APRNEWS - Cette information est contenue dans le rapport sur l'indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) publié hier par le Bureau ougandais des statistiques (Ubos) à Kampala.

Les statisticiens d'Ubos ont déclaré que l'IPM est la mesure des multiples privations auxquelles les pauvres sont confrontés dans les domaines de l'éducation, de la santé, du niveau de vie et de l'emploi, contrairement à l'indice de pauvreté monétaire, qui ne mesure que les ressources financières. 

Les dimensions telles que l'accès à l'éducation, à la santé et à l'emploi mesurent directement la performance du gouvernement mandaté pour mettre en place ces services. Les personnes qui tombent sous le seuil de pauvreté multidimensionnelle sont celles qui éprouvent de la honte, de l'impuissance et de l'isolement, selon les chercheurs.

Lors de la présentation du rapport, M. Vincent Ssenono, statisticien principal à Ubos, a déclaré que la sous-région de Karamoja était la plus pauvre avec 85% des 1,2 million de personnes dans la région souffrant de pauvreté multidimensionnelle.

Karamoja est suivi par Acholi (64%), West Nile (59%), Lango (57%) et Teso (55,6%). La sous-région de Kigezi est moins pauvre que Teso, avec un taux de 48 %, suivie de Bunyoro (45,7 %), Tooro (45,5 %), Busoga (45 %), Ankole (42,6 %), Bukedi (42 %), et Elgon (40,5%).

Le Buganda Nord est légèrement plus riche qu'Elgon avec un taux de 31,5 %, le Buganda Sud est à 18 %, tandis que Kampala a le niveau le plus bas de pauvreté multidimensionnelle à 0,4 %.

M. Ssenono a déclaré que l'on craignait qu'Ubos ne mesure que la pauvreté monétaire alors qu'il existe d'autres formes de pauvreté. « Le but de ce rapport est de fournir des moyens clairs de concevoir des programmes qui ciblent directement les vrais pauvres. Les pauvres ne signifient pas seulement les pauvres en revenus, mais les pauvres sous toutes leurs formes », a-t-il déclaré.

Mise en œuvre

Le Dr Chris Mukiza, directeur exécutif d'Ubos, a déclaré que le rapport sera très important pour surveiller la mise en œuvre des programmes gouvernementaux.

« Pour nous assurer que nous sommes multidimensionnellement aisés, vous ne devriez connaître aucune de ces privations telles que l'accès à l'eau potable, à l'électricité et à l'éducation. Vous pouvez cocher toutes les autres cases, mais vous utilisez toujours du bois de chauffage, ce qui provoque la déforestation et le changement climatique et cela affecte à son tour tout le monde », a-t-il déclaré.

« Vous pouvez avoir des vaches comme c'est le cas avec beaucoup de Karimojong, mais quoi d'autre ? Nous ne regardons donc pas seulement les actifs, mais aussi le niveau de scolarité, la quantité et la qualité des services de santé que vous recevez », a-t-il ajouté.

Le Dr Mukiza a déclaré qu'ils s'attendent à ce que les décideurs politiques examinent ces conclusions de manière critique alors qu'ils entreprennent l'examen à mi-parcours du troisième plan de développement national (NDPIII).

"Les deux années restantes devraient être ciblées pour résoudre ces problèmes de pauvreté multidimensionnelle", a-t-il déclaré, ajoutant que le rapport est basé sur l'analyse de l'enquête nationale ougandaise auprès des ménages de 2019/2020 et comparée à l'enquête de 2016/2017.

.M. Richard Ssewakiryanga, chercheur principal au Centre de recherche fondamentale, a déclaré que les personnes appartenant à cette catégorie de pauvreté multidimensionnelle sont celles qui sont aux prises avec la honte, l'impuissance et l'isolement. « Le fait d'avoir un bien pour le ménage, qui est parfois considéré comme une amélioration de la qualité de vie, peut ne pas nous dire la situation réelle du ménage. Certains d'entre eux peuvent acquérir des motos grâce à des prêts, mais ils ne peuvent pas rembourser et le niveau de stress est très élevé parmi eux », a-t-il déclaré. 

M. Amos Lugoloobi, ministre d'État chargé de la Planification au ministère des Finances, a déclaré que le rapport informera la mise en œuvre du modèle de développement paroissial, qui a été interrompu jusqu'à ce qu'Ubos identifie les bons bénéficiaires.

« Ce MPI nous aide à appréhender la pauvreté de manière plus élaborée. Cela aide à comprendre le statut des ménages. Nous sommes maintenant en mesure de comprendre que pour que PDM réussisse, nous devons nous assurer que les gens ont accès aux routes, à l'électricité et à l'industrie pour de meilleurs emplois et une meilleure productivité », a-t-il déclaré. « Il y a divers chocs dans ce pays. Les chocs proviennent du changement climatique, de la qualité des sols [dont de nombreux Ougandais dépendent pour l'agriculture], de la pandémie de Covid-19, entre autres », a déclaré M. Lugoloobi.

 "C'est pourquoi vous voyez que certaines régions sont plus affaiblies que d'autres à cause de ces chocs, mais nous devons encore faire plus de recherches pour comprendre cela pour une intervention appropriée", a-t-il ajouté.

Ubos a élaboré le rapport MPI avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Centre de recherche sur les politiques économiques et d'autres partenaires.

Mme Elsie Attafuah, la représentante résidente du PNUD, a déclaré que le rapport « audacieux » accélérera la lutte contre la pauvreté. 

« Nous devons nous concentrer sur l'industrialisation pour lutter contre la pauvreté. Covid-19 nous a appris à mieux construire et à créer des opportunités pour lutter contre le chômage des jeunes et d'autres groupes vulnérables. Nous devrions accroître le commerce entre les pays africains », a-t-elle déclaré.

 « L'Afrique échange 16,6 % entre elle et elle peut faire beaucoup plus. Nous devons également investir dans le secteur du tourisme, qui est essentiel pour accélérer le développement rural », a-t-elle ajouté.

Source : monitor