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APRNEWS : Tidjane Thiam, victime d’intrigues politiciennes ?

Tidjane Thiam - Politique - Côte d'Ivoire
Lundi, 1 août 2022

APRNEWS : Tidjane Thiam, victime d’intrigues politiciennes ?

APRNEWS - Dans une récente parution, Jeune Afrique faisait la promesse de nous dire « pourquoi Tidjane Thiam a décidé de reporter son retour en Côte d’ivoire ». Le confrère nous offre, sans être accablé par le scrupule, une histoire abracadabrante digne de la mythologie grecque, avec cette différence notable que le récit mythologie, lui, est au service de la révélation et de la manifestation de l’esprit philosophique, là où l’hebdomadaire panafricain, visiblement, veut servir des intérêts politiciens inavouables.

APRNEWS - Pour rappel, le porte-parole de l’ex-ministre ivoirien annonçait, la semaine dernière, l’arrivée de son mandant pour le samedi 30 juillet dans la mi-journée à Yamoussoukro. Aussi, selon Marc Arthur Gaulithy, l’agenda de Tidjane Thiam prévoyait, ‘’outre différentes activités de nature familiale et privée, des rencontres avec des autorités politiques et coutumières’’. Enfin, comme le précise celui qui porte la parole du banquier ivoirien, ‘’toutes les dispositions ont été prises en accord avec le président de la République pour faire de ce séjour un moment de retrouvailles chaleureuses et de fraternité’’.

Comme pour dépeindre un homme versatile, étranger à la Côte d’ivoire nouvelle, Jeune Afrique écrit :’’le banquier franco-suisse avait annoncé qu’il rentrerait ce samedi 30 juillet à Yamoussoukro, avant de changer d’avis à la dernière minute’’. En vérité, cet article, tendancieux et inutilement méchant, trahit un écrit commandité, une sorte de mercenariat de la plume.

D’abord, la célérité avec laquelle le magazine prétend avoir découvert les raisons de ce qu’il appelle insidieusement le changement d’avis de Tidjane pose question. Cette précipitation manifeste même une absence de distance critique et d’approche analytique de la part du confrère dans sa démarche devant une situation pourtant surprenante à plus d’un titre. Arrive ensuite le choix même de la rhétorique: ‘’après plus de vingt ans, loin de son pays, le banquier franco-suisse…’’.  Manifestement, l’auteur de l’article tente maladroitement de laisser entendre à « l’homme du sens commun » que Thiam  a envisagé son retour au pays de façon inconsidérée, dans la méconnaissance et le mépris absolus des nouvelles réalités de la Côte d’ivoire, ‘’avant de changer d’avis à la dernière minute‘’. Et naturellement, le journal qui s’abstient à dessein de donner les raisons objectives de la décision de Tidjane Thiam, prétend plutôt nous en ‘’révéler les coulisses’’. Comme pour laisser planer une idée d’intrigues, de malveillance…

Voilà donc qu’en guise de révélation, jeune Afrique nous sert une trouvaille ou le ridicule le dispute à la niaiserie et au mépris du lecteur : ‘’le quartier Thérèse où Tidjane Thiam avait prévu d’organiser un grand rassemblement jouxte la résidence de l’ancien président Henri Konan Bédié qui est à Yamoussoukro pour assister aux obsèques de l’ancien premier ministre Charles Konan Banny’’. L’hebdomadaire panafricain essaie, non sans peine, de mettre en évidence des relations tendues entre Bédié et son ancien ministre du plan, pour ensuite, dans une ultime contradiction au sein du même article, concéder ‘’qu’alors que les rumeurs prêtent à Thiam des ambitions politiques, celui-ci devait néanmoins rencontrer Bédié durant son séjour, tout comme il devait s’entretenir avec Laurent Gbagbo et le président Alassane Ouattara’’.

Franchement, d’où vient donc que les partisans de Tidjane Thiam menaceraient le séjour de Bédié à Yamoussoukro, alors qu’une rencontre entre les deux personnalités était prévue.

A l’évidence, l’argument est fallacieux. Et ce, d’autant que déjà en amont, ce que ne nie personne, les dispositions de sécurité avaient été prises en accord avec le chef de l’Etat lui-même. Celui-ci, du reste, s’était réjoui, on s’en souvient, de la rencontre qu’il devait avoir avec son compatriote et jeune frère ce mardi.

En vérité, les raisons du report de la visite de Thiam à Yamoussoukro résident ailleurs et non dans une quelconque menace qui planerait sur la vie de Bédié. Le prétexte est spécieux. Quel est-il ? ‘’Pour des raisons de sécurité, les autorités ne peuvent autoriser de rassemblement au lieu qui a été choisi pour les retrouvailles ; le même lieu devant servir à Tidjane Thiam de lieu de résidence’’. Alors, qui est celui dont la mesure d’interdiction aurait vocation à garantir la sécurité ? Bédié ou Thiam ?

Devant tant d’incohérences, Tidjane Thiam lui-même s’est refusé à tout propos désobligeant, à toute spéculation et privilégie l’apaisement : ‘’la paix et la sécurité de tous sont nos priorités, et c’est donc avec le plus profond regret et une grande déception que nous devons reporter la date de nos retrouvailles, que nous souhaitions chaleureuses et fraternelles. Cette décision a été extrêmement douloureuse à prendre…Nous maintenons le dialogue avec les autorités compétentes pour arrêter une nouvelle date que nous espérons la plus proche possible’’.

Dans la posture de Thiam, il convient de lire de l’élégance politique. Cette attitude qui rejette le recours à la violence verbale ou physique comme la solution aux contradictions humaines, comme remède à l’antagonisme de nos désirs. C’est pourquoi l’ex-ministre ivoirien, selon son porte-parole, Marc Arthur Gaulithy, reste ‘’fidèle à son engagement résolument républicain et profondément attaché à l’intégrité physique des uns et des autres’’. Enfin, il faut le dire, Tidjane Thiam a eu le sens de la situation, il a su avec une quasi-certitude ce qu’il convenait de faire en de telles circonstances et surtout dans ce pays où l’unité de mesure est désormais le verre de sang. Espérons que le président Ouattara saura calmer les esprits en invitant son jeune frère à la fête du 7 août prochain.

Jean Clotaire Tétiali