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Sénégal : accueil des étudiants Haïtiens 10 ans plus tard, de la pénombre à la lumière

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Mardi, 13 octobre 2020

Sénégal : accueil des étudiants Haïtiens 10 ans plus tard, de la pénombre à la lumière

Il y a 10 ans, jour pour jour, le Sénégal recevait plus de 160 étudiants déboussolés, après qu’un violent séisme avait ruiné tous leurs espoirs chez eux. Aujourd’hui, ils se sentent comme chez eux au pays de la Teranga qui les a accueilli les bras ouverts. Emedia en a rencontré deux d’entre eux au Monument de la Renaissance, lieu qui avait abrité, le 13 octobre 2010, la cérémonie de leur accueil sous le magistère de Me Abdoulaye Wade.

Bien à l’aise dans son boubou en wax assorti d’un pantalon noir et des chaussures de la même couleur, Joseph Grégory affiche une bonne mine. Une joie débordante qui témoigne de son intégration réussie au Sénégal. Ce qui n’était pas évident il y a dix ans, jour pour jour, quand il venait de poser ses baluchons au Sénégal pour la première fois.

Étudiant en sociologie à l’Université Gaston Berger de Saint Louis, Joseph fait partie des 163 étudiants haïtiens qui, le 13 octobre 2010, ont été accueillis au Sénégal afin d’y poursuivre leurs études. Ce, à la suite du tremblement de terre qui avait frappé leur pays le 12 janvier de la même année causant des milliers de morts et blessés. La décision a été prise par le président de la République d’alors, Me Abdoulaye Wade, par solidarité avec le peuple haïtien.

Rencontré au pied du monument de la renaissance, lieu où ils avaient été symboliquement accueillis, Joseph Grégory se souvient toujours de ces moments. Flux et reflux, les souvenirs se bousculent dans sa tête. « Je me rappelle ce grand jour, quand nous sommes arrivés au Sénégal. C’était quelque chose de grandiose. Cela nous a beaucoup marqué. Le Monument de la Renaissance nous rappelait que nous étions venus en terre africaine. L’accueil a été chaleureux et le discours de l’ancien président de la République était poignant », se remémore-t-il non pas avec tristesse mais avec fierté.

« Me Wade a réussi son pari, chapeau ! »

Dans son discours, l’ancien chef de l’Etat leur avait demandé de se consacrer entièrement aux études afin de faire partie des meilleurs étudiants dans les différentes universités où ils seront orientés. Des recommandations qui ont été bien saisies par Joseph Grégoire qui, malgré la distance qui le séparait des siens, n’a pas baissé les bras. Les études étaient sa priorité. Il y consacre tout son temps. Et l’effort fourni n’a pas été vain puisqu’il sera bientôt docteur. « Je suis en train de terminer ma thèse qui porte sur ‘‘l’entreprenariat féminin et la religion, une étude par les trajectoires’’ à l’université Gaston Berger de Saint Louis. Me Wade a réussi son pari, je lui tire mon chapeau », dit-il, dignement.

Malgré son courage et son abnégation pour s’en sortir en terre étrangère, Joseph Grégory ne peut pas oublier cette catastrophe naturelle qui a fait sombrer son pays. Il lui est difficile de tourner la page de cette tragédie dont les encoches sont toujours visibles. « Quand on pense aux nombre de personnes décédées, aux dégâts matériels et autres malheurs, c’est difficile de tourner la page. En plus, le pays continue toujours à se battre pour se relever », regrette-t-il en ayant une pensée pieuse à sa cousine qu’il a perdue lors de ce séisme.

Tout comme Joseph Grégory, Louis Edras Xavier s’est bien installé au Sénégal. Contrairement à son camarade, il a terminé ses études et travaille dans une grande boite comme spécialiste en ressources humaines. La mise bien soignée et sa belle bagnole prouvent qu’il s’est bien inséré dans le milieu professionnel. Et il dit ne remerciera jamais assez le Président Wade pour cet acte noble qu’il avait posé.

« On n’a pas les mots pour dire merci au peuple sénégalais, au président Abdoulaye Wade et à tous ceux qui nous ont accueilli. Ce n’était pas évident mais, on s’en sort. Dix après, on se retrouve au monument de la renaissance avec fierté », dit-il. Visiblement très taquin, Louis n’a eu aucune difficulté à s’intégrer. Pour lui, tous les haïtiens doivent être reconnaissants envers le Sénégal qui leur a offert, des années durant soin hospitalité. Si à ses débuts au Sénégal, il ignorait les plats du pays, sa curiosité culinaire fait qu’aujourd’hui, il les connait tous par cœur. Mais le mets dont il raffole, c’est le "deukhine" (à base de riz et de pâte d’arachide). « J’aime beaucoup ce plat », confesse-t-il en salivant.

En 2010, ils étaient 163 étudiants reçus au Sénégal mais avec le temps et les opportunités qui s’offrent à eux, seuls quelques étudiants haïtiens y demeurent toujours. Certains sont retournés au bercail après leurs études, d’autres sont partis aux Etats Unis, Canada ou en Europe.

Emedia