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APRNEWS : Les parents sont plus créatifs pour les prénoms de filles que de garçons

Parents - enfants - famille
Lundi, 21 novembre 2022

APRNEWS : Les parents sont plus créatifs pour les prénoms de filles que de garçons

APRNEWS - Les prénoms des nouveau-nés suivent une tendance bien précise, et parfois surprenante. Fans de littérature ancienne, de séries télévisées ou de jeux vidéo, certains parents ne lésinent pas sur l'originalité. Sauf pour les garçons. La liste du site Nameberry, répertoriant les prénoms de bébés inventés, comprend quatre-vingt-deux appellations féminines contre seulement la moitié pour le sexe opposé. Explication

APRNEWS - Ce phénomène remonte à quelques décennies, voire quelques siècles plus tôt. «Historiquement, les garçons héritaient du nom de leur père ou de leurs grands-pères pour poursuivre l'héritage familial. La diversité des appellations était donc bien réduite», informe Sophie Kihm, rédactrice en chef de Nameberry. En outre, étant donné que des compromis étaient faits sur les noms masculins, les parents réservaient leur créativité pour leur future fille.

À cette même époque, le choix du prénom avait une grande signification. Les parents avaient tendance à privilégier la beauté et le sens de la dénomination pour une fille, tandis qu'ils s'inquiétaient plus des noms reflétant la réussite pour un fils. L'homme, considéré comme supérieur, se devait d'avoir une appellation traditionnelle pour être accepté dans le monde des affaires. Tout était bon pour briller professionnellement, et ce dès la naissance. À l'inverse, «le nom d'une petite fille devait être à la mode pour signaler aux futurs prétendants qu'elle était issue d'une famille de bon goût», précise Sophie Kihm.

Gare à ceux qui tentaient de sortir du lot. Dans la cour de récréation, les jeunes hommes étaient moqués si leurs parents avaient eu le malheur de défier les normes culturelles en choisissant un prénom original. Et cette absurdité est toujours présente sur les bancs de l'école, des décennies plus tard.

Rien n'a changé (ou presque)

Encore à notre époque en effet, les hommes sont tenus à des normes de genre plus rigides. Vêtements, noms, identité... La société voit toujours d'un moins bon œil les garçons qui explorent leur part de féminité. Les filles, quant à elles, peuvent adopter certains codes de la masculinité sans attirer l'attention. «Les noms à consonance masculine se sont démocratisés pour les femmes puisqu'ils leur donnaient un air de respectabilité et d'autorité. Mais au fil du temps, ces mêmes prénoms sont devenus associés au sexe féminin et les parents ne souhaitaient plus appeler leur garçon comme tel. La liste des appellations s'est donc on ne peut plus réduite», affirme Margaret Betz, professeure adjointe de philosophie à l'Université Rutgers.

Mais un avenir plus équitable se dessine. Bien que les filles restent en tête lorsqu'il s'agit de diversité dans le choix des prénoms, l'écart tend à se réduire: de moins en moins de garçons portent une appellation traditionnelle. Plusieurs causes sont à l'origine de ce changement: les lois et les directives sur l'intimidation à l'école et sur les réseaux sociaux évoluent; les progrès de la société sur l'acceptation des différences et la compassion envers ceux ayant été marginalisés dans le passé bouleversent lentement les mœurs.

«Si suffisamment de parents sont audacieux pour choisir des prénoms non conventionnels pour leurs garçons, d'autres suivront», se réjouit Abby Sandel, créatrice du blog Appellation Mountain. Alors, osons l'originalité.

Source : Slate