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Omar D. Jr Bongo, ce fils, frère, et petit-fils de Président qui fait trembler le Palais du bord de mer

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Mercredi, 17 novembre 2021

Omar D. Jr Bongo, ce fils, frère, et petit-fils de Président qui fait trembler le Palais du bord de mer

"Ce garçon est très discret et bien élevé", nous apprend Richard Mouguengui, cet enseignant gabonais que nous avons rencontré dans un maquis de Libreville début novembre 2021. Beaucoup le connaissent mais peu l'ont côtoyé. Il n'avait que 15 ans en 2009 lorsqu'il a véritablement été aperçu dans les médias du monde entier. Le 14 mars 2009, le jeune adolescent avait perdu sa mère, Edith Lucie Bongo Ondimba (ELBO), épouse du Président gabonais Omar Bongo Ondimba. "Maman Édith est décédée à l'âge de 45 ans, à Rabat au Maroc". 

La fille aînée de Denis Sassou Nguesso était devenue la Première dame du Gabon en épousant Omar Bongo Ondimba le 4 août 1990. Titulaire d'un Doctorat en pédiatrie obtenu en 1989, Edith Bongo s'était beaucoup engagée dans la lutte contre le sida. Elle avait été l'une des principales instigatrices de la création, en juillet 2002 à Genève, de l'Organisation des Premières dames d'Afrique contre le VIH-sida (Opdas)". Elle présidait par ailleurs le conseil d'administration de la Polyclinique El Rapha, un complexe hospitalier privé de la capitale gabonaise. Mère de deux enfants, la Première dame du Gabon était connue pour ses actions humanitaires. Elle a créé la Fondation horizons nouveaux pour soutenir les jeunes en détresse et les handicapés, ce qui lui a valu d'être définitivement adoptée par les Gabonaises, qui voyaient en cette jeune Première dame d'origine congolaise, la fille, la sœur, l'amie et la mère.

Décorée de la Légion d’honneur française, celle qui fut responsable de l’antenne gabonaise de Médecins du monde était aussi présidente d’honneur de l’Union des femmes du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) et de la Société gabonaise de pédiatrie. En 2000, "ELBO" crée le complexe Michel Dirat, un établissement pré-primaire, primaire et secondaire de renom qui verra défiler la majeure partie des cadres et jeunes dirigeants actuels du pays. C'est là que Omar Denis Jr Bongo fera ses premières armes. Ses anciens camarades se souviennent d'un jeune garçon discret, modeste et travailleur, malgré un nom, "Bongo", qui aurait pu lui donner des passe-droits. C'est dans ce haut lieu du savoir que le jeune garçon a pu forger sa personnalité, affirment plusieurs professeurs. 

Un parcours taillé sur mesure.

Contrairement à son demi-frère, Ali Bongo Ondimba, qui se rêvait à 18 ans en star du funk et très influencé par Michael Jackson, Omar Denis Junior Bongo, au même âge, s'intéressait aux grandes questions contemporaines et aux sujets de société. Il voulait toujours en savoir plus sur son pays, le Gabon, et son continent, l'Afrique. Le 2 novembre 2019, Omar Denis Jr Bongo a décroché, dans la prestigieuse université d'Oxford, en Angleterre, un Master en sciences politiques. Oxford fait partie du Golden Triangle qui réunit les 6 universités britanniques les plus élitistes réparties entre Oxford, Cambridge et Londres. Il est important de signaler qu'avant Oxford, le jeune ODJ-BO avait déjà passé trois années au sein d'une autre université toute aussi prestigieuse, pour ne pas dire la plus prestigieuse au monde, c'est à dire Harvard. Harvard, le plus ancien établissement aux États-Unis, apparaît comme la meilleure université au monde dans de nombreux classements. 

Le jeune Omar Denis Jr Bongo est sorti de Harvard non seulement avec un Master, mais aussi et surtout avec la mention "High Honors", qui équivaut à Très Bien dans le milieu francophone. Ils sont 16 chefs d'état dans le monde à avoir étudié dans cette université dont 8 parmi lesquels Barack Obama. ODJ-BO a aussi longtemps milité au sein de l'association des étudiants africains d'Harvard. Il était à la tête de l'aile politique de cette association. Selon plusieurs observateurs et visiteurs nocturnes du Président Denis Sassou, il existe une relation fusionnelle entre le petit-fils et son grand-père maternel. Le Président congolais joue non seulement le rôle de guide ou de conseiller politique, mais aussi de celui de "père" pour ce jeune qui a perdu père et mère très tôt. Denis Sassou Nguesso est admiratif du parcours de celui qui, chaque jour et à chaque instant, lui rappelle sa fille Edith Bongo. 

L'incident qui fait tache ! 

