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Liban: le Premier ministre Hassan Diab boycotté

APRnews- Photo , illustration
Vendredi, 27 décembre 2019

Liban: le Premier ministre Hassan Diab boycotté

Le Liban s’est enfoncé dans une crise politique, économique et financière sans précédent depuis le déclenchement du soulèvement populaire le 17 octobre dernier. Au lieu de calmer la rue, la démission du Premier ministre Saad Hariri, le 29 octobre, a relancé le mouvement de protestation et provoqué une grave crise gouvernementale. Il a fallu 50 jours avant que le président de la République, Michel Aoun, lui trouve un successeur en la personne d'Hassan Diab, à l’issue de consultations parlementaires mainte fois reportées.Hassan Diab, ingénieur en informatique, professeur à l’Université américaine de Beyrouth, sans expérience politique à part un passage au ministère de l'Éducation entre 2011 et 2013, parait plus coriace qu’on ne le pensait. Ni le blocage des routes dans les régions à majorité sunnite, ni les « sit-in » organisés devant son domicile par des jeunes en colère, ou encore le refus de la plus haute autorité religieuse sunnite de le recevoir, ne semblent l’intimider. Il fait la sourde oreille aux propos affirmant qu’il n’était pas représentatif de sa communauté.
Le chef du gouvernement se concentre sur la formation de son équipe. Elle sera restreinte, composée d'une large majorité de technocrates non partisans. Des visages nouveaux qui, assure-t-il, inspireront confiance aux Libanais. À défaut de satisfaire la communauté sunnite qu’il est censé représenter dans le système politique, Hassan Diab cherche à s’attirer la sympathie du mouvement de contestation, qui se veut non confessionnel et transcommunautaire, et qui semble ménager le nouveau Premier ministre.Plusieurs avis s’étaient dégagés au sein de la contestation - qui se poursuit - lors de la désignation de Hassan Diab. Visiblement, le courant appelant à lui donner une chance l’a emporté puisque les protestataires ne le ciblent pas pour l’instant. Jeudi 26 décembre 2019, ce sont surtout les institutions financières, dont la Banque centrale, qui étaient dans le collimateur des participants. Ces derniers ont organisé des « sit-in » malgré les pluies diluviennes qui s’abattent sur le pays.Ceux qui protestent contre M. Diab ne font pas partie de la contestation ; il s’agit de partisans de la plus grande formation sunnite du pays, le Courant du futur, dirigé par Saad Hariri. Ce dernier a d’ailleurs dit que son bloc parlementaire n’accorderait pas la confiance au nouveau gouvernement. Une crise politique doublée d'une situation économique et financière dramatique, palpable à tous les niveaux avec le manque de liquidités et la pénurie de dollars qui s’aggravent. En effet, les banques sont encore plus avares depuis quelques jours.

Alors qu'elles limitaient déjà jusqu'ici les retraits en devises, certaines d'entre elles ont échelonné les retraits de salaires des fonctionnaires, pourtant versés en livres libanaises, poussant le ministre des Finances à hausser le ton. La livre a perdu 30% de sa valeur face au dollar au marché parallèle, affectant le pouvoir d’achat des salariés. Les prix des produits alimentaires flambent. Des dizaines de milliers de personnes ont été licenciées, des centaines d’entreprises ont mis la clé sous la porte. La classe moyenne fond à vue d’œil et la pauvreté avance à grands pas.