Vous êtes ici

Back to top

APRNEWS: Assauts contre Tidjane Thiam - Said Penda joue sa partition

APRNEWS - Assauts contre Tidjane Thiam - Said Penda joue sa partition- Par Jean Clotaire Tétiali 
Mercredi, 13 décembre 2023

APRNEWS: Assauts contre Tidjane Thiam - Said Penda joue sa partition

APRNEWS - Face à l’hégémonie du journalisme politique, le journalisme d’investigation est né, qui se veut une forme de journalisme « scientifique », privilégiant l’enquête sociale. Pratique tellement passionnante et gratifiante que tous ceux qui s’y adonnent devraient en placer la démarche sous les auspices de la phrase suivante : « notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ». Malheureusement !

APRNEWS - Il va sans dire que normalement, par sa démarche critique, le journalisme d’investigation devrait enrichir considérablement la réflexion du bien commun et celle sur les enjeux collectifs. Il devrait aussi nourrir fortement le débat public. Malheureusement, estampillés de son étiquette, les gens prennent plaisir à la délation. Peu nombreux sont ceux qui sont rompus aux exigences de l’art du traitement de l’information.

Sous nos tropiques est bien connu Saïd Penda. Originaire du Cameroun, l’homme a un récit de vie impressionnant : « journaliste d'investigation. Ancien Grand Reporter de la BBC et ex-correspondant de l'agence de presse américaine Associated Press. Documentariste… 

Penda, plus connu pour ses sulfureux papiers, ses tonitruantes déclarations et ses documentaires à charge, est de ces journalistes dont les pratiques font dire que la neutralité du journaliste est une utopie dangereuse. Tant l’homme est dans les dénonciations péremptoires et souvent mal informées. Toujours dans l’inutilement sensationnel, il ignore jusqu’à l'impératif catégorique chez le journaliste de ne publier que des informations dont l'origine est connue ou accompagnées de réserves. 

Sa cible aujourd’hui, c’est Tidjane Thiam. Penda a multiplié les sorties et attaques, affirmant devoir honorer la promesse d’un fichier sonore dénonçant la complicité entre le ministre Thiam et la junte militaire d’alors de 1999. En fait d’élément audio incriminant, Penda nous servira une histoire rocambolesque digne des films à petits budgets de Nollywood. Il s’agit d’une anecdote de sa rencontre programmée, dans un bar en Suisse, avec un haut cadre de l’ex-Crédit Suisse. Son interlocuteur, précise-t-il avec force détails, qui s’apprêtait à tout lui raconter sur Tidjane Thiam, n’avait de cesse de regarder autour de lui afin de s’assurer que l’ombre de l’ex-Dg ne planait pas dans le débit de boisson. Ainsi s’articule la première séquence, ordinaire et peu brillante, de la télénovela de Penda. 

Alors qu’on attend toujours l’élément sonore de 1999, Penda exhume de sa besace un autre ‘’scoop’’ reçu de son ami d’un soir : « Thiam est comme un nuisible espion chez crédit suisse, qui serait probablement tout aussi dangereux pour les ivoiriens, s’il devenait leur président ». Remarquons au passage que depuis que l’ex-ministre ivoirien s’est jeté en politique, il fait l’objet d’assauts en règle visant à le discréditer. Sa légitimité populaire, son aura nationale paraissent le désigner tout droit à la vindicte concertée de ses adversaires potentiels. Assurément, les attaques se multiplieront, tant le concurrent potentiel fait peur.

En tout état de cause Penda s’acharne, plus déterminé, avec un témoignage dont l’authenticité, ici aussi, n’est pas établie, d’un autre anonyme haut cadre de Crédit Suisse qui aurait travaillé au siège de la banque à Zurich, au sein de l’équipe dirigeante avec Tidjane Thiam : « certains placements, sur des produits financiers et des investissements sous la gouvernance de Tidjane Thiam ont pu contribuer à la faillite de la banque suisse. Un groupe de gros capitaux et clients de la banque a lancé une plainte collective contre le franco-ivoirien et d’autres ex-dirigeants de Crédit Suisse ».

Les propos de Penda sont strictement faux et de la plus abjecte laideur. Ils mettent aussi en lumière la vivacité récalcitrante des cabales qui minent encore aujourd’hui le débat politique africain. En effet, au mois d’octobre dernier, au grand dam des détracteurs de Thiam, le banquier ivoirien a été invité à participer à un panel aux côtés de Christine Lagarde, patronne de la BCE, la Banque centrale européenne. Déjà, à ce niveau, surgissent des questions : comment Mme Lagarde, la régulatrice de toutes les banques européennes, aurait-elle admis à ses côtés, un Tidjane Thiam, prétendument sous le coup d’enquêtes ou de poursuites judiciaires ? Quand on est Christine Lagarde, va-t-on sur un panel avec quelqu’un dont la responsabilité serait engagée dans une faillite bancaire ? D’ailleurs à ce panel, Tidjane Thiam a fortement marqué les esprits, plaidant pour « une réforme du système bancaire international afin de le rendre plus résilient aux chocs systémiques. ». Les faits parlent d’eux-mêmes.

Penda parle aussi de la gestion par Thiam de Crédit Suisse. Ici non plus, le mensonge ne peut prospérer. Le Wall Street Journal a pointé sans ambiguïté, la responsabilité du Président Rohner « qui était porteur d’une culture défectueuse qui a conduit la banque à une série de calamités. » Le constat confirmé par le directeur général de UBS, Sergio Emotti : « le Crédit suisse a connu des échecs répétés en matière de gestion des risques et d’opérations qui ont miné la crédibilité de sa direction et de son conseil d’administration ».

Le quotidien centenaire américain n’omet pas de préciser que « Tidjane Thiam avait le soutien de l’actionnaire principal, parce qu’alors, il avait rétabli les résultats ».

Peut-être conviendrait-il, pour l’intelligence du débat, de rappeler que Crédit-Suisse a connu ses difficultés 3 ans après le départ de Tidjane Thiam et, aussi, après le passage de deux CEO.

Jean Clotaire Tétiali