APRNEWS - La valeur cumulée des projets réalisés par les entreprises turques en Afrique a atteint 71,1 milliards de dollars à fin 2021, selon une étude publiée le jeudi 26 mai, par le think tank marocain Policy Center for the News South.

Intitulée « Impact des nouveaux acteurs régionaux sur les dynamiques africaines », cette étude révèle également que les investissements directs turcs en Afrique se sont élevés à 10 milliards de dollars, grâce notamment au déploiement par Ankara de conseillers d’affaires dans 45 pays du continent.

Les échanges commerciaux entre l’Afrique et la 19^e puissance économique mondiale ont par ailleurs enregistré une croissance ininterrompue au cours des deux dernières décennies, passant de 3 milliards de dollars en 2003 à 26 milliards de dollars en 2021.

Policy Center for the New South précise, dans ce cadre, que la Turquie a utilisé plusieurs canaux pour accroître sa présence et son influence en Afrique.  Le secret de cette « success story » repose en premier lieu sur des liens diplomatiques patiemment tissés, en jouant tantôt sur la fibre de la fraternité musulmane, tantôt sur le registre anticolonialiste.

37 pays africains disposaient en effet des représentations diplomatiques à Ankara à fin 2021 contre 10 en 2008. On dénombre aussi 43 ambassades turques en Afrique. Ce qui fait de l’ex-Empire ottoman le quatrième pays le plus représenté diplomatiquement sur le continent après la Chine, les Etats-Unis et la France.

Trois éditions du Sommet économique Turquie- Afrique ont été aussi organisées, et pas moins de 30 visites officielles de responsables turcs de haut rang ont eu lieu dans divers pays africains sur les quinze dernières années.

Ecoles, mosquées et hôpitaux

Turkish Airlines, la compagnie nationale turque, dessert 61 destinations à travers le continent, et permet même de relier plusieurs capitales africaines par voie aérienne.

La présence turque en Afrique est également militaire. L’armée turque dispense des formations à certaines forces de sécurité africaines, comme c’est le cas en Libye et en Somalie. A Mogadiscio, la Turquie a construit un centre de formation militaire pour former l’armée somalienne à la lutte contre le groupe extrémiste Al-Shebab.

L’étude révèle par ailleurs qu’Ankara utilise des outils de soft power à l’instar de plusieurs autres puissances engagées en Afrique. La Fondation Maarif, créée par l’Etat, a mis en place 175 écoles dans 26 pays africains. Des centaines d’étudiants sont également encouragés chaque année, à travers l’attribution de bourses, à poursuivre leurs études en Turquie.

Des organisations religieuses ou humanitaires sont d’autre part, très actives dans la construction de mosquées, d’hôpitaux et de centres de santé.

Selon les auteurs de l’étude, la principale différence entre la Turquie et les autres acteurs internationaux présents sur le continent réside dans le fait que l’offensive turque repose essentiellement sur « un dialogue ouvert et une très forte interaction » avec les autorités et les communautés des affaires locales.

Source : Agence Ecofin