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APRNEWS : Psychopathe - Tout savoir sur ce trouble de la personnalité

APRNEWS - Psychopathe - Tout savoir sur ce trouble de la personnalité
Lundi, 30 octobre 2023

APRNEWS : Psychopathe - Tout savoir sur ce trouble de la personnalité

APRNEWS - Adolf Hitler, Charles Manson, Jack l’éventreur… Les psychopathes ont fait couler autant de sang que d’encre ! Mais saviez-vous que les psychopathes ne sont pas toujours de grands criminels qui ont marqué les mémoires… Même votre voisin de palier pourrait en être un. Qu’est-ce qu’un psychopathe ? Comment le reconnaître ? Peut-on le soigner ? Les réponses.

APRNEW-  La psychopathie est un grave trouble de la personnalité qui concernerait jusqu’à 4 % des hommes et 1 % des femmes ! Mais pour reconnaître une personne psychopathe encore faut-il la définir. Chose difficile puisque ce terme ne revêt actuellement aucune définition médicale.

 - Définition : qu’est-ce qu’un psychopathe ?

Le terme de « psychopathe » n’intègre pas la nosographie psychiatrique même s’il est très employé par de nombreux spécialistes de la santé mentale. Ce que ces derniers nomment « psychopathie » correspond à un trouble de la personnalité caractérisé par une froideur émotionnelle, une absence d’empathie, de remords, de moralité et des agissements malhonnêtes.

Lorsque ces individus « sans foi » n’ont pas non plus de loi et qu’ils présentent un comportement antisocial, délinquant, voire criminel, la psychiatrie opte pour le diagnostic de personnalité antisociale. Le DSM V, manuel de référence en psychiatrie, énonce quelques critères qui « médicalisent » ce trouble dont fait partie l’impulsivité. « Le trouble de la personnalité antisociale décrite dans le DSM rejoint la définition originelle du psychopathe donnée par le psychologue canadien Robert Hare, à savoir une 'brute de décoffrage', un hors-la-loi difficilement contrôlable », selon le psychologue Samuel Mergui.

Néanmoins, beaucoup d’experts refusent de ranger au placard la notion de « psychopathie », souvent jugée imprécise et obsolète au profit d’une notion clairement définie : la personnalité antisociale du DSM V. « En réalité, par ses critères, le manuel de psychiatrie décrit un trouble qui englobe, au risque de les confondre, plusieurs types de personnalité différents à savoir la sociopathie, la psychopathie et la perversion narcissique », selon Samuel Mergui.

Quelle est l'origine du mot ?

La psychopathie vient des mots grecs : psyche, ψυχή (« esprit, âme ») et pathos, πάθος (« souffrance, changement accidentel »). Le psychiatre Philippe Pinel (1745 – 1826) est le premier à décrire des individus non psychotiques dénués de scrupules. Le terme « psychopathe » a finalement été introduit par Julius Koch (1841 – 1908) mais il a été développé pour la première fois par le psychologue canadien Robert Hare (né en 1934).

Psychopathe ou sociopathe : quelle différence entre ces deux personnalités ?

En réalité, la distinction entre le psychopathe et le sociopathe est l’objet de désaccords et de nombreuses contradictions.

« Selon Robert Hare, premier psychologue qui a développé la notion de psychopathe, ce dernier est un être aussi dénué d’empathie que de self-control. C’est un délinquant brutal et marginalisé. Par ailleurs, le sociopathe (selon sa définition originelle) n’aurait pas plus de scrupules à mal agir mais ne présenterait pas la même impulsivité », d’après Samuel Mergui. Cette conception décrit donc le sociopathe comme « version améliorée » du psychopathe avec une faculté de maîtrise de soi.

Néanmoins, pour d’autres experts, ces deux conceptions sont inversées : le psychopathe est un être froid, malveillant et calculateur, tandis que le sociopathe détruit par sa fougue. « Définir l’un et l’autre est donc une simple question de point de vue », conclut le psychologue.

Psychopathe et pervers narcissique : y a-t-il un lien ?

