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Côte d’Ivoire : Viré du gouvernement, Mabri vers le “G-20“ ...

APRnews - Mabri Toikeusse - Politique - Actualité - Abidjan - Côte d'Ivoire
Mercredi, 20 mai 2020

Côte d’Ivoire : Viré du gouvernement, Mabri vers le “G-20“ ...

Depuis le 13 mai 2020, Albert Mabri Toikeusse n’est plus le ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Il a été sorti du gouvernement et remplacé par le Pr Adama Diawara, un proche du Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly.

Mabri Toikeusse a été sorti de l’équipe gouvernementale après d'intenses négociations avec la direction du RHDP (parti au pouvoir).  2e vice-président du parti, Mabri Toikeusse était considéré dans la direction comme un l’élément incontrôlé. Aux lendemains de la réélection d’Alassane Ouattara à la tête du pays en 2015, les déclarations de certains cadres issus de l'ex-RDR, au sujet de la succession d'Alassane Ouattara, l’ont convaincu de rester accrocher à son parti l’UDPCI. Depuis lors, Mabri Toikeusse était devenu froid envers le RHDP, préférant se consacrer aux activités d’implantation des structures de son parti. Il gardait toutefois un pied au RHDP. Ne sait-on jamais.
Mais, le torchon avec ses alliés s'est totalement enflamé le 12 février 2020, au terme de la réunion du Conseil politique du RHDP qui a désigné Amadou Gon Coulibaly comme candidat du parti, pour la présidentielle de 2020.
Alors qu’Alassane Ouattara avait appelé à une union sacrée autour du candidat désigné, Mabri Toikeusse a ouvertement réfusé de s'aligner. Il a même reproché à Ouattara, un manque de dialogue et de consensus. S'en suit alors une dégradation de ses relations avec les autres membres de la haute direction du RHDP, jusqu’à aboutir à son limogeage du gouvernement le 13 mai 2020.

L’Affaire des 4,5 milliards F CFA de RGPH 2014

Aujourd’hui, Mabri Toikeusse n’a pas encore officiellement démissionné de son poste de 2e vice-président du RHDP. Mais, il ne participe plus aux activités du parti. Dans son entourage, il se raconte même qu’il se préparerait à être candidat à l’élection présidentielle d'octobre 2020, pour le compte de son parti. Pour ce faire, un congrès est annoncé pour le courant du mois de juin 2020, afin de prendre l’avis des militants. Il l'a pratiquement évoqué dans son message du 10 mai 2020 à ses militants : « Tous les militants du parti sont invités à demeurer de vrais adhérents de l'UDPCI, dans l'attente des échanges très prochains à l'occasion des consultations sur l'avenir ». Sur la question, l’avis des militants de l’UDPCI est déjà su. Ils répondront oui à une candidature de leur leader. D’ailleurs, dans ce cadre, des mouvements de jeunes et de femmes du parti se succèdent chaque jour à sa résidence à Cocody Lycée Classique, pour le pousser à se décider.
Ce qu’il devrait craindre dans tout ca, c’est de se mettre définitivement à dos le RHDP et son président Alassane Ouattara, Président de la République, en se positionnant comme un adversaire pour 2020. Cela favoriserait une remontée en surface de certains dossiers sales de son passé. Ce qui le conduirait inéluctablement dans ce que les Ivoiriens appellent avec beaucoup d’humour, le “G-20“. Entendez par là, le club des Grandes personnalités du pays condamnées à 20 ans d’emprisonnement fermes pour divers délits présumés. Un club dans lequel se trouvent des hommes comme Laurent Gbagbo, condamné en janvier 2018 dans l’affaire du « braquage » de l’Agence nationale de la BCEAO, Simone Gbagbo condamnée en 2015 « pour son rôle durant la crise post-électorale de 2010-2011 », et Charles Blé Goudé pour “actes de torture, homicides volontaires et viol“ qu’il aurait commis lors de la crise post-électorale. Le condamné le plus ressent est Guillaume Kigbafori Soro, condamné pour recel de deniers publics, détournement et blanchiment de capitaux“.

Des agents recenseurs invisibles sur le terrain

Albert Mabri Toikeusse pourrait rejoindre ce club, pour une toute autre affaire. Celle des 4,5 milliards F CFA de l’opération du Recensement général des populations et de l’habitat (RGPH) de 2014. À l’époque Ministre d'État, ministre du Plan et du développement (de 2011 à 2016), il avait piloté cette opération dont tous les observateurs avaient été unanimes qu’elle fut un échec. Toute l’opération avait finalement coûté environ 14,5 milliards FCFA. Au lieu de 10 milliards FCFA comme elle avait été budgétisée en 2011, le coût de l’opération est passée à 12 milliards FCFA en 2013, puis à 14,5 milliards FCFA en 2014. Mais, dans sa réalisation, le RGPH a été bâclée avec des agents recenseurs invisibles sur le terrain. Invitée de la tribune du gouvernement, le vendredi 24 mai 2019, Kaba Nialé, actuel ministre du Plan et du développement, a ouvertement critiqué cette opération de recensement. « Le dernier recensement a eu lieu en 1998. Celui de 2014 a souffert. Nous avons voulu corriger mais c’était difficile. (…) En tout cas, pour l’opération de 2019, nous ne sommes pas guidés pas des “sur le budget », a-t-elle lancé avec humour. L’échec de cette opération avait été critiqué par la population et plongé Ouattara dans une colère noire. C’est d’ailleurs ce qui a occasionné sa première éviction du gouvernement, le 13 janvier 2016. Les premières informations sur l'affaire faisaient état d'un détournement des 4,5 milliards F CFA ajoutés au budget, entre 2012 et 2013.
Le moindre conflit avec le RHDP, et ce sale dossier pourrait refaire surface.

 

La rédaction APRNEWS
Anne-Marie Kacou