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Poumons, reins, cerveau...L'académie de médecine analyse les séquelles du Covid-19

Aprnews- Un cerveau humain en éprouvette- Actualité - Covid-19
Lundi, 20 juillet 2020

Poumons, reins, cerveau...L'académie de médecine analyse les séquelles du Covid-19

L’Académie de médecine publie son analyse sur la prise en charge des séquelles liées au Covid-19. Poumons, reins, cerveau… Plusieurs organes peuvent être touchés par des conséquences plus ou moins réversibles.

Depuis le début de l’épidémie, plus de 105.000 personnes ont été hospitalisées, dont 18.500 en réanimation. Pour certains patients, malgré la guérison, le combat face à la Covid-19 n’est pas terminé. Alors que les indicateurs de surveillance du SARS-CoV-2 sont scrutés par les autorités sanitaires, l’Académie de médecine publie son analyse et ses recommandations sur les sequelles liées à la Covid-19.

"Il faut bien distinguer les séquelles des personnes en réanimation, qui ont été intubées, qui ont subi une anoxie, c’est-à-dire une mauvaise oxygénation du cerveau (…). Elles peuvent en plus avoir une fibrose, une réaction inflammatoire de cicatrisation au niveau du poumon", détaille le professeur Patrick Berche, membre de l’Académie de médecine.

"A côté de cela, il y a des séquelles de fibrose pulmonaire lors de Covid bénins par exemple chez des patients qui ont eu 5/6 jours de toux, de fièvre. On ne connaît pas encore la fréquence de ces cas précisément", poursuit-il.

"Bombe à retardement"

Dans un communiqué publié le 17 juillet, l’institution explique que "la fibrose cause un déclin de la fonction respiratoire, une extension des lésions au scanner et une sensibilité accrue aux infections respiratoires". "Concrètement, avec cette insuffisance respiratoire, ces patients vont être fatigués, essoufflés. C’est une bombe à retardement de la Covid 19", estime le professeur Patrick Berche.

Autre trouble constaté: une inflammation du muscle du coeur, appelée myocardite inflammatoire, "souvent retrouvée chez les malades de réanimation", note le communiqué.

Atteinte possible du coeur, du rein, du cerveau

"Le virus se multiplie dans les cellules endothélyales, c’est-à-dire celles qui bordent les vaisseaux sanguins. Cela peut entraîner des conséquences pour le coeur, mais aussi pour le rein, avec des insuffisances rénales modérées qui peuvent s’aggraver, et pour le cerveau", détaille Patrick Berche.

"Cette atteinte cérébrale peut résulter de trois facteurs: d’un manque d’oxygénation, d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) avec une artère qui se bouche car la Covid-19 entraîne des troubles de la coagulation. Enfin, cela peut être une multiplication du virus lui même dans les neurones souvent par une voie qui vient du nerf olfactif, le virus remonte et entraîne des lésions locales ou à d’autres endroits".

"Des troubles mal étiquetés"

En dehors de ces séquelles identifiées, peuvent survenir des conséquences des "troubles mal étiquetés" après "une phase aiguë souvent courte", note le communiqué de l’Académie de médecine, qui prône une surveillance de ces séquelles grâce à une étude de cohorte.

"Des patients reviennent voir leur médecin car ils ne sont pas bien : le virus a disparu de leur organisme; mais ils ont des douleurs musculaires, une fatigue au moindre effort… C’est probablement une réaction du système immunitaire qui entraînent ces formes prolongées."

"Il est difficile de faire la part de ce qui revient aux suites de la Covid-19 et à d’autres causes. En dépit du paracétamol, du soutien psychologique et de la renutrition, le traitement en est difficile", note l’Académie de médecine.

Des signes d’agitation, de confusion, parfois d’inattention

En plus de possibles séquelles physiques, des conséquences psychiques peuvent atteindre les patients sortant de réanimation, puis de convalescence.

Des médecins de Strasbourg ont rapporté que plus de la moitié de 58 patients en réanimation présentaient des signes d’agitation et de confusion, avec parfois inattention, désorientation. Des scanners des cerveaux ont révélé de possibles inflammations. Ces observations, publiées dans The New England Journal of Medicine le 15 avril dernier, ont depuis été confirmées par d’autres spécialistes français et américains.

Les patients ne sont pas les seuls potentiellement concernés par les troubles psychologiques. L’Académie de médecine estime que "c’est le cas aussi pour les personnels soignants soumis à des horaires de travail prolongés et à des responsabilités accrues entraînant fatigue, anxiété et manque de sommeil ; les enfants et jeunes adultes handicapés qui ont quitté leur institution d’accueil ; les enfants privés d’école ; et les étudiants dont les études ont été interrompues."

Par Margaux de Frouville