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APRNEWS : Réponse à Seri Bi N'guessan Privat, secrétaire Exécutif , Vice-Président du PDCI

APRNEWS - Réponse à Seri Bi N'guessan Privat, secrétaire Exécutif , Vice-Président du PDCI - Tidjane Thiam- Par Jean Clotaire Tétiali 
Lundi, 6 novembre 2023

APRNEWS : Réponse à Seri Bi N'guessan Privat, secrétaire Exécutif , Vice-Président du PDCI

APRNEWS - Avec une verve particulièrement violente, Seri Bi Nguessan Privat, Vice-Président du PDCI nie toute légitimité et toute légalité de la candidature de Tidjane Thiam à l’élection du président du PDCI. Une candidature controversée, renchérit-il, qui poserait aussi des questions morales et éthiques. Il convient d’examiner les éléments de ce réquisitoire inutilement acerbe, à l’aune des arguments évoqués à leur soutien par leur auteur.

APRNEWS - Des questions morales et éthiques que pose la candidature de Tidjane Thiam

La justification qu’en donne le Vice-Président du PDCI est sans fioritures: « Foutaise ! Voilà quelqu’un qui a passé, 24 années hors du pays et en dehors du PDCI-RDA… et qui vient et veut soudainement occuper le premier rang ». L’argument est étonnamment émotionnel et simpliste et la rhétorique elle-même dans son ensemble, effroyablement réductrice.  

Visiblement, Seri BI parle ici d’une morale transcendantale, celle qui prescrit et proscrit tout court. On dirait une morale de la révélation, figée et absolue. Que fait-il de la morale de la rationalité, celle qui prend en compte les réalités intrinsèques de la société. Oui, la raison humaine est aussi productrice d’éthique. Que pense Privat Nguessan de " l’éthique conséquentialiste’’, cette théorie morale qui soutient que ce sont les conséquences d'une action donnée qui doivent constituer la base de tout jugement moral la concernant.

La candidature de Tidjane Thiam est parfaitement morale. Il faut juste l’apprécier à raison de la cause qu’elle veut défendre ou du combat qu’elle entend porter, et non la lire à travers les exhalations d’une vision préhistorique de la morale ou d’enfermements littéralistes ou de lectures extrémistes qui prônent la préservation du passé avec ses droits innés ou glorifie le conservatisme politique ou social axé sur la défense d’un ordre préétabli qui suggère le  maintien en l’état de ce qui est perçu, probablement par Seri Bi, comme étant la moralité traditionnelle ou les bonnes mœurs. L’enseignant qu’il est devrait plutôt suivre l’évolution du contexte et revendiquer ce que l’histoire du parti unique et ses pratiques regrettables ont enlevé aux militants du PDCI en termes de droit à la pensée critique. Car, une foi profonde ne peut être sans une intelligence éveillée et critique qui pose des questions. 

L’éthique est une construction humaine guidée par la raison. L’éthique n’est donc pas un système de valeurs, mais une recherche des premiers principes, des conditions de possibilité d'une action bonne et bénéfique pour toute la société. Ainsi, l’euthanasie apparait quelquefois comme un geste éthique. Dès lors, au regard de ce qu’il met en veilleuse pour s’intéresser au PDCI, il apparait que Tidjane Thiam, a priori, ne demande qu’à mettre son savoir-faire et son aura mondiale au service de son parti, probablement, pour le libérer du joug d’une dictature vertébrée. De ce qui précède, on peut retenir que sa candidature est éthique à tous égards.

De la légitimité de la sa candidature

Nguessan Privat ne reconnait aucune légitimité à la candidature de Thiam. Et voici l’argument : « Tidiane THIAM n’a jamais milité de façon assidue au sein du PDCI-RDA. Il n’a jamais assuré de poste de responsabilité au sein du parti… ». L’argument est court et trompeur ! Mais, tant pis pour Nguessan Privat ! Il est évident que Tidjane Thiam jouit ici d’une légitimité pragmatique de ses soutiens, celle que lui confèrent toutes ces voix qui s’élèvent pour honorer sa candidature d’hommages excessifs : la voix des élus PDCI du Haut-Sassandra ou celle d’environ 50 députés sur un total de 65, sans omettre les congressistes d’Abobo et certaines communautés vivant en Europe. Il s’agit là d’une véritable onction populaire, principale caractéristique d’un choix démocratique. L’idée que le peuple est la seule source légitime du pouvoir s’impose toujours avec la force de l’évidence. Seri Bi Nguessan Privat ne songerait jamais à la contester, ni même à la réfléchir. 

Le secrétaire exécutif chargé des finances au PDCI estime d’autre part que la candidature de Thiam n’est point empreinte de légalité, car ce dernier ne serait pas membre du bureau politique depuis 10 ans, allègue Nguessan Privat qui justifie : « après que ce dernier eût été coopté au Bureau Politique du Parti en 1996…il a été de nouveau coopté au Bureau Politique par le Président Henri Konan BEDIE ». Nous éviterons tout affrontement sémantique, pour uniquement répondre à l’autre préoccupation de l’analyste du jour, concernant le paiement, par Thiam, de ses arriérés de cotisation: « le payement d’arriérés de cotisations modifie-t-il la date de la décision de cooptation »? 

Deux questions fondamentales surgissent à ce niveau : comment cesse-t-on d’être membre du bureau politique et quelle période couvrent les arriérés de cotisations payés par le banquier ivoirien? Il est constant que Tidjane Thiam a payé la totalité de ses arriérés de cotisation en qualité de membre du bureau politique. Le montant correspondant à cette qualité est bien spécifique. Et Thiam l’a payé en totalité, c’est-à-dire, au prorata du nombre de ses années d’absence. On ne peut alors raisonnablement pas lui nier la qualité de membre du bureau politique. Dès lors, l’exception soulevée par Nguessan Privat ne peut donc paralyser le droit de Tidjane Thiam d’être candidat. Elle n’aurait pu avoir d’effet que si aucune régularisation ultérieure n’était venue effacer rétroactivement le vice initial. Au-delà, la question, la vraie question est celle de savoir à quel moment Tidjane Thiam aurait-il cessé d’être membre du bureau politique du PDCI ?

 Là-dessus, l’article 56 des statuts du parti, dispose : « il est pourvu au remplacement des membres du bureau politique en cas de démission ou d’empêchement absolu… ». Il va de soi que l’ex-ministre du plan de Konan Bédié, n’a jamais cessé d’être membre du bureau politique du PDCI. 

Enfin, Seri Bi Nguessan Privat voit dans la candidature de Tidjane, « le facteur d’un échec certain à la prochaine présidentielle ». Tous, comprenons qu’il s’agit d’une pure démagogie  sans commune mesure, qui enlève tout crédit aux propos de Seri Bi Nguessan dans leur strict ensemble. Et pourtant, un simple questionnement intérieur l’aurait rappelé à la prudence : « combien de fois le PDCI a-t-il reconquis le pouvoir tout le temps où Thiam était absent ». En vérité, la lecture que fait Nguessan Privat de la situation du PDCI, est celle que lui a renvoyée le prisme déformant de sa frénétique admiration pour Guikahué.

Jean Clotaire Tétiali