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La Roumanie, nouveau théâtre d'opération de l'armée française?

Soldats - Opération Militaire - Roumanie
Mardi, 1 février 2022

La Roumanie, nouveau théâtre d'opération de l'armée française?

L'escalade des tensions entre la France et le Mali pose la question de l'après Sahel. Un déploiement en Roumanie, dans le cadre de l'Otan, est envisagé.

La Roumanie, nouveau théâtre d'opération de l'armée française? | Le HuffPost

 

Les relations diplomatiques entre la France et le Mali empirent de jour en jour. Nouvel épisode ce lundi 31 janvier: la décision de la junte malienne d’expulser l’ambassadeur de France au Mali, qui pose de plus en plus la question d’un retrait total de l’armée française, engagée au Sahel depuis 2013.

Après la fermeture de trois bases au Nord du Mali, l’opération Barkhane est censée réduire ses effectifs, de plus de 5.000 hommes l’été dernier à 2.500 d’ici 2023. Sauf si les choses s’accélèrent d’ici-là. Pour l’armée de Terre, pas question de parler “d’échec” pour autant, après neuf ans sur place.

Malgré les tensions politiques, rien ne bouge pour l’instant sur le terrain, selon le chef d’état-major de l’armée de terre française (CEMAT), Pierre Schill, interrogé sur la question lundi 31 janvier lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes de défense (AJD), à laquelle a assisté Le HuffPost.

“La question du Sahel est éminemment politique, a-t-il prudemment commenté. Mais au quotidien, nos unités sur le terrain continuent d’être engagés avec les bataillons maliens, les forces de Takuba de même. Le rôle des armées sera de répondre aux impératifs politiques et de permettre les solutions qui seront décidées...”

La Roumanie, nouveau théâtre d’opération

Si, pour lui, la réduction des effectifs militaires français au Sahel est “relative”, elle donnerait éventuellement la possibilité de réengager des forces sur “d’autres théâtres”. “Nous sommes peut-être à l’orée de déployer un bataillon en Roumanie”, a-t-il rappelé.

Lors de ses voeux aux armées le 19 janvier, dans le camp d’Oberhoffen, Emmanuel Macron avait assuré que la France était prête à prendre “ses responsabilités dans le cadre d’une opération (alliée, NDLR) de type EFP si elle était décidée”.

Les missions EFP, pour enhanced forward presence, sont déployées dans les trois pays Baltes et en Pologne pour renforcer les capacités de défense de l’Otan sur le flanc est de l’Europe, face à la Russie.

La Roumanie, pays frontalier de l’Ukraine qui a un accès à la mer Noire, se trouve ”à l’épicentre des tensions” avec la Russie et doit être “réassuré”, avait estimé samedi 29 janvier sur France Inter la ministre française des Armées Florence Parly, évoquant la possibilité d’y envoyer “plusieurs centaines” de soldats. 

“Il y a environ 100.000 hommes des forces russes à la frontière ukrainienne, rappelle Pierre Schill. Si la décision était prise, ces forces sont au moins capables de prendre des gages territoriaux, c’est clair.” Une offensive éventuelle, qui dépendra de “l’intention” de la Russie.

Depuis le 1er janvier 2022, la France a pris la tête de la “Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF)”, un dispositif d’alerte de l’Otan dont la plupart des 40.000 hommes sont français.

La France compte envoyer des centaines de soldats en Roumanie - Challenges

Davantage d’exercices ”à domicile”

La transformation engagée au Sahel va également permettre aux soldats de retrouver un rythme opérationnel plus normal, a noté le général Schill. En d’autres termes, passer moins de temps en opération et plus de temps ”à domicile”, à s’entraîner.

“Notre armée de terre est très engagée. On a environ 140 jours par an hors du domicile en moyenne, évalue le général Pierre Schill. J’estime que c’est un peu trop élevé, un niveau à 120 jours serait bon.” Une baisse qui ne devrait pas, selon lui, peser sur le moral des troupes.

“Le Sahel et le Mali, il est clair que cela a été l’opération symbolique de notre armée de terre au cours des dernières années, a reconnu le CEMAT. Une expérience opérationnelle extrêmement intéressante mais aussi extrêmement prenante.” Néanmoins, “ce n’est pas la quintessence de ce que l’armée de terre doit être capable de faire.”

“La possibilité d’un affrontement majeur qui avait disparu”

“Nous devons être capables de faire bien davantage, d’aller plus loin, et d’être éventuellement opposés à un adversaire qui serait à parité” dans un conflit majeur, dit de haute intensité.

“On observe une affirmation puissante et désinhibée de puissances, de pays, d’États, qui veulent développer leur puissance économique, sociale, normative, culturelle, mais aussi militaire, affirme le général. Et cette réalité pour nous ramène la possibilité d’un affrontement majeur qui avait disparu de notre continent depuis une trentaine d’années.”

Si cette option n’est “pas la plus probable”, elle est “la plus dangereuse” et l’armée de terre s’y prépare. “Les conflits commencent et se terminent au sol”, a rappelé le général Pierre Schill.