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Les élections législatives en Algérie et le brouhaha des urnes

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Mardi, 15 juin 2021

Les élections législatives en Algérie et le brouhaha des urnes

Depuis le déroulement du scrutin législatif en Algérie, des informations contradictoires émanent des parties prenantes et des candidats. Dans les rues, la vie continue. Quel serait l’impact de ces élections ?

Les élections législatives en Algérie et le brouhaha des urnes

Certains partis en Algérie revendiquent la victoire aux élections, d’autres nient ces déclarations. Depuis le jour du vote, ça parle de tous les côtés. Néanmoins, au-delà d’un taux de participation de 30,2%, aucune information n’est encore confirmée.

Si d’un côté, la presse française se sent plus concernée par les législatives algériennes que par les régionales françaises. D’un autre côté, les Algériens attendent les résultats des élections sans enthousiasme.

Le parti d’opposition, le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), a annoncé sa victoire depuis dimanche. La formation politique s’obédience islamiste et son chef Abderrazak Makri sont, sans doute, les principaux concernés. Il s’agit du seul parti majeur non représenté au gouvernement, et Makri a participé brièvement à la présidentielle de 2019, avant son annulation.

Le MSP comptait sans doute rallier les sympathisants de droite et pousser un peu le taux de participation malgré les mauvais signaux. En effet, le dernier vote en Algérie, dans le cadre du référendum constitutionnel, a connu un taux de participation de 27%.

Bien que les analystes s’attendissent à une hausse des taux d’abstention, ce n’est pas réellement le cas. Au vu du contexte, le taux de participation de ce samedi est même encourageant. Rappelons que la forte majorité des formations politiques d’opposition ont été éliminées en amont par l’Autorité nationale des élections (ANIE). Donc, la question pourrait se poser. Peut-on considérer que les élections se soient bien déroulées ? Est-il possible de trancher sur leur légitimité ?

Les partis du pouvoir, favoris pour les élections législatives

Premières élections législatives depuis le Hirak en Algérie, les bureaux de  vote désertés

Le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND) contrôlent les listes favorites. Les deux partis, formant la coalition au pouvoir, sont aussi lourdement représentés auprès des indépendants. Le Haut conseil de sécurité (HCS) et le président Abdelmadjid Tebboune sont appuyés par les deux partis. Le gouvernement a aussi décidé de l’éligibilité des autres listes électorales.

Actuellement, donc, ce n’est qu’après un ratissage de terrain institutionnel, politique et policier que les élections ont eu lieu. Force est de constater que même si les taux de participation étaient bien plus hauts, le FLN, le RND et les listes indépendantes qui les soutiennent resteraient favoris.

Lors des législatives de 2017, le score de participation était de 35,7%. Néanmoins, il n’y avait pas de tensions politiques qui menaçaient le déroulement du scrutin. Puis, pendant l’élection présidentielle, plus de 40% des votants inscrits ont participé au scrutin et élu Abdelmadjid Tebboune.

Ce dernier a d’ailleurs déclaré samedi : « Pour moi, le taux de participation n’a pas d’importance. Tant que les vainqueurs aient une légitimité suffisante ». Le HCS avait d’ailleurs désigné le Mouvement d’autodétermination de la Kabylie (MAK) et le parti Rachad comme « organisations terroristes ». Ce qui expliquerait la piètre participation dans les circonscriptions berbérophones. Et les quelques incidents aux bureaux de vote.

Toutefois, les élections se sont déroulées dans le calme absolu. Et à part quelques activistes qui ont souligné les taux de participation, et quelque 200 militants interpellés durant les dernières semaines, peu de choses sont remarquables. Par ailleurs, les voix les plus élevées restent celles des médias d’Etat français. Ces derniers ont désapprouvé le retrait de l’accréditation de France 24 à la veille des élections. Cela s’explique par le contexte diplomatique, et porte peu d’intérêt pour les Algériens dans l’absolu.

Le MSP se jette-t-il dans le vide ?

Autrement, la seule partie prenante en Algérie à s’agiter avant l’annonce des résultats est le MSP. Toutefois, bien que le parti islamiste représente la seule opposition organisée en Algérie, on ne peut dire que c’est un parti majoritaire.

Certes, le MSP avance sans preuves, sans décompte et sans pourcentages qu’il ait gagné les élections. Son président Abderrazak Makri a déclaré aussi qu’il serait « prêt à gouverner ». Néanmoins, même ce dernier n’est pas un homme d’Etat à proprement parler. Mis à part deux mandats de député de M’Sila entre 1997 et 2007, Makri est un opposant. Il est aussi un médecin. Peu de personnes dans son parti sont vraiment populaires.

De plus, si le taux d’abstention est aussi élevé, ce n’est certainement pas de son fait. Le boycott des élections a été demandé par les manifestants du Hirak. Or, ces derniers sont, pour la plupart, du centre et de la gauche. Et avec Rachad qui n’a pas pu participer, Makri devrait, au contraire, voir ses chances s’améliorer.

L’ANIE a dénoncé les déclarations du MSP. Dimanche soir, un communiqué a réfuté les déclarations « infondées » de « certaines parties ». Selon le président de l’ANIE, Mohamed Chorfi, le dépouillement serait « compliqué » et pourrait prendre plusieurs jours. Cette dernière déclaration a eu lieu dimanche.

Le MSP se réclame d’une identité islamiste modérée. Il rejette toute accointance avec le FIS dissous et la relation avec les crimes du GIS dans les années 1990. Selon le politologue algérien Mansour Kedidir : « Ils (le MSP) ne constituent pas un danger pour la démocratie ». Cependant, avec un nombre aussi élevé d’indépendants, la force des partis du pouvoir et la frivolité dans la communication du MSP, ce parti serait-il réellement prêt à représenter les Algériens ?

Aprnews avec Lejournaldelafrique