021, les raisons de l’arrestation, deux jours auparavant, soit le 3 mars 2021, de Reckyath Madougou, ancienne Garde des sceaux, ministre de la Justice sous l’ex-chef d’Etat Yayi Boni dont elle a été la candidate recalée à l’élection présidentielle de 2021 du parti politique Les Démocrates.

A noter que M.Yayi Boni est le président d’honneur de cette formation politique de l’opposition béninoise. Des faits graves qui visaient en creux, la déstabilisation de la République du Bénin et de toute évidence la chute du régime du président Patrice Talon.   

Pour les uns, ces faits dont la CRIET et ses fins limiers  accusent Mme Reckyath Madougou se résument en une ambition de déstabilisation de l’État béninois et du  renversement du pouvoir constitutionnel du président Patrice Talon nourrit par l’ex-Garde de sceaux. Pour les autres, notamment, le parti Les Démocrates, il s’agit d’un acharnement  contre Reckyath Madougou et d’une cabale politique qui serait inventée de toute pièce par le pouvoir afin de bâillonner l’opposition.  Des déclarations et des attaques verbales enrobées de populisme à travers lesquelles le parti Les Démocrates  se présente en victime expiatoire et tente de cacher le soleil avec la main.

Ce soleil, ce sont les informations plus précises concernant le mode opératoire du complot de déstabilisation du Bénin et les cibles qui devaient servir de prétexte. Ces cibles sont Charles Toko, ancien maire de Parakou, Rachidi Gbadamassi, autre influent acteur politique. Les assassinats de ces deux personnalités qui se feraient l’un après l’autre avaient pour objectif, au dire des enquêteurs de la CRIET et de la Police républicaine, de créer un climat d’insécurité, de tension et de chaos dans le pays afin d’interrompre le processus électoral de la présidentielle qui était en cours. En mettant aux arrêts, le mercredi 3 mars 2021, Reckyath Madougou à Porto Novo, la Police républicaine avait-elle vu juste ?

« Oui », affirme le ministre béninois des PME et de la promotion de l’emploi, Modeste Kérékou, qui a fait un témoignage accablant à l’endroit de Reckyath Madougou. Dans ce témoignage repris par la presse béninoise,  le ministre  Modeste Kérékou qui connait bien l’ancienne  Garde des sceaux affirme  qu’il a reçu par inadvertance un message via son whatsapp émanant de Reckyath Madougou alors que celle-ci était au Togo où elle assumait les fonctions de conseillère spéciale du chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé. « Ces messages WhatsApp parvenus sur mon téléphone par erreur révèlent sans autre interprétation que son auteure, dame Réckya Madougou, est tout sauf la patriote qu’elle prétend être au point d’aspirer à nous diriger contre vents et marrées, faute de quoi elle est prête à provoquer le chaos dans notre pays », soutient Modeste Kérékou.

Qui a expliqué qu’il avait en sa possession des « preuves irréfutables » que Reckya Madougou est « tout sauf la patriote qu’elle prétend être ». Ces preuves, ce sont des messages WhatsApp qu’il a reçus en décembre 2018, d’un numéro affichant l’indicatif du Togo et présentant en profil, une photo de Mme Madougou. Ces messages avaient été, par la suite supprimés quand leur expéditeur s’est rendu compte de sa méprise sur son interlocuteur.

Mais M. Kérékou avait pris soin, selon lui, d’en faire des captures d’écran. Pour Modeste Kérékou, il n’y avait plus aucun doute, ces éléments de preuve révélaient la véritable nature des intentions de la candidate recalée du parti Les Démocrates à l’élection présidentielle de 2021. Ce sont ces captures d’écran que le ministre béninois des PME et de la promotion de l’emploi a porté à la connaissance de l’opinion publique. Aucune personne se réclamant de Reckyath Madougou n’a infirmé ces accusations ou l’existence d’un tel compte whatsapp.

C’est au regard des preuves collectées par la CRIET et les aveux des personnes impliquées dans l’opération de déstabilisation du Bénin, entre autres, le colonel Ibrahim Mama Touré et l’homme de main de Reckyath Madougou, George Saka, que l’ancienne Garde des sceaux sous Yayi Boni a été condamnée, le samedi 11 décembre 2021, lors du procès devant  le Tribunal spécial à Porto Novo à 20 ans de prison ferme.

Selon le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement du Bénin, Alain Orounla,  Reckyath Madougou n’est pas victime d’un acharnement politique ni d’une chasse aux sorcières comme l’affirme son parti Les Démocrates.

A preuve, Joël Aivo et Moise Kérékou dont les candidatures à la présidentielle de 2021 ont été rejetées au même titre que celle de Reckyath Madougou par la commission électorale nationale, ne sont pas tous les deux confrontés à la Justice. Moise Kérékou est actuellement libre de ses mouvements, pendant que Joël Aivo a écopé de dix ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » et « blanchiment de capitaux ».

Comment sortir de cette affaire Reckyath Madougou ? Seule la grâce présidentielle peut y parvenir. Mais pour cela, les acteurs politiques de l’opposition béninoise notamment ceux du parti

Les Démocrates doivent faire profil bas et fumer le calumet de la paix avec le président de la République, Patrice Talon.  Parce qu’en démocratie, on ne prend pas le pouvoir par les armes ni par la violence politique.

Source : lemondeactuel