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APRNEWS - Burkina Faso : l'Institut français vandalisé lors de manifestations anti-coup d'État

Institut français - Manifestation - Vandalisme
Jeudi, 13 octobre 2022

APRNEWS - Burkina Faso : l'Institut français vandalisé lors de manifestations anti-coup d'État

APRNEWS - Murs brûlés, vitres brisées, portes défoncées, ordinateurs et livres éparpillés : cher au milieu culturel, l'Institut français de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, théâtre d'un putsch fin septembre, ne présente plus que scènes désolées.

APRNEWS - Le 1er octobre, les manifestations se multiplient au lendemain du coup d'État qui porte au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré, renversant le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même auteur d'un putsch huit mois plus tôt.

Des bâtiments français, dont l'ambassade de France et les instituts français de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, ont été attaqués par des manifestants qui accusaient Paris de protéger le lieutenant-colonel Damiba, dont ils réclamaient le départ.

À Ouagadougou, la rue menant à l'Institut français était jonchée de bris de verre, d'ordinateurs cassés et de climatiseurs brûlés.

Le bâtiment est désormais isolé par un périmètre de sécurité installé par la police burkinabé, a constaté mercredi un journaliste de l'AFP.

Dans le hall d'entrée, les portails et les scanners à bagages ont été incendiés, et le plafond et les murs ont été noircis par les flammes.

"C'est l'oeuvre de vrais monstres, qui aujourd'hui ne peuvent même pas justifier le saccage de lieux si importants pour le monde culturel, étudiant, professionnel et artistique", a déclaré, entre deux soupirs, William Somda, un entrepreneur culturel, découragé par "le l'étendue des dégâts.

"Tous les bâtiments ont été saccagés : les deux niveaux de la médiathèque adultes, la médiathèque enfants, le centre de langues, la salle d'exposition, et les deux salles de spectacle", déplore Thierry Bambara, directeur général de l'Institut français de Ouagadougou.

"Les dégâts sont énormes. Il faudra attendre un bilan exhaustif pour chiffrer les dégâts", a-t-il dit, ajoutant que "des ordinateurs, divers autres appareils, dont des consoles, des instruments de musique ont été incendiés".

"On commence par brûler des livres et après on va brûler des gens. Quiconque peut brûler une bibliothèque, un espace culturel, a brûlé les hommes qui ont écrit ces livres", a déclaré Salif Sanfo, un opérateur culturel et ancien député, en regardant les dégâts dans le bibliothèque.

Dans la grande salle de la bibliothèque, les étagères sont renversées, et des livres, couverts de suie, jonchent le sol, éparpillés parmi les CD-ROM et les claviers d'ordinateur.

- "Un symbole" -

"Nous faisons fausse route et faisons le jeu de ceux qui sont logiquement nos ennemis et qui ont brûlé les bibliothèques de Tombouctou (au Mali). Ceux qui ont brûlé l'Institut français ne valent pas mieux que ces gens-là", les djihadistes qui ont pris pour cible le pays depuis 2015, tranche-t-il.

"C'est affligeant ! Il va falloir condamner avec la plus grande fermeté les auteurs de ces actes de vandalisme", lance M. Sanfo, qui "espère ne pas voir une telle scène indigne de la légendaire hospitalité burkinabé".

"Il ne faut pas jeter l'eau du bain avec le bébé. Que l'on soit pro-russe ou anti-français, l'institut était et est un symbole pour le Burkina Faso", a-t-il déclaré, faisant référence au sentiment anti-français et à la présence de drapeaux russes. lors des manifestations.

"Nous fréquentons cet endroit depuis des années et c'est devenu une deuxième maison pour nous. Le voir dans cet état, par le fait de fou, c'est une grande tristesse, une désolation et une perte pour les Burkinabè, en particulier , les artistes", explique à l'AFP Ali Ouedraogo, un artiste plasticien, l'air hagard, devant des tableaux entassés dans la salle d'exposition.

Pour le musicien et instrumentiste burkinabé Kantala, « le saccage de l'Institut est un coup dur pour nous. Nos projets en prennent un coup car ce qui a été mis à notre disposition par cet espace et son administration, nous ne sommes pas sûrs de l'avoir ailleurs.

"J'ai un festival en préparation qui devait avoir lieu ici à l'Institut français en décembre. Maintenant je ne sais pas comment faire !" il soupire.

Source : Africanews