Vous êtes ici

Back to top

APRNEWS : Election prochaine au PDCI - Le juridisme suspect de certaines instances !

APRNEWS - Election prochaine au PDCI - Le juridisme suspect de certaines instances !
Jeudi, 30 novembre 2023

APRNEWS : Election prochaine au PDCI - Le juridisme suspect de certaines instances !

APRNEWS - Pour l’élection du président, le 16 décembre prochain, les préparatifs piétinent. Et pourtant, le temps court à toute vitesse vers la réalité d’un échec. En cause, la rigidité des positions : Là où le président intérimaire du PDCI se bat pour la moralisation du jeu électoral, certains protagonistes donnent dans la dialectique des préalables, et d’autres, dans le fétichisme des textes statutaires. Entre ces positions extrêmes, la vérité titube, de plus en plus ivre. Ainsi, de la splendeur des illusions, le parti tend à sombrer dans la bassesse des rivalités intestines.

APRNEWS - Derrière toute intransigeance trop affichée ou toute agitation ostentatoire de grands principes, sont souvent dissimulés des desseins impurs. Sinon, comment comprendre qu’au PDCI, on en soit encore, à quelques jours d’une échéance aussi déterminante que le choix du remplaçant de Bédié, à s’arcbouter contre l’invitation, pourtant salutaire, du président intérimaire à élaborer les modalités d’une confrontation électorale équitable débarrassée de tout conflit d’intérêt. Le prétexte principal des contradicteurs de Cowpply : les statuts du parti ne préconisent pas la démission même momentanée du Secrétaire exécutif en chef​. Et pourtant, ce dernier est candidat à ladite élection. Bien sûr, toutes ces radicalités sont d’autant plus étonnantes que le PDCI a quelquefois aussi fonctionné, hors de toute contestation intérieure, dans l’illégalité la plus exemplaire.

En effet, originellement et conformément à ses dispositions statutaires, le parti démocratique de Côte d’ivoire avait limité à 400 le nombre des membres de son bureau politique. Face probablement à certaines contingences ou quelques nécessités, ou encore par pur esprit d’ouverture, le Président Bédié entreprit, à sa discrétion, de renforcer ce nombre et le porta à 2271. Aucune modification textuelle, ni aucun accompagnement statutaire n’avait sous-tendu cette augmentation. Le parti a donc fonctionné illégalement sur une période relativement longue, sous la gestion exécutive, très peu embarrassée et dénuée de remord, du Professeur Kakou Guikahué. On peut alors s’étonner que le secrétaire exécutif en chef​ montre aujourd’hui un attachement compulsif à la lettre des textes statutaires du parti. Ce juridisme irrépressible est suspect et paraît opportuniste, tout comme son corollaire nécessaire, un formalisme à géométrie variable. Malheureusement, la tâche du Professeur Cowply s’en trouve inutilement alourdie.

Rappelons simplement et utilement qu’il a fallu attendre jusqu’au 3 mars 2023, jour du 7e congrès extraordinaire du parti, pour que le président Henri Konan Bédié prenne une nouvelle décision. Ainsi, au titre de la modification de l’article 54 des statuts, la limitation statutaire du nombre des membres du bureau politique a été supprimée. Et ce, à l’unanimité des votants. Une décision qui fut d’ailleurs d’application immédiate. Bédié venait ainsi de régulariser, dans le silence de toute contestation intérieure, une situation jusque-là illégale, dans laquelle le Professeur Maurice Kakou Guikahué et lui baignaient en toute conscience. Ce qui est glorifié ici, c’est le sens de l’apaisement et de la recherche de l’équilibre social, pour le bénéfice du   parti. 

Au total, à tous ces gens qui montrent de l’intransigeance quand à l’application mécanique des textes, il faut peut-être expliquer que l’Etat de droit est certes la finalité des sociétés modernes, mais, il est convenable de  toujours de veiller à ce que le juridisme exacerbé ne fasse pas perdre de vue la justice qui est sa destination et sa justification. On peut citer l’exemple de  la loi pénale : elle est d’interprétation stricte, obligeant alors le juge à tirer toutes les conséquences que le législateur a entendues attacher à la loi pénale, rien de plus, rien de moins. Cependant, si elle ne parait pas claire au juge, ce dernier a la possibilité d’utiliser la méthode d’interprétation dite « téléologique », respectueuse du sens et de la portée des textes. Voilà qui ouvre la porte à l’équation personnelle du juge.  On quitte déjà le chantier du formel pour aller à celui du relatif. On peut, en outre, noter que la loi elle-même, dans toute sa rigueur, concède quelquefois des circonstances atténuantes. Il s’agit d’une excuse judiciaire arbitrairement accordée à l’infracteur par le juge et abandonnée à sa seule appréciation souveraine des faits. Comprenons ici que « dans la vie, les extrêmes sont faux » et que la vertu est leur milieu. A juste titre nous disait d’ailleurs l’auteur des ‘’Maximes’’, le grec Phocylide de Milet : « craignez les extrêmes ! En quelque chose que ce soit, la beauté résulte de la justesse des proportions. ». Oui, le fondamentalisme ou l’intégrisme juridique est tout simplement une laideur !

Enfin, il faut aussi l’entendre, ‘’gérer des hommes, c’est gérer l’imprévisible’’.  Dit autrement, le domaine de la gestion humaine ne s’accommode point des rigidités, de quelque façon qu’elles se présentent, ni des automatismes et autres formalismes qui ignorent les contenus et la réalité. La gestion requiert plutôt de la pédagogie, de la flexibilité et de l’adaptabilité. Car la dynamique de la vie des regroupements humains ou des sociétés humaines n’évolue pas toujours nécessairement de manière linéaire. Il faut plutôt apprendre à zigzaguer autour de la ligne droite.

Jean Clotaire Tétiali