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Des Sierra-Léonais déboutés de leur plainte contre une compagnie minière à Londres

apr-news/ Des Sierra-Léonais déboutés de leur plainte contre une compagnie minière à Londres
Vendredi, 21 décembre 2018

Des Sierra-Léonais déboutés de leur plainte contre une compagnie minière à Londres

APRNEWS- Des Sierra-Léonais qui poursuivaient une compagnie minière pour complicité de violation des droits de l'Homme devant un tribunal londonien ont exprimé leur déception vendredi après le rejet de leur recours.

"Nos clients sont évidemment très déçus par le jugement", a déclaré à l'AFP le cabinet d'avocats Leigh Day, qui précise étudier les conclusions du juge de la Haute Cour de Londres pour voir s'il y a matière à faire appel.

Les poursuites contre Tonkolili Iron Ore Ltd s'étaient ouvertes en janvier. L'entreprise, anciennement basée à Londres mais aujourd'hui chinoise, était poursuivie par 142 plaignants pour complicité dans des actes de répression commis par la police en 2010 et 2012 contre des employés et des villageois vivant près de l'une de ses mines au Sierra Leone.

"Je suis déçue par le jugement, si l'on considère ce que la police et la compagnie nous ont fait. Nous avons été battus, volés, enfermés dans des cellules de la police pendant des jours", a déclaré à un correspondant de l'AFP Kadie Kobo, de la localité de Bumbuna, à quelque 8 kilomètres de la mine de fer controversée. 

Des villageois qui avaient installé un barrage pour empêcher l'accès à leurs terres y avait été visés par des tirs de policiers en 2012. "Je m'attendais à des compensations", a-t-elle ajouté, jointe par téléphone depuis Freetown.

Le juge Mark Turner s'était rendu dans ce pays pour entendre les plaignants, une procédure exceptionnelle pour la Haute Cour de Londres. Mais dans sa décision, annoncée cette semaine, il a conclu qu'ils "n'avaient pas réussi à établir de responsabilité appuyant leurs plaintes".

La justice britannique s'était déclarée compétente car le producteur de minerai de fer est une ancienne filiale d'African Minerals Ltd (AML), société basée à Londres avant son placement en redressement judiciaire en 2015.

Selon le cabinet Leigh Day, les faits reprochés à la compagnie minière seraient notamment survenus alors que des centaines de familles étaient chassées de leurs villages afin de permettre à African Minerals d'étendre ses activités.

Elle devait notamment répondre de complicité dans la mort d'une jeune femme de 24 ans abattue par la police, d'agression, viol et détention arbitraire lors de troubles liés aux conditions de travail mais aussi à la confiscation de terres et à des relocalisations forcées.

Une autre manifestante affirme avoir été battue et violée, entraînant une fausse couche.

Tonkolili, désormais propriété du chinois Shandong Iron and Steel Group, a nié toute responsabilité dans ces incidents.

"Il est vraiment décevant qu'une cour britannique puisse soutenir de telles violations flagrantes des droits de l'homme. Nous attendions plus de la justice britannique", a regretté un avocat sierra-léonais défenseur des droits de l'homme, Saffa Abdulai.

"On m'a tiré dans la tête pendant qu'on protestait et mes biens ont été volé. Dieu sera juge de ce qu'ils nous ont fait", a réagi un autre plaignant, Kellie Turay, vendeur de téléphones à Bumbuna.

L'économie de cette ancienne colonie britannique d'Afrique de l'Ouest, gangrenée par la corruption, a été dévastée par une guerre civile (1991-2002) qui a fait quelque 120.000 morts. 

Elle reste fragile après les chocs de l'épidémie d'Ebola en 2014-2016 et de la chute des cours mondiaux des matières premières, dont une baisse de plus de 12% entre avril et octobre pour la plus importante d'entre elles pour le pays, le minerais de fer.

Après la cessation de l'exploitation du minerais de fer en novembre 2017, celle-ci pourrait reprendre en 2019 à Marampa en 2019 et à Tonkolili en 2021, mais la persistance de bas pris sur les marchés pourrait retarder ces échéances, a prévenu début novembre le gouvernement sierra-léonais.

Avec AFP