APRNEWS - Le CONGRÈS EXTRAORDINAIRE ÉLECTIF de décembre du PDCI-RDA est un tournant décisif pour cette formation politique, du fait qu’il porte en creux, l’élection présidentielle de 2025.

Suivant la tradition du parti septuagénaire, le président du PDCI est IPSO FACTO, son candidat « naturel » pour la course à la Présidence de la République. C’est une règle non-écrite mais qui prévaut depuis la nuit des temps.

Dans tous les cas de figure, candidat à la Présidence de la République ou pas, le président du PDCI est le personnage central du parti. C’est autour de lui que tout gravite. Celui-ci a une voix prépondérante dans toutes les grandes décisions concernant le parti. A fortiori, celle concernant le choix du porte-flambeau à la compétition primordiale. L’enjeu du congrès de décembre prochain est donc de taille.

Manifestement, le PDCI est confronté à un choix difficile entre RAISON et EMOTION. L’équation est pourtant simple, mais implacable. Après 24 ans de traversée du désert, quel est le profil qui maximiserait les chances du PDCI pour la reconquête du pouvoir d’Etat perdu un 24 décembre 1999 de triste mémoire ?

Après la renonciation à la candidature à la présidence du PDCI par Jean-Louis BILLON, il ne reste plus que trois fortes têtes :

- Le Secrétaire exécutif en chef, le Pr Maurice Kakou GUIKAHUE,

- Le vice-président Noël AKOSSI BENDJO,

- L’ancien banquier, Tidiane THIAM.

Jean-Louis BILLON avait déclaré lors du retrait de sa candidature qu'il se réservait pour une candidature hypothétique à la présidence de la République. Sauf surprise de dernière minute, le prochain président du PDCI-RDA sortira donc de ce trio.

Les profils individuels des trois prétendants au trône divergent plus ou moins.

D’abord, celui du Pr Maurice Kakou GUIKAHUE.

Ce natif de Gagnoa a fait toutes ses classes au PDCI. Il a été président du Mouvement des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (MEECI), l’école politique de l’ancien parti unique, il a ensuite grimpé tous les échelons de la hiérarchie de ce parti pour être aujourd’hui, le Secrétaire exécutif central. GUIKAHUE est sans exagération, la mémoire vivante du PDCI-RDA et il est de juste qu’il aspire à le diriger aujourd’hui.

Ce cardiologue de haut vol a le profil idéal pour diriger le parti septuagénaire, surtout qu’il a avec lui, une bonne partie des secrétaires de section qui constituent la force du parti sur le terrain.

Cependant, compte ténu des grands défis qui attendent le PDCI-RDA, la légitimité historique et la maîtrise des hommes de terrain ne suffisent pas. Pour donner le change à Alassane OUATTARA qui sera sans aucun doute possible, le candidat du RHDP pour la quatrième fois, il faudra beaucoup plus et il faudra également que le porte-flambeau du PDCI-RDA ne soit pas une cible facile pour le régime d’Abidjan.

Or, il y a comme une ÉPÉE DE DAMOCLÈS suspendue au-dessus de la tête de l’actuel Secrétaire exécutif central du PDCI-RDA, depuis la contestation en octobre 2020 de la candidature de OUATTARA pour un troisième mandat consécutif. Le Pr GUIKAHUE, comme beaucoup d’autres cadres de l’opposition fait actuellement l’objet d’un CONTRÔLE JUDICIAIRE. Si GUIKAHUE est élu à la tête du PDCI-RDA, pour des raisons politiciennes, il suffirait que le régime tire opportunément sur la corde au mauvais moment pour que ce parti soit immédiatement grippé. LA POLITIQUE N'A JAMAIS ÉTÉ LE TERRAIN DE L'ÉLÉGANCE !

Par ailleurs, le Pr GUIKAHUE déclare à qui veut l’entendre que son seul intérêt, c’est la direction de PDCI et qu’il ne se sent pas un destin national. Pourquoi voudrait-il alors être seulement à la tête du PDCI, quand on sait qu’une tradition bien établie fait du président de ce parti, le candidat naturel à la course à la présidence de la République ? Le secrétaire exécutif central n’a pas encore répondu à cette question !

Noël AKOSSI BENDJO présente un profil assez semblable à celui du Pr GUIKAHUE. Il est lui aussi militant-cadre du PDCI depuis des lustres. Comme point de convergence, il est lui aussi dans le viseur de la justice ivoirienne aux ordres du régime d’Abidjan. L’ancien maire du Plateau a même écopé d’une peine de 20 ans de prison dans une affaire aux allures de règlements de compte politique. S’il a pu rentrer en Côte d’Ivoire sans être inquiété, après plusieurs années d’exil forcé en France, c’est suite à des arrangements politiques et certainement, après qu’il ait donné des gages de « bonne conduite ». AKOSSI BENDJO est donc considérablement affaibli par cette scabreuse affaire et il constituerait une proie facile pour le régime RHDP qui n’en ferait qu’une bouchée au moment fatidique.

Enfin, le cas Tidiane THIAM.

La grande faiblesse de l’ex-CEO du Crédit suisse, c’est qu’il est comme une sorte d’OVNI au PDCI, voire dans toute la Côte d’Ivoire. Son aîné, le ministre-Gouverneur Augustin THIAM a dit d’ailleurs de lui qu’il pourrait parcourir le pays incognito, sans que personne ne puisse mettre un nom sur son visage. N’empêche que le polytechnicien met actuellement le PDCI-RDA en ébullition du seul fait de l’annonce de sa candidature. Et pratiquement tous les cadres et élus de ce Parti ne jurent que par lui. Des mouvements de soutien à sa candidature poussent comme des champignons après la rosée. La question de son assise dans son parti semble donc définitivement réglée

THIAM, tout comme OUATTARA est un habitué des arcanes du système financier international. On a beau se couper les cheveux en quatre, la vérité demeure que c’est l’argent qui fait la loi et tient les hommes. Ensuite, le natif de Yamoussoukro est à tu et à toi avec les grands de ce monde. Il est rapporté qu’Emmanuel MACRON lui aurait fait une cour insistante pour qu’il accepte le poste de ministre de l’Économie et des Finances en France. De guerre lasse, le Président français a dû se résoudre à nommer en lieu et place, monsieur Bruno LEMAIRE…un professeur de lettres.

Sur le chapitre de l’épaisseur du carnet d’adresse, Tidiane THIAM se place ostensiblement un cran au-dessus de l’actuel locataire du palais du Plateau. Il est reçu en grandes pompes dans les cercles les plus restreints. C’est dire que le régime d’Abidjan n’oserait jamais lui infliger le même traitement qu’aux deux autres candidats, sans s’aliéner « la communauté internationale », avec des conséquences très fâcheuses pour sa survie.

Le PDCI-RDA qui veut revenir au pouvoir a ainsi le choix entre la REALPOLITIK et les CHEMINS ESCARPÉS DE L'AVENTURE.

Théodore SINZÉ

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