Si la question est posée, c’est qu’il y a forcément un lien. Pour Samuel Mergui, psychologue : « Les critères de la personnalité antisociale du DSM V comprennent quelques caractéristiques de la perversion narcissique lorsqu’ils mentionnent le fait de tromper par profit ou par plaisir ». Ajoutons que Robert Hare, premier psychologue ayant développé la notion de psychopathe, décrit ce dernier avec des troubles de l’affect, des difficultés relationnelles et des traits narcissiques.

Néanmoins, il est évident que la psychopathie n’est pas synonyme de personnalité narcissique telle que décrite par la psychiatrie (DSM V). En effet, « le psychopathe ne dépense pas toute son énergie à soigner son image de lui-même. Il n’associe pas non plus survalorisation de soi et dévalorisation de l’autre. Enfin, il n’éprouve pas de plaisir sadique à rabaisser ou à dénigrer une autre personne », d’après le psychologue Samuel Mergui.

Psychotique, schizophrène et psychopathe : des notions à ne pas confondre

Les troubles psychotiques se définissent par un état psychique de perte de contact avec la réalité. Nous parlons plus couramment de « folie ». La psychiatrie, dans son ouvrage de référence, le DSM V, présente les différentes pathologies mentales qui appartiennent à ce que nous appelions autrefois les psychoses. Parmi elles, la schizophrénie, définie par une distorsion chronique de la pensée, de la perception, et une déconnexion avec le réel.

Ainsi, le psychopathe n’est donc pas psychotique ni schizophrène puisqu’il est connecté à la réalité ayant conscience de ses agissements. En outre, le psychopathe fait preuve de malveillance, ce qui n’est pas une caractéristique des personnes souffrant de troubles psychotiques.

Symptômes : comment agit un psychopathe ?

Il est difficile de donner une liste des symptômes de la psychopathie en raison des contradictions et des amalgames entre cette notion et celle de la sociopathie ou de la personnalité antisociale du DSM V. Néanmoins, voici plusieurs critères qui pourraient faire penser qu’un individu adulte (de plus de 18 ans) a des traits qui relèvent de la psychopathie :

 

  • une absence de remords ou de culpabilité ;
  • une indifférence au danger (personne inconsciente) ;
  • un mépris inconsidéré pour sa sécurité et celle d’autrui ;
  • une malhonnêteté ;
  • un comportement égoïste ;
  • une impulsivité ou au contraire une froideur et un self-control dans la réalisation d’actes préjudiciables ;
  • une attitude irresponsable ;
  • une tendance à manipuler l’autre ;
  • une incapacité à se conformer aux normes sociales, aux lois ou à la morale commune ;
  • une absence d’éthique personnelle ou l’adoption d’idéologies malsaines (racisme, nazisme…) ;
  • des comportements passibles d’arrestations ;
  • une tendance à la dissimulation ;
  • une tendance à tromper par profit par le mensonge ou l’utilisation de pseudonymes ou d’escroqueries ;
  • une difficulté à planifier à l’avance (personne peu prévoyante) ou au contraire faculté à organiser un dessein malveillant ;
  • une tendance à être irritable ou agressif ;
  • des actes de violence physique (bagarres et agressions fréquentes) ou psychologiques ;
  • une incapacité à assumer un emploi ;
  • une incapacité à assumer ses obligations financières.

Il est important que plusieurs de ces symptômes soient apparus dès l’adolescence (avec parfois des signes précurseurs dans l’enfance) pour envisager un trouble de la personnalité psychopathe.

Une tête et un regard caractéristiques : comment reconnaître un psychopathe ?

Une étude récente de 2021 a conclu que les personnes ayant des traits de personnalité psychopathe seraient moins expressives, auraient un regard fixe et une position de tête statique.

Psychopathes : les premières victimes d’eux-mêmes

S’il est évident que les psychopathes sont souvent des individus dangereux, il est important de retenir qu’ils le sont d’abord pour eux-mêmes. En effet, la plupart du temps, ces individus finissent à l’écart de la société. « La plupart d’entre eux (surtout s’ils sont très impulsifs) finissent soit en prison soit sans domicile fixe et il est très compliqué de les soigner », selon Samuel Mergui,.

