En Côte d’Ivoire, face à l’explosion du nombre de cas de contamination quotidienne de la Covid-19 (en moyenne 250 cas par jours) depuis le début du mois de juin 2020, il plane le spectre d’un retour des mesures restrictives de la lutte contre la propagation du virus. Entre autres mesures, le retour du couvre-feu, la fermeture des établissements scolaires, des maquis, hôtels et restaurants. Et au pire des cas, une mise en quarantaine systématique des communes les plus touchées du grand Abidjan, épicentre de l’épidémie dans le pays.

APRnews a réalisé un panel pour savoir ce qu’en pensent les Ivoiriens de l’instauration de telles mesures. Dans leur majorité, les personnes interrogées ne veulent pas de ces mesures. C’est le cas de Nehin Edith, élève en classe de 1ere D, à Yopougon. « Franchement, je ne vois pas en quoi il serait utile de nous imposer ces mesures. On nous annonce des cas chaque jour, mais jamais on ne les voit. Qu’on nous laisse aller à l’école tranquillement et finir les programmes de l’année. Nous ne voulons pas être une génération sacrifiée », a-t-elle indiqué. Yao N’Kotih, clerc d’huissier de justice résidant à Abobo et Assalé Hortense, commerçante à Cocody Riviéra 2, ont abondé dans le même sens. L’agent judiciaire ne voit pas l’utilité du couvre-feu, « si les gens doivent circuler le jour levé, sans le moindre respect des mesures barrière. Même si vous imposez un couvre-feu de 19 h à 8 h du matin, le nombre de cas continuera d’augmenter, si les gens circulent entre 9h et 18h sans masques, et passent le temps à s’embraser et à se saluer comme si de rien n’était. Le gouvernement a rendu obligatoire le port de masques de protection dans le grand Abidjan, et limité le nombre de passagers dans les transports en communs. Des mesures foulées aux pieds par les populations. Le gouvernement doit donc plutôt déployer l’armée et les forces de sécurité, pour les faire respecter ». Kénon Fort, bijoutier à la Riviera 2, est du même avis. « Ce que le gouvernement doit faire, en mon sens, c’est de faire respecter les mesures qui ont été déjà mises en vigueur », a-t-il suggéré.
Symphonie Carlo Mombohi, journaliste et cadre d'une entreprise d’immigration, est le seul à être pour des mesures plus rigoureuses. « Je suis pour que le gouvernement prenne des mesures plus rudes, afin d’en finir définitivement avec cette maladie. Abidjan étant l’épicentre, on pourrait confiner pendant un mois, pour stopper la circulation du virus. Et après, on pourra déconfiner progressivement, comme l’ont fait les pays européens. Il faut juste prévenir la population une à deux semaines d’avance, afin qu’elles prennent leurs dispositions. On ne peut pas vaincre le Covid-19, sans mesures drastiques », estime-t-il.
À la date du 15 juin 2020, la Côte d’Ivoire totalise 5 419 cas confirmés dont 2 803 actifs. 2 590 personnes sont guéries et 46 décédées. Dans la seule journée du lundi 15 juin 2020, le pays a enregistrés 335 nouveaux cas.

La rédaction APRnews
Anne-Marie Kacou