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APRNEWS - Santé : Pourquoi 40 ans plutard il n'y a toujours pas de vaccin du VIH ?

Vaccin - VIH - Illustration
Dimanche, 21 mai 2023

APRNEWS - Santé : Pourquoi 40 ans plutard il n'y a toujours pas de vaccin du VIH ?

APRNEWS - Alors qu’il a fallu moins de deux ans pour créer un vaccin dans le cadre de la pandémie de Covid-19, deux experts nous expliquent les spécificités du virus responsable du Sida.

APRNEWS - Il y a 40 ans jour pour jour, le 20 mai 1983, deux chercheurs français, Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi, révélaient dans la revue Science l’existence d’une mystérieuse maladie qui allait bientôt devenir le Sida. Quatre décennies plus tard et après que 40 millions de personnes ont perdu la vie, des traitements permettent de vivre avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

Pourtant, aucun vaccin efficace n’a encore été développé pour lutter contre cette pathologie qui s’avère être l’un des plus gros défis sanitaires de la fin du XXe et du début du XXIe siècle.

Dans les derniers jours de 2019, c’est un autre virus qui vient chambouler nos existences : le Sars-Cov2, responsable du Covid-19. Loin d’être une « grippette » sans conséquence, le virus à létalité importante a mis la communauté scientifique en alerte comme jamais. En moins de deux ans pourtant, une mobilisation a permis aux laboratoires pharmaceutiques de mettre sur le marché leurs premiers vaccins. Du jamais-vu.

« Personne n’a jamais guéri naturellement du VIH »

Comment expliquer un tel décalage ? Pour Jennifer Pasquier, directrice scientifique du Sidaction, la réponse réside dans la nature même du virus : « À la différence du Covid-19, le VIH présente une très grande variabilité génétique, explique-t-elle. Il transforme son ARN en ADN dans l’organisme et développe un grand nombre de variants viraux au sein d’un même individu. » Il existe donc, pour vulgariser, une multitude de VIH différents à travers le monde, ce qui, de fait, rend très complexe le développement d’un seul et même vaccin.

Autre différence notable avec le VIH, le Sars-Cov2 « ne provoque pas de réponse immunitaire naturelle dans l’organisme », rappelle Bruno Spire, directeur de recherches à l’Inserm et président d’honneur de l’association Aides. « Face au Covid, une extrême majorité des malades guérissaient seuls, il “suffisait” donc de mimer la réponse du système immunitaire pour développer un vaccin, illustre le chercheur. Le VIH c’est une autre paire de manches : personne n’a jamais guéri naturellement. »

Les vaccins à ARNm, une opportunité ?

Il y a bien eu les patients de Düsseldorf, de Londres et de Berlin, ces trois malades du VIH dont l’organisme ne présente plus aucune trace du virus, mais leur guérison est loin d’avoir été naturelle. « Ce sont des cas exceptionnels, des patients atteints de leucémies, chez qui la chimiothérapie ne marchait pas et pour qui une greffe de moelle osseuse, après suppression du système immunitaire, a permis une rémission du VIH », relève la directrice de recherches du Sidaction.

Si pendant deux ans, « la recherche contre le Covid-19 a malheureusement pris le pas sur celle contre le Sida », de l’avis de Jennifer Pasquier, la technologie à ARN messager (ARNm), utilisée pour développer les premiers vaccins anti-Covid, pourrait s’avérer prometteuse face au VIH.

Comme le souligne l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), ces vaccins dits à acide nucléiques peuvent être développés bien plus rapidement que les vaccins « classiques », car ils ne nécessitent pas de recourir « à la culture de cellules ou d’œufs embryonnés », des étapes à la fois lentes et coûteuses. L’ARNm ne permet toutefois pas de s’affranchir de toutes les difficultés évoquées plus haut et aucun essai clinique ne présente de résultats probants à un stade avancé pour le moment.

25 000 Français séropositifs à leur insu

Certains traitements permettent aujourd’hui de prévenir le VIH, ou de vivre avec. La prophylaxie pré-exposition (PrEP) permet aux personnes exposées de réduire le risque de contamination, tandis que les traitements à base d’antirétroviraux (trithérapie, bithérapie…) donnent l’opportunité aux malades de vivre quasi normalement, avec des effets secondaires de moins en moins invasifs, une inhibition de la contagion et un allongement considérable de la durée de vie.

Mais la recherche d’un vaccin, qu’il soit préventif (en amont de la contagion) ou thérapeutique (après) reste primordiale. Non seulement car les populations les plus pauvres n’ont pas toujours accès aux traitements, mais aussi car de nombreuses personnes sont infectées sans le savoir. En France, 5 000 personnes sont déclarées séropositives chaque année et sur les 190 000 vivant avec le VIH, on estime à 25 000 le nombre de personnes infectées sans le savoir.

Source : huffingtonpost