Il n’est pas rare que certains connaissent des épisodes anxieux ou dépressifs voire des conduites addictives (alcool, drogues…) ou suicidaires. Ajoutons que la psychopathie peut s’associer à une autre affection psychiatrique comme un trouble bipolaire, une schizophrénie, ou encore un trouble du spectre de l’autisme (notamment si le psychopathe n’est pas impulsif) . Dans ce cas de figure, la prise en charge est d’autant plus lourde et complexe.

Comment se comporte un psychopathe en amour ?

Vous l’avez compris, un psychopathe n’est pas capable de ressentir des émotions et encore moins de l’amour. Néanmoins, il est capable de tromper par profit et s’il tire un quelconque avantage de sa relation avec son ou sa partenaire, il n’hésitera pas à simuler de l’attention, notamment dans le début (peu après la rencontre). Néanmoins, habituellement, les rapports ont tendance à se dégrader sur la durée : dénigrement, manipulation, mensonges, tromperies, insultes voire violences.

Causes : à quoi est due la psychopathie ?

La cause de la psychopathie n’est pas connue, mais certains facteurs hypothétiques de la personnalité antisociale (décrite par le dsm V) ont été soulevés comme :

 

  • des facteurs génétiques : des études sur les adoptions et d’autres sur les jumeaux confirment une part d’héritabilité des comportements antisociaux et psychopathes ;
  • des facteurs biologiques : chez les antisociaux et psychopathes, il y aurait une moins forte connectivité de la partie du cerveau qui régule les émotions ;
  • des facteurs environnementaux tels qu’une enfance difficile, le fait d’avoir un parent déviant, impulsif ou encore alcoolique, l’abandon maternel au cours de la petite enfance, un manque d’affection, une absence ou un excès de discipline, des liens familiaux instables dès la petite enfance…

 

Diagnostiquer un psychopathe : existe-t-il un test pour savoir ?

Le diagnostic de psychopathe est établi par un psychiatre sur la base des critères du DSM V qui définissent la personnalité antisociale. Un autre psychothérapeute sensibilisé à la question peut aussi poser ce diagnostic.

Des chercheurs ont développé un test, appelé PCL-Youth, afin de détecter les traits insensibles et émotionnellement détachés chez les enfants, qui sont considérés comme des prédicteurs potentiels de la psychopathie à l’âge adulte. Ces traits comprennent un manque de remords, d’empathie, de culpabilité et de préoccupation envers autrui, ainsi qu’une indifférence envers les émotions et les droits des autres.

Enfin, le trouble des conduites est souvent considéré comme précédant le développement de la psychopathie chez certains individus.

Psychopathie : est-ce que cela se soigne ?

Il n’existe pas de médicament pour traiter ce trouble. La prise en charge passe par la psychothérapie. L’évolution favorable de la maladie dépend de la précocité du traitement et de la réceptivité du patient au travail thérapeutique. À noter que les psychopathes sont des patients difficiles à traiter parce qu’ils sont peu préoccupés par leur état mental et physique. En outre, l’alliance avec le thérapeute est généralement difficile.

Heureusement, certains d’entre eux se stabilisent aux alentours de la quarantaine notamment s’ils ont réussi à trouver un équilibre et/ou à fonder une famille. Samuel Mergui, psychologue.

Le traitement des psychopathes est donc très encadré : travail d’équipe, cadre bien défini, supervision fréquente de l’équipe…

Plusieurs approches peuvent être envisagées : la thérapie groupale avec une dimension psycho-éducative, les techniques motivationnelles ou encore les thérapies cognitivo-comportementales (TCC). La prise en charge des addictions connexes (alcool, tabac, drogues…) est aussi nécessaire. Ces moyens peuvent permettre d’espérer une amélioration et une réinsertion sociale.

 Samuel Mergui, psychologue clinicien