Nous sommes le 23 Avril. Cinq jours plus tôt, Fidèle Anjoua frère aîné de feu Omar Bongo avait rendu l'âme. Le 23 avril 2021, le jeune Omar Denis Junior Bongo Ondimba, qui se trouvait au Congo, décide de se rendre, par la route, aux obsèques à Franceville dans le Haut Ogooué, selon la tradition bantoue. Arrivé à la frontière, son cortège est accueilli "par un dispositif militaire impressionnant avec des armes lourdes et composé de plusieurs éléments de la Garde républicaine". La tension monte d'un cran, les militaires gabonais refusent de laisser passer la délégation congolaise dans sa totalité et "demandent à ODJ-BO de ne rentrer au Gabon qu’avec une dizaine de personnes. Pour ce dernier, c'est niet ! Ce sera tout ou rien. Du Haut de ses 27 ans, le fils d'Edith Lucie Bongo décide de retourner à Oyo. Sa participation aux obsèques venait d'être annulée.

Dans le Haut Ogoué et à Libreville, l'affaire prend une autre tournure. Les avis sont partagés. Au sommet de l'Etat gabonais, l'affaire est prise au sérieux. Si, officiellement, le chef de l'Etat gabonais ne s'est pas exprimé, certaines voix autorisées ont tôt fait d'agiter la toile sur les questions d'ordre sécuritaires, mettant en avant le caractère "pléthorique" de la délégation conduite par ODJ-BO  L'incident passe mal auprès des chefs traditionnels à Franceville et au sein du Parti démocratique gabonais. Tous les regards sont tournés vers le Palais du bord de mer. Regis Alain Mba, militant du PDG est formel :" il n'y a qu'un chef suprême des armées ici au Gabon, c'est le Président Ali Bongo. Aucun officier ici ne peut se permettre de refouler le fils du président Omar Bongo si l'ordre n'a pas été donné plus Haut", affirme notre interlocuteur. 

Présidentielle de 2023, tensions, polémiques et fantasmes. 

A moins de deux ans de la présidentielle, celui qui est surnommé "Photocopie", du fait de sa ressemblance frappante avec feu son père, nourrit tous les fantasmes. Pour un membre influent du PDG, parti au pouvoir depuis plusieurs décennies, la légitimité de Omar Denis Jr Bongo "ne fait l'ombre d'aucun doute". "Il est Gabonais comme moi, et comme tous les autres. Personne ne peut l'empêcher d'être candidat et de vouloir faire de la politique. Ce qu'il se passe est un acharnement et une instrumentalisation entre plusieurs membres de sa famille biologique ici au Gabon, mais aussi politique, du fils de Omar Bongo", lâche cet enseignant chercheur à la retraite.

"Pour maman Edith, nous Gabonais voudrions revoir ses enfants au pays. Ce sont nos enfants et nous sommes très attachés à eux comme nous l'étions à leur mère", renchérît Blandine Obame, une Docteure en pharmacie rencontrée dans le quartier Louis à Libreville. Du côté du Palais du bord de mer, personne ne veut minimiser l'ascension du jeune Omar Denis Jr Bongo. Demi-frère de Omar D. Jr Bongo, le Président Ali Bongo avait été réélu en 2016 pour sept ans et au terme d'un scrutin contesté par l'opposition. Jamais le Président gabonais ne s’est publiquement exprimé sur le « cas ODJ-BO », mais en coulisses, plusieurs de ses collaborateurs de confiance ont été missionnés pour accroître la surveillance autour de ce loup « aux dents longues ». Rappelons qu’en 2016, l'annonce de la victoire de Ali Bongo, devant son adversaire Jean Ping, avait suscité le 31 août 2016 des violences rares dans le pays.

Victime d'un accident vasculaire cérébral en 2018, l'état de santé du président gabonais continue d'inquiéter les chancelleries africaines et occidentales. Le 8 Juillet 2020, la charge la plus violente est venue du Parlement français.  Bruno Fuchs, député français du Mouvement démocrate (MoDem), a fait rejaillir publiquement les doutes sur la capacité d’Ali Bongo à diriger le Gabon. Il «n’est plus en mesure de présider son pays depuis 18 mois en raison de son état de santé», a-t-il affirmé à l’Assemblée nationale de France. Depuis son AVC en 2018, la santé chancelante de ABO, inquiète la communauté internationale qui s’interroge sur la capacité de l'homme à continuer à présider aux destinées de ce pays très riche en pétrole. Ali Bongo se trouve donc aujourd'hui à la tête d'une nation qui traverse une profonde crise économique du fait de la chute des cours du pétrole depuis 2014.

De son côté, Omar Dénis Jr Bongo continue de se montrer très discret sur ses ambitions et reste maître de son agenda. Va-t-il un jour se lancer dans une carrière politique au Gabon ? Assistera-t-on à un scrutin présidentiel fratricide ? Pour l'heure, ce petit pays d'Afrique centrale est toujours classé parmi les pays les plus riches d'Afrique par habitant, mais aussi parmi ceux où la vie est la plus chère, car presque toutes les marchandises sont importées. Il manque cruellement de routes, d'hôpitaux bien équipés, d'écoles et de logements pour les plus démunis. La corruption y est élevée, selon Transparency international qui le classe au 124e rang sur 180, dans son baromètre mondial de la corruption en 2019.

Aprnews avec lsi